Surréalisme

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J'ai l'édition Pauvert de 1972 avec Poisson Soluble, je ne sais pas ce qu'il y a dans l'édition folio. Le premier manifeste est évidemment connu, même s'il devrait être mieux lu, le second me paraît toujours un peu criminel, mais il a sauvé le surréalisme français d'une mort prématurée. Les textes vraiment précieux sont ceux qui abordent la politique, c'est à dire, les textes tardifs des années 30-40. Les moins connus, évidemment. Ce qui est dommage : ce sont les questions politiques qui ont causé les plus gros déchirements et le plus de problèmes, et s'il est important de savoir comment commence un mouvement de cette ampleur, il est nécessaire de savoir pourquoi il n'a jamais pu être un tout uni.

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J'ai une édition de 1954. La messe était déjà dite à l'époque. Nadeau a écrit là un vibrant épitaphe. Un exposé historique précis, clair, exaltant, émaillé d'anecdotes, de récits de scandales, un aperçu très vif, très vivant, et du mouvement surréaliste au travers de son évolution, n'omettant rien des tensions et des attaques personnelles, même s'il lui en coûte de les évoquer et qu'il préfère se concentrer sur les victoires du surréalisme. Et elles sont nombreuses.

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Mon projet de roman commençait par une référence à la confession dédaigneuse, qui décrit mot pour mot ce que je vis et ressens. J'avais 27 ans alors, et je remarquais que je ne savais ni ne voulais faire ma vie. La suite aurait pu aussi se comparer au reste de ce recueil : évocations d'oeuvres et d'artistes qui me mettent en mouvement, récit d'une aventure intellectuelle qui s'écrit aussi à travers le corps, à-même la vie. Affirmation de certains postulats. Ce livre ne s'écrira jamais. Maintenant que j'ai 28 ans, je ne peux plus prétendre être un Breton en herbe, je ne peux plus me mesurer à lui. Je n'ai plus que moi, à la fois objet à mesurer et outil de mesure. J'aurai dû dire un mot sur les multiples sens du titre, mais il me semble plus urgent de parler de moi : c'est que Breton est mort et moi je vieillis.

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Mon Breton préféré pour le moment, à n'en pas douter. Il ne se départit toujours pas de ses travers bourgeois un peu lourds, mais les analyses de rêves, de coïncidences, son désoeuvrement, sa révolte sans issue, sa nostalgie, ses petites angoisses sociales, ses scrupules crétins, son regret de n'être pas comme les autres,avec une vie simple, des plaisirs simples, de petites aspirations de larve, etc. Rage à être soi, envers et contre tout, contre la rage même, avec une certaine nonchalence qu'il pouvait se permettre. Le sentiment qu'en toute chose, il y a plus à voir que ce qui se montre, et qu'y voir plus, c'est voir les choses à partir de ce qu'elles sont, formulation peu claire mais qui me convient.

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Je ne suis pas des plus enthousiastes avec ce livre. Il m'ennuie. Je le trouve un peu bête je ne sais pas pourquoi. Pas le contenu pourtant, non, mais le titre. Oui, le titre m'ennuie.

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La dérive, la clé des situations, ce réseau de coïncidences déroutantes qui vient se tisser entre lui et cette femme quelque peu erratique, cette histoire qui semble trop bizarre pour être vraie a de quoi agacer, oui, fasciner, aussi, emerveiller, je ne sais pas n'en jetez plus. Elle montre en tout cas une chose : que suivie jusqu'au bout, des petites lubies ou de menues coïncidences peuvent rendre tout son intérêt à une vie qui s'enlise de plus en plus dans un désoeuvrement de plus en plus profond. Un livre qui devrait être sous-titré : "mode d'emploi à une vie plus pleinement saisie."

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Je ne suis vraiment pas convaincu par ce textes. Quelques belles pages, des pages d'une force certaine qui éclatent sans crier gare et sans rien laisser paraître, où le style se dépouille de ses vains détours pour être plus vif, plus direct, plus sûr et pour offrir en quelques formules sans doute le propos dont le reste n'est que l'occasion.
Mais quelles lourdeurs il y a là dedans ...

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Ce sont des extraits, une sorte de reader digest, en plus digest encore, alors moi, tout ce que je peux vous en dire, c'est que c'est rudem

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Un livre contre les journalistes, les écrivains, les militaires, etc, et qui commence sur une blague scato, moi, plus fort que moi, ça me fait fondre. Et puis merde, quel style ! Quelle écriture vive, rageuse, parfois compassée, parfois conquérante, toujours acerbe et même volontairement puérile, volontairmement salope. Il m'a bien secoué, j'ai encore mal aux côtes tant j'ai ri

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Première oeuvre surréaliste, où surréalisme signifie l'irruption du jeu, du hasard, du parasitage gratuit de l'oeuvre, ruinant la mécanique habituellement bien huilée des spectacles. L'histoire en elle-même est plutôt hilarante et on y rit beaucoup.

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ses définitions surréalistes, basés sur des jeux d'assonances, sur le jeu des lettres épelées ou la division des mots en syllabes, comme dans Biffures, sont parfois irrésistibles, parfois drôles, parfois plus vraies que les vraies. Cela donne à rêver à un dictionnaire entier, comme cela, poétique, c'est à dire vivant et proche des mouvements d'âme que les mots seuls savent provoquer.

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Trois fois j'ai essayé de le lire, trois fois j'ai pas pu. Les dessins sont intéressants, peut-être trop peu nombreux à mes yeux.

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je cherche encore pourquoi j'ai acheté ce truc, moi. Dans un magasin que je déteste en plus.

