Top 10 Livres selon Jules
Cette liste de 10 livres par Jules est une réponse au sondage Top 100 livres des Tops 10
10 livres
créée il y a presque 9 ans · modifiée il y a 6 moisPensées (1670)
Sortie : 1670 (France). Essai, Philosophie
livre de Blaise Pascal
Jules a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Voulez-vous qu’on croie du bien de vous ? n’en dites pas. »
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« Les plus belles actions cachées sont les plus estimables. Quand j’en vois quelques-unes dans l’histoire, elles me plaisent fort. Mais enfin elles n’ont pas été tout à fait cachées, puisqu’elles ont été sues ; et quoiqu’on ait fait ce qu’on a pu pour les cacher, ce peu par où elles ont paru gâte tout ; car c’est là le plus beau, de les avoir voulu cacher. »
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« Voilà ce que je vois et ce qui me trouble. Je regarde de toutes parts, et je ne vois partout qu’obscurité. La nature ne m’offre rien qui ne soit matière de doute et d’inquiétude. Si je n’y voyais rien qui marquât une Divinité, je me déterminerais à la négative ; si je voyais partout les marques d’un Créateur, je reposerais en paix dans la foi. Mais, voyant trop pour nier et trop peu pour m’assurer, je suis dans un état à plaindre, et où j’ai souhaité cent fois que, si un Dieu la soutient, elle le marquât sans équivoque ; et que si les marques qu’elle en donne sont trompeuses, elle les supprimât tout à fait ; qu’elle dît tout ou rien, afin que je visse quel parti je dois suivre. Au lieu qu’en état où je suis, ignorant de ce que je suis et ce que je dois faire, je ne connais ni ma condition, ni mon devoir. Mon cœur tend tout entier à connaître où est le vrai bien, pour le suivre ; rien ne me serait trop cher pour l’éternité.
Je porte envie à ceux que je vois dans la foi vivre avec tant de négligence, et qui usent si mal d’un don duquel il me semble que je ferais un usage si différent. »
Bérénice (1670)
Sortie : 1670 (France). Théâtre
livre de Jean Racine
Jules a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même
Que je ne consens pas de quitter ce que j'aime
Pour aller loin de Rome écouter d'autres vœux.
Vivez, et faites-vous un effort généreux.
Sur Titus et sur moi réglez votre conduite :
Je l'aime, je le fuis ; Titus m'aime, il me quitte.
Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers.
Adieu. Servons tous trois d'exemple à l'univers
De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse
Dont il puisse garder l'histoire douloureuse. »
Aurélien (1944)
Sortie : 1944 (France). Roman
livre de Louis Aragon
Jules a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
« ‘‘je suis amoureux.’’ Et la chose dite, il écouta descendre la pierre dans le puits. Bien droit, bien loin. [...] Il était seul, seul dans la pièce et dans l’univers, il n’écoutait plus que cet abîme en lui, il n’écoutait plus que lui-même, le mot lâché, le mot immense et soudain… Il venait de choisir sa route, subitement. C’était sans appel. Il en avait décidé. L’amour. Ce serait donc l’amour. C’était l’amour. Un bouleversement total, une agitation intérieure. L’amour. L’étrange nouveauté de ce mot lui serrait le cœur. Il détourna la tête et regarda le feu. Le feu, les flammes. Des détails infimes de la bûche ardente, avec une frange de cendres blanches sur le bord grillé, l’intéressèrent au-delà de la raison. Et très doucement il retrouva le nom, puis le visage… Bérénice… »
Regain (1930)
Sortie : 1930 (France). Roman
livre de Jean Giono
Jules a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Alors, tout d’un coup, là, debout, il a appris la grande victoire.
Il lui a passé devant les yeux, l’image de la terre ancienne, renfrognée et poilue avec ses aigres genêts et ses herbes en couteau. Il a connu d’un coup, cette lande terrible qu’il était, lui, large ouvert au grand vent enragé, à toutes ces choses qu’on ne peut pas combattre sans l’aide de la vie.
Il est debout devant ses champs. Il a ses grands pantalons de velours brun, à côtes ; il semble vêtu avec un morceau de ses labours. Les bras le long du corps, il ne bouge pas. Il a gagné : c’est fini.
Il est solidement enfoncé dans la terre comme une colonne. »
Le Comte de Monte-Cristo (1844)
Sortie : 1844 (France). Roman, Aventures
livre de Alexandre Dumas
Jules a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« La nuit étincelait d’étoiles. On était au haut de la montée de Villejuif, sur le plateau d’où Paris, comme une sombre mer, agite ses millions de lumières qui paraissent des flots phosphorescents ; flots en effet, flots plus bruyants, plus passionnés, plus mobiles, plus furieux, plus avides que ceux de l’Océan irrité, flots qui ne connaissent pas le calme comme ceux de la vaste mer, flots qui se heurtent toujours, écument toujours, engloutissent toujours !...
Le comte demeura seul, et sur un signe de sa main la voiture fit quelques pas en avant.
Alors il considéra longtemps, les bras croisés, cette fournaise où viennent se fondre, se tordre et se modeler toutes ces idées qui s’élancent du gouffre bouillonnant pour aller agiter le monde. Puis, lorsqu’il eut bien arrêté son regard puissant sur cette Babylone qui fait rêver les poètes religieux comme les railleurs matérialistes : ‘‘Grande ville !’’ murmura-t-il en inclinant la tête et en joignant les mains comme s’il eût prié ».
