Robert Zemeckis - Commentaires
Si je ne connais pas les expériences technico-numériques qu’il a tentées durant les années 2000 (et qui je le confesse ne m’intéressent pas vraiment), Zemeckis est l’auteur original et passionnant de quelques merveilles hybrides, à la fois pleinement hollywoodiennes et d’une véritable audace, en plus ...
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créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 6 ansÀ la poursuite du diamant vert (1984)
Romancing the Stone
1 h 46 min. Sortie : 4 juillet 1984 (France). Action, Aventure, Comédie
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
Il était une fois une jeune romancière qui s’inventait des aventures tumultueuses dans des contrées exotiques. Il était une fois un baroudeur laconique qui ne chérissait que la solitude au cœur de la forêt colombienne, avec alligators et serpents pour témoins. Aimable supporter de l’absurde, Zemeckis brode avec humour sur la trame usée du film de jungle. L’accumulation ludique des péripéties exclut la vraisemblance et le sentiment du danger, l’apesanteur générale oblitère toute forme d’héroïsme, donc d’émotion. Certes le couple est bien apparié, et l’ironie amusante dans le traitement des situations qu’il affronte : chaque fois le hasard sourit à l’empotée de charme et laisse présager la déconfiture du dur à cuire. Tout cela est bien mené, mais parfaitement insignifiant comparé à un "Indiana Jones".
Retour vers le futur (1985)
Back to the Future
1 h 56 min. Sortie : 30 octobre 1985 (France). Comédie, Science-fiction
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Assister aux aventures temporelles de Marty, propulsé dans le passé et assistant, après l’avoir provoquée, à la rencontre de ses parents, demeure l’un de mes plaisirs cinéphiles les plus intimes, les plus inaltérables. Avec une inventivité, une fraicheur absolument exquises, Zemeckis bâtit sur de fructueux arguments de science-fiction conjoncturelle de purs délices de comédie sentimentale, creuse les question de l’initiation, de l’amitié et de la fidélité, du dépassement des peurs, et s’amuse au travers d’un jeu savant et malicieux avec les références populaires à dresser les portraits de deux générations, de deux époques qui se rencontrent, s’opposent, s’apprivoisent – tout le sel d’une comédie dopée à l’humour débridé et à la tendresse piquante. Un merveilleux divertissement, dans le cercle fermé de mes œuvres-madeleine.
Top 10 Année 1985 : http://lc.cx/UVt
Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988)
Who Framed Roger Rabbit
1 h 44 min. Sortie : 18 octobre 1988 (France). Animation, Comédie, Policier
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Le film commence par un cartoon ahurissant, enchaîne en pastiche de film noir avec Bob Hoskins en émule poivrot de Bogart, un lapin déjanté en témoin gênant et une somptueuse bombe anatomique (dessinée) en vamp fatale. À l’époque où son mentor Spielberg patine quelque peu dans le semoule, Zemeckis s’impose en entertainer majeur d’Hollywood. D’une virtuosité technique confondante, son typhon récréatif invite à un délire ébouriffant qui ne laisse pas un instant de répit, déclenche le fou rire toutes les trente secondes, nous fait sauter dans notre fauteuil, envoie notre regard valdinguer dans dix directions à la fois. C’est une sarabande euphorisante, un pur prodige d’imagination, de dinguerie, de drôlerie, et l’un des spectacles les plus drôles, intelligents et achevés du cinéma américain des années 80.
Top 10 Année 1988 : http://lc.cx/UVC
Retour vers le futur 2 (1989)
Back to the Future Part II
1 h 48 min. Sortie : 20 décembre 1989 (France). Comédie, Science-fiction, Aventure
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Ça se corse. Après avoir fait un saut dans l’avenir pour sauver sa progéniture d’un sale guêpier, Marty de retour au présent découvre que le passé a disjoncté. Mené tambour battant, avec un sens éprouvé du rythme, de la relance, du rebondissement, le film pulvérise la linéarité limpide du premier volet au profit d’une construction plus alambiquée, qui gagne en foisonnement rocambolesque ce qu’il perd en spontanéité émotionnelle. Comme conçu en circuit fermé, bouclé jusqu’au délire dans un système très référentiel de variations et de duplications, le récit multiplie paradoxes narratifs et hypothèses délirantes et dresse au passage le portrait acide, parfois assez phobique, d’une Amérique rejetant avec violence tout ce qui ne sort pas de son ventre. L’abattage des comédiens ajoute encore au plaisir.
Retour vers le futur 3 (1990)
Back to the Future Part III
1 h 58 min. Sortie : 18 juillet 1990 (France). Comédie, Science-fiction, Aventure
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Versant westernien de la saga : en retrouvant le décor mythique de Monument Valley, les créateurs font subir à leur cinéma une sorte d’ultime retour aux sources. Conscient peut-être d’avoir atteint un point de non-retour avec le volet précédent, Zemeckis calme le jeu et pastiche sans les parodier tous les éléments du western classique en les assaisonnant à la sauce de la série : anachronismes amusants, clins d’œil, répercussion de l’action d’un épisode à l’autre, connivence avec le spectateur et sa connaissance des événements futurs. S’il est le plus faible de la trilogie, le film n’en demeure pas moins très distrayant, plein de charme et d’inventivité, et développe des enjeux inédits : voir Doc, qui se taille ici la part du lion, tomber amoureux de son alter ego féminin est assez touchant.