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Dire que si j'y avais prêté attention, j'aurai pu l'acheter dans l'édition Pauvert. Il faudra que j'y regarde. Ce livre en tout cas, quelle que soit l'édition, est un livre qu'il faut avoir. Il est fou, il est perturbant, il est méthodique, il est clair, il est illustré, ça en fait peur tant il est parfait et tant, après l'avoir lu, on se dit que le monde, c'est pas ce qu'on en disait.
Plus sérieusement, le rose de la couverture me perturbe chaque fois que je le prend. Des livres roses, j'en ai, on peut pas dire que ce soit les plus fréquentables. Un signe qui ne trompe pas peut-être ?

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Trouvé au hasard chez un de mes libraires d'occasion, un que j'aime vraiment bien. Je cherchais des livres sur la photographie, et en flânant je vois Baron. Mazette que je me dis, c'était-y pas ça un surréaliste des fois ? Bah ouais que je me dis ! Alors Je le prend hue dada c'est ti-par. Je l'ai lu en marchant sur la neige, récitant à voix-haute, d'un pas glissant trop loin, comme un écolier tremble sa leçon.
"Ecoute et ne ris pas
L'expérience est trop belle
Mais cherche si tu n'as pas trouvé dans les rues où tu vas
L'exemple d'une paupière pareille à la tienne."
Paupière je ne sais pas mais je me souviens une fois avoir croisé une fille fanée sur le point de pleurer et dont la lèvre tremblait ...

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ça c'est un livre formidable. Limpide, clair, vivant, il m'a fait découvrir qui était Rara le rageux, gongon la gonade, et rago l'écrivain à la petite anecdote, quelles étaient ses manières d'écrire et de ne pas penser le livre, pourquoi il écrivait, etc. Ca fait aimer le bonhomme à défaut de faire aimer ses livres.

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Ca c'est un livre moins formidable, surtout quand on y met les 35 euros demandés. Un très bon article sur la photographie, à côté de ça, j'avoue être mitigé : au prix qu'il m'a coûté, je vais pas dire que c'est de la merde, dandyssonnance cognitive direct cash qui me la vrille, mais je peux pas non plus mentir : qu'il l'a lu entier total ou presque ? Qui le trouve nécessaire obligé ce livre ? En plus sur la couv', le rara pas sympa quoi, te regarde même pas, bravo le geste commercial quoi ... M'en fout moi, Bataille le dit mieux que moi : "Aragon me déçut dès le premier jour. Il n'était ni fou ni intelligent." Et toc !

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Bah oui les zoziaux ! Riri, c'était aussi un pohète ! Faudrait voir à pas l'oublier ! Son célèbre "Brut", corrosif, simple, brutal : "brut. Je suis une brute. Les menottes du respect humain ne feront rien contre mes mains. Ecarter ce contre quoi l'on bute. Rejeter les scories et d'un coup de pied, pulvériser les fioritures." Voilà un programme qui me plaît ! Faudrait que j'applique !

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Un récit tout à fait incroyable, à la fois érudit et librement joueur, précis et déroutant, foisonnant et sybilin, et on pourrait égrainer longtemps comme ça, un Merlin mort pas mort au fond de la terre qui reçoit un dernier hommage de la part de la création qui ne le voyant plus le cherche et le pleure. Une histoire de charmes, puis d'illusions formidables, qui peut-être est un essai sur l'essence de la poésie mais j'ai cessé depuis longtemps de lire avec ma tête.

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Lulu le poilu, c'était un drôle à l'époque.

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Fata Morgana, que j'aime ces éditions. Des livres à l'ancienne, beaux, rares, bien faits, des textes choisis avec soin, acheter des livres devient de nouveau une activité où tout le monde y gagne, un win win culturel sans plan social.

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La naissance du surréalisme livrée dans son immédiateté, sa simplicité et sa furieuse nécessité. Un livre à lire absolument pour qui veut savoir ce qu'à pu être le surréalisme "en ses oeuvres vives". Mais je n'aime pas le fait qu'on en fasse une arme contre Breton. L'exigence des manifestes marque la charnière entre les expériences et les jeux évoqués par Aragon et la période où le surréalisme, consolidé, devient une arme contre la pensée bourgeoise.

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Au départ, je ne voulais pas créer ce livre, il me semblait inutile (j'ai une réédition de 1996, pas sûr qu'il se trouve ailleurs qu'en libraire d'occasion) mais en voyant le sort réservé à Dédé Bretelle, injustifié de surcroît, je me suis dit qu'il fallait que ce livre apparaisse ici, comme réparation silencieuse à l'injure. Un livre sobre, bien fait, qui à quelques grands traits arrive à montrer l'importance que cet homme a eu pour quelques grands hommes et pour toute une époque. Homme de tous les combats, de tous les engagements, qui n'a jamais faibli dans la lutte, qui a toujours accueilli et reçu ceux qui oeuvraient pour donner à l'homme liberté et entousiasme, qui a été, toute sa vie honnête et surtout fidèle aux principes très tôt établis non par lui, mais par le groupe surréaliste.

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Un petit livre très bizarre, avec de très belles illustrations. Petit livre allusif sur la naissance du désir, la manière dont il se déploit à partir de notre propre corps, sa transformation en obsession, notre rapport au réel et la manière dont l'esprit arrive à lui donner sa pleine dimension : "tel détail, telle jambe, n'est perceptible, accessible à la mémoire et disponible, bref, n'est REEL, que si le désir ne le prend pas fatalement pour une jambe. L'objet identique à lui-même reste sans réalité."