Vingt Mille Lieues sous les mers (1869)
Sortie : 1869 (France). Roman, Science-fiction
livre de Jules Verne
Jules a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« – Vous aimez la mer, capitaine.
– Oui ! je l’aime ! La mer est tout ! Elle couvre les sept dixièmes du globe terrestre. Son souffle est pur et sain. C’est l’immense désert où l’homme n’est jamais seul, car il sent frémir la vie à ses côtés. La mer n’est que le véhicule d’une surnaturelle et prodigieuse existence ; elle n’est que mouvement et amour ; c’est l’infini vivant, comme l’a dit un de vos poètes. Et en effet, monsieur le professeur, la nature s’y manifeste par ses trois règnes, minéral, végétal, animal. Ce dernier y est largement représenté par les quatre groupes des zoophytes, par trois classes des articulés, par cinq classes des mollusques, par trois classes des vertébrés, les mammifères, les reptiles et ces innombrables légions de poissons, ordre infini d’animaux qui compte plus de treize mille espèces, dont un dixième seulement appartient à l’eau douce. La mer est le vaste réservoir de la nature. C’est par la mer que le globe a pour ainsi dire commencé, et qui sait s’il ne finira pas par elle ! Là est la suprême tranquillité. La mer n’appartient pas aux despotes. À sa surface, ils peuvent encore exercer des droits iniques, s’y battre, s’y dévorer, y transporter toutes les horreurs terrestres. Mais à trente pieds au-dessous de son niveau, leur pouvoir cesse, leur influence s’éteint, leur puissance disparaît ! Ah ! monsieur, vivez, vivez au sein des mers ! Là seulement est l’indépendance ! Là je ne reconnais pas de maîtres ! Là je suis libre ! »
Le Désert des Tartares (1940)
Il Deserto dei Tartari
Sortie : 1949 (France). Roman
livre de Dino Buzzati
Jules a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Il est difficile de croire à quelque chose quand on est seul et que l’on ne peut en parler avec personne. Juste à cette époque, Drogo s’aperçut à quel point les hommes restent toujours séparés l’un de l’autre, malgré l’affection qu’ils peuvent se porter ; il s’aperçut que, si quelqu’un souffre, sa douleur lui appartient en propre, nul ne peut l’en décharger si légèrement que ce soit ; il s’aperçut que, si quelqu’un souffre, autrui ne souffre pas pour cela, même si son amour est grand, et c’est cela qui fait la solitude de la vie. »
L'Île des esclaves (1725)
Sortie : 1725 (France). Théâtre
livre de Marivaux
Jules a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos cœurs que nous voulons détruire ; nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été. Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie, si vos maîtres sont contents de vos progrès ; et si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs ; et par bonté pour vous, nous vous marions avec une de nos citoyennes. Ce sont là nos lois à cet égard, mettez à profit leur rigueur salutaire. Remerciez le sort qui vous conduit ici ; il vous remet en nos mains durs, injustes et superbes ; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir ; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains ; c'est-à-dire, humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie. »
Paroles (1946)
Sortie : 1946 (France). Poésie
livre de Jacques Prévert
Jules a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« De deux choses lune
L'autre c'est le soleil
Les pauvres les travailleurs ne voient pas ces choses
Leur soleil c'est la soif la poussière la sueur le goudron
Et s'ils travaillent en plein soleil le travail leur cache le soleil
Leur soleil c'est l'insolation [...]
Le faux soleil
Le soleil blême
Le soleil couché
Le soleil chien du capital [...]
L'astre des désastres
L'astre de la vacherie
L'astre de la tuerie
L'astre de la connerie
Le soleil mort. [...]
Mais un jour le vrai soleil viendra
Un vrai soleil dur qui réveillera le paysage trop mou
Et les travailleurs sortiront
Ils verront alors le soleil
Le vrai le dur le rouge soleil de la révolution
Et ils se compteront
Et ils se comprendront
Et ils verront leur nombre
Et ils regarderont l'ombre
Et ils riront
Et ils s'avanceront
Une dernière fois le capital voudra les empêcher de rire
Ils le tueront
Et ils l'enterreront dans la terre sous le paysage de
Misère et le paysage de misère de profits de poussières et de
Charbon ils le brûleront ils le raseront et ils en fabriqueront un autre en chantant
Un paysage tout nouveau tout beau
Un vrai paysage tout vivant
Ils feront beaucoup de choses avec le soleil
Et même ils changeront l'hiver en printemps. »
Théorème (1968)
Teorema
Sortie : mars 1968. Roman
livre de Pier Paolo Pasolini
Jules a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Mais qu’est-ce qui vaincra ? Cette sécheresse profane de la raison, ou bien la religion, dérisoire fécondité de ceux que l’histoire a laissés derrière elle ? […] Et pourquoi ce hurlement, qui, un instant plus tard, s’échappe furieusement de ma bouche, n’ajoute-t-il rien à l’ambiguïté qui jusqu’ici a présidé à ma course dans le désert ? […] C’est un hurlement fait pour implorer l’intérêt de quelqu’un ou son aide ; mais peut-être est-ce aussi un blasphème. C’est un hurlement qui veut signifier, en ce lieu inhabité, que j’existe, et même, que non seulement j’existe, mais que je sais. Un hurlement tel, qu’au bout de l’angoisse on y sent quelque vil accent d’espérance ; ou bien un hurlement de certitude, parfaitement absurde, dans lequel retentit un pur désespoir. De toute façon une chose est sûre : quelle que soit la signification que ce hurlement veuille avoir, il est destiné à rouler sans jamais connaître de fin. »