Sous les pavés la page - 2024

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(Relecture)

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Multiplication des époques, des lieux et des narrateurs, et textes intercalés ensuite utilisés dans la narration principale, quoi de plus sud-américain finalement ? Et surtout le fantastique, l'horreur qui rampe partout, potentiellement derrière chaque porte, et semble ne jamais mourir - mention spéciale aux 40 dernières pages

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Deux histoires qui s'entrechoquent, celle d'une jeunesse dans la classe ouvrière, le père au corps marqué, taché, abimé par le travail et ses accidents, et 20 ans plus tard, le fast food, son rythme effréné et ses produits industriels, du nettoyant d'entretien au burger monté à la chaine.

Si le ton est souvent très juste à raconter ces vies amoindries par leur métier (lisez également A la Ligne de Joseph Ponthus sur le même thème), certains épisodes d'enfance et surtout leur narration (on alterne entre narrateur omniscient et première personne) alourdissent un peu le thème.

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Les bretons sont de violents alcooliques royalistes, la noblesse est exaltée et magnifique, les femmes passent leur temps à changer d'avis au gré de leurs passions et épousent n'importent qui après avoir hésité 10 fois à les trahir, tout est d'une pénible lourdeur

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Les descriptions qui n'englobent pas que l'aspect visuel mais les odeurs, les bruits, tous les petits rien qui font la richesse des paysages, c'est un grand oui

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Vraie-fausse confession qui utilise parfaitement son avant propos juridique (à la manière de DFW dans le Roi Pâle) et sa note finale au lecteur. Fantastique machine de mystification littéraire, le narrateur personnage et auteur du récit, un Philip Roth qui en cache un autre puis prend le rôle de son double au point de se confondre avec lui, le vrai texte devenant un faux, et le chapitre sur Athènes qui disparait / remplacé par l'épilogue.

Moishe Pipik qui s'en va par la coursive une fois son rôle épuisé pour mieux réapparaitre ensuite sur scène sans aucune indication sur qui il est réellement dans le texte, Tom Bombadil de l'univers Rothien. Sorti de l'intrigue, un double fictionnel qui interroge sur ce qu'est être un auteur, Moishe se disant lui même incapable d'écrire "à cause de" Roth, qu'être juif, comment Roth conçoit son rapport à ces deux ensembles, et surtout s'en amuse.

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Deux nouvelles, la première quasi-fantastique sur un bras séparé de son corps par un amant et troublante de poésie, l'autre sur un fait divers macabre et la nécessité d'en faire sens pour le narrateur en multipliant les points de vue et les répétitions dans sa mémoire, le fait divers refusant cependant toujours d'être autre chose qu'un tragique non-événement absurde.

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Immensément américain dans ses personnages et ses valeurs/enjeux (le massacre de la famille en devenant une attaque du rêve américain), voyeuriste dans sa neutralité clinique certes, mais absolument fascinant également pour ce narrateur qui semble quasiment absent pour mieux tirer les ficelles.

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Quel dommage que cela soit inachevé (malgré le plan des chapitres qui permet d’ébaucher une suite voire une fin), pile au moment où on monte vers les sommets ! Rarement eu autant envie de pratiquer l’alpinisme et de partir en expédition avec des personnages par ailleurs

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(Lu en anglais)

Belle manière de réfléchir sur le théâtre et la création de l’illusion, mais tout cela va extrêmement vite.

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Ça faisait longtemps que j’avais pas lu de SF, c’est chouette quand même. Et si les personnages ont peu de profondeur, le rythme de l’intrigue (après l’intro longue mais intéressante sur la révolution culturelle) pardonne tout, on dirait du Dumas avec de l'astrophysique.

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Quelques monologues sur les obsessions de DFW : le capitalisme poussé à son paroxysme, la solitude contemporaine, le voyeurisme des médias et leur aspect mortifère (la chaîne consacrée à la souffrance m’évoque curieusement la théorie de DFW dans considérations sur le homard concernant la pornographie, qui dans sa volonté de toujours choquer ne peut à terme que devenir un snuf movie).

Reste dans ces textes parfois forts absurdes (les statues en excréments, le costume gonflable de Mr Squishy) la marque de fabrique de Wallace, cette anxiété maladive qui parsème le discours et cette angoisse existentielle qui empêche de complètement sourire meme devant les aspects les plus comiques.

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La parole qui se raréfie pour devenir plus urgente, et le temps qui se fige, au moment voulu

(Je suis toujours admiratif également de sa capacité à rendre immenses des lieux si quelconques et petits)

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Des courts moments d'existence figés, comme sans avant ni après. Quelques signes, beaucoup de silence et de non-dits, un fantôme et un auteur

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La première nouvelle est probablement un des textes les plus fort que j'ai jamais lu - le reste est très fort aussi, sorte de Borges en moins alambiqué / plus terre à terre

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LIU CIXIN MALAISANT PREND LA TÊTE A TOUT LE MONDE AVEC SA SUITE DE MERDE

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Moins mauvais que le 2 mais toujours les mêmes problèmes finalement, des personnages principaux pas développés et des personnages secondaires complètement absents, et un rythme toujours plus rapide, là on couvre quelques dizaines de millions d’années au pas de charge, en congelant / décongelant le même perso.

Beaucoup de théories scientifiques sympas, mais parfois juste esquissées et directement mises sous le tapis, rangées au rang de banals artifices pour faire avancer l’histoire. Liu Cixin est probablement très fort en sciences, mais par contre pour raconter des choses et maîtriser son roman c’est compliqué. J’ai l’impression qu’on est dans les Dune de la fin, à faire mumuse avec des concepts super stylés pour mieux camoufler des livres parfois vraiment peu incroyables.

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Fantastique niveau style, Berlin sous la plume de Döblin vit et bouillonne comme un personnage vivant. Beaucoup d'argot, de digressions et de choses secondaires, une intrigue qui donne parfois l'impression d'être juste un prétexte pour évoluer entre le tramway et le mouton électrique sur l'Alexanderplatz, des personnages cabossés, de la vie.