Forrest Gump (1994)
2 h 22 min. Sortie : 5 octobre 1994 (France). Drame, Romance
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Le croisement improbable de "Bienvenue Mister Chance" et "Zelig", du "Monde selon Garp" et de "Tendres Passions". On peut lire le plus grand succès populaire de Zemeckis comme la légende dorée d’un naïf aux mains pleines, ou comme un conte de fées qui est à la société méritocratique ce que "Cendrillon" était à la société monarchique. Nul éloge de la passivité pourtant dans cette œuvre sur l’imposture et la mécanique dérisoire du destin, qui revisite trente ans d’histoire américaine sur le registre de la cocasserie démystificatrice : plutôt une apologie du volontarisme et des vertus de l’innocence, dont le regard candide sur le monde relève évidemment de la fable. Sa morale n’est pas sans conservatisme, mais la fiction est menée avec tant de maîtrise technique et romanesque qu’elle séduit aisément.
Contact (1997)
2 h 30 min. Sortie : 17 septembre 1997 (France). Drame, Science-fiction, Thriller
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Une fascinante aventure à la croisée de la science et de la foi, qui m’a émerveillé par la précision de son regard, sa sincérité naïve, le tempo méticuleux, précis et captivant de sa narration. Sans doute le film pèche-t-il parfois par simplisme, par raccourci didactique, mais il vibre d’une telle magie, d’une telle générosité que ces réserves ne pèsent rien face à l’intensité exaltante de ses séquences (la découverte et le décryptage du message, exemplairement), à leur pouvoir de sidération ou à leur poésie (le voyage final) – je dois dire que le sujet me passionne. Avec une grande élégance plastique et un refus constant des impératifs hollywoodiens, Zemeckis signe là une épopée à la fois intime et spectaculaire, émouvante et réflexive, qui trouve l’équilibre délicat entre crédibilité et inclination au merveilleux.
Top 10 Année 1997 : http://lc.cx/UPQ
Seul au monde (2000)
Cast Away
2 h 23 min. Sortie : 17 janvier 2001 (France). Aventure, Drame
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Le cinéaste témoigne ici de la même prise de distance vis-à-vis des principes normatifs du blockbuster américain. Si on le replace dans son cadre de production, le film tient davantage de l’expérimentation suicidaire que du spectacle pour grande audience : plus de deux heures d’une robinsonnade presque sans dialogue ni événement, attachée aux gestes infimes de survie (on peut passer dix minutes sur l’allumage d’un feu), et alignant les tours de force invisibles. Prodige : en dépit de ce minimalisme (ou plutôt, grâce à lui), le film passionne, redéfinit complètement le rapport habituel au temps, à l’espace, au monde, et invite, à travers l’existence inédite à laquelle est contraint le héros, à une émouvante méditation sur la solitude, la survie, la puissance de la volonté, et plus largement l’héritage de la civilisation.
Top 10 Année 2000 : http://lc.cx/UPP
Flight (2012)
2 h 18 min. Sortie : 13 février 2013 (France). Drame, Thriller
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
C’est un vrai plaisir de voir le cinéaste s’inscrire dans la tradition hollywoodienne de la trajectoire rédemptrice, malgré ce qu’elle comporte de lourdeur exemplaire. Le drame de l’alcoolisme, les vertus salvatrices de l’amour, la dichotomie schizophrène d’une Amérique éternellement tiraillée entre son goût de l’héroïsme et ses vieux démons moralisants, voire sa bondieuserie, cimentent un discours plus critique et retors qu’il n’y paraît. Tour à tour immersif (l’hallucinante séquence du crash aérien rappelle à quel point l’auteur sait faire bouillir notre adrénaline) et franchement émouvant (Denzel Washington, formidable, travaille toutes les nuances d’un beau personnage), le film s’affirme comme une vraie démonstration de savoir-faire intelligent, en mode profil bas. À la Zemeckis, en somme.
Bienvenue à Marwen (2018)
Welcome to Marwen
1 h 56 min. Sortie : 2 janvier 2019 (France). Biopic, Drame, Fantastique
Film de Robert Zemeckis
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Avec ce film singulièrement dépressif, l’auteur conserve sans parader son statut de grand storyteller aux ambitions d’expérimentateur forcené. Fidèle à sa manière, il transforme la confession intime en opulent spectacle (à moins que ce ne soit l’inverse), recréant un monde alternatif qui sache rendre compte de la douleur du réel et de l’en guérir. Pour approcher l’état mental de son héros traumatisé, il ose une œuvre intriquée, hybride, étonnante, toujours brillante dans l’inventivité des jeux d’échelle, la fluidité des transitions entre le fantasme et la réalité, des glissements entre la vie et la création. Et par-delà le caractère un peu édifiant de la fable, il exalte les vertus de l’imaginaire comme outil salvateur de résilience, en mettant sa luxuriance technique au service d’un propos personnel et généreux.