Top 10 - 1944
10 films
créée il y a presque 2 ans · modifiée il y a presque 2 ansAssurance sur la mort (1944)
Double Indemnity
1 h 47 min. Sortie : 31 juillet 1946 (France). Film noir
Film de Billy Wilder
Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
À l’aube de sa carrière hollywoodienne, Wilder sort le grand jeu et signe l’un des modèles définitifs du genre. Voix-off, flash-back, femme fatale, tous les ingrédients sont maniés avec le sens de l’ironie grinçante qui est le sien. Nulle rédemption n’est permise par ce jeu funeste où la passion se noie dans le sang et où le désir sexuel, trouvant son acmé dans l’accomplissement du meurtre, est montré crûment, loin de toute hypocrisie ou alibi sociologique. Jamais le noir n’avait été plus noir.
Lifeboat (1944)
1 h 36 min. Sortie : 1 juin 1956 (France). Drame, Guerre
Film de Alfred Hitchcock
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Globalement, ce huis-clos marin rejoue la scène primitive. Le commandant allemand y endosse le rôle du père, Saturne tout puissant n’hésitant pas éliminer ses enfants. Sa suppression par le troupeau des fils jaloux est sauvage mais un autre ennemi ressort à la fin, ultime rejeton de cet accouplement monstrueux (l’Angleterre et l’Allemagne ne seront jamais alliés). Un univers de valeurs nécessaire se voit ainsi fondé, qui remet en ordre les bouleversements nés de la guerre. Éblouissante leçon.
Le Chant du Missouri (1944)
Meet me in Saint Louis
1 h 53 min. Sortie : 9 novembre 1946 (France). Comédie dramatique, Comédie musicale, Romance
Film de Vincente Minnelli
Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Un exercice de mémoire musicale où le cinéaste tourne en coloriste les pages d’un album de famille : les amours s’ébauchent, les enfants grandissent, le matriarcat s’affirme, la grande foire s’installe à St-Louis au début du siècle dernier... On accepte d’autant plus la morale de l’Amérique profonde – "there’s no place like home" – qu’elle adhère à un genre investi par le génie national et sait aussi risquer des notes plus cruelles liées à l’enfance (la nuit d’Halloween tournant au cauchemar).
Laura (1944)
1 h 28 min. Sortie : 13 juillet 1946 (France). Film noir
Film de Otto Preminger
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
De la fascination. Pour des mouvements d’horlogerie raffinés qui ont l’évidence du constat et la pureté du cristal. Pour l’autopsie non pas d’un meurtre mais d’une irrésistible attraction amoureuse. Pour l’élégance d’un style multipliant les scintillements feutrés. Pour la nécessaire efficience de la mise en scène qui semblait alors indiquer la route à suivre. Et pour le simulacre qui posa cette équation imaginaire sur laquelle continuent à vivre nos souvenirs : Laura = Gene Tierney, éternelle.
Le ciel est à vous (1944)
1 h 45 min. Sortie : 2 février 1944. Drame
Film de Jean Grémillon
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Certains ont vu dans l’équipée de cette aviatrice pionnière un symbole de l’héroïsme modeste, du courage tranquille, de la volonté de résistance à l’oppression ennemie ; d’autres au contraire ont souligné l’ambigüité vichyste du message. La vérité est ailleurs, dans l’équilibre tenu entre lyrisme et austérité, à mi-chemin de Malraux et de Péguy. Sans cacher son attachement aux bons sentiments, le film illustre ainsi exemplairement les servitudes et les grandeurs d’un certain esprit français.
Ivan le Terrible (1944)
Ivan Grozny
1 h 43 min. Sortie : 6 mars 1946 (France). Biopic, Historique
Film de Sergueï Eisenstein
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Austère, lent, hiératique, le film n’est certes pas d’un abord facile. Mais Eisenstein en assure le triomphe plastique à chaque plan, dessiné, peint, sculpté et composé de main de maître. Les chatières où se courbe Ivan évoquent les cabinets des figures de cire de l’expressionnisme ; la saturation esthétique envahissant le palais le Sternberg de "L’Impératrice Rouge". Et tandis que le visage pur du monarque s’assombrit inéluctablement, la distance est franchie qui sépare le terrible du tyran.
Hantise (1944)
Gaslight
1 h 54 min. Sortie : janvier 1947 (France). Thriller
Film de George Cukor
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Si la perfection des décors de studio et de la technique porte la marque hollywoodienne, on ne saurait voir en Cukor un simple couturier du prêt-à-porter MGM. D’une Italie un peu trop romantique à un Londres où le brouillard, le crime, le sadisme rôdent autour de la respectabilité victorienne, il développe un univers morbide, un monde décalé par la peur et la fascination amoureuse. L’époque s’y prêtait et, dans ce conte noir à l’oppressante atmosphère gothique, le cinéaste n’a rien oublié.
La Femme au portrait (1944)
The Woman in the Window
1 h 40 min. Sortie : 28 août 1947 (France). Thriller, Drame, Film noir
Film de Fritz Lang
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Selon Lang, chaque individu a son reflet noir, chaque sentiment honnête son double tranchant, chaque atome d’existence sa parité, et il faut beaucoup de force d’âme, de prévention lucide pour ne pas se laisser corrompre par cet alter ego maléfique. Subtile amphibologie dont il explore les mécanismes dans cette mise en pratique de la représentation freudienne qui, bien que fondée sur l’esprit de géométrie (et ses équations), témoigne d’esprit de finesse (et de ses troubles phosphorescences).
Le Port de l'angoisse (1944)
To Have and Have Not
1 h 40 min. Sortie : 10 octobre 1947 (France). Aventure, Romance, Thriller
Film de Howard Hawks
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Le cinéaste se plait à mettre en pièces le roman d’Hemingway et privilégie les rapports de force, de violence, de désir, la surenchère dans la hauteur des tons. Une femme doit vaincre le préjugé d’un homme qui craint de s’investir dans l’action comme dans l’amour et s’y trouve poussé au gré des évènements. La lutte des sexes se résoudra dans l’harmonie, le respect mutuel, l’égalité reconnue et assumée sans perte ni abaissement de l’un ou de l’autre. Une sorte d’abrégé de la morale hawksienne.
Miracle au village (1943)
The Miracle of Morgan's Creek
1 h 38 min. Sortie : 28 mai 1947 (France). Comédie, Romance, Guerre
Film de Preston Sturges
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
De Barbara Stanwick à Claudette Colbert, d’Henry Fonda à Joel McCrea, les vedettes ont aimé faire les fous dans la farandole sturgesienne. Ce film-ci relève d’un autre défi : Eddie Bracken suggère la naïveté désarmante du puceau par un festival de bafouillages et de bouches de travers, Betty Hutten démolit en pleurnichant l’image de la jeune provinciale américaine. Deux spécimens d’infantilisation pour une satire délirante qui liquide en bonne et due forme les règles sévères du "production code".