Top 10 Livres selon 1821
Cette liste de 10 livres par 1821 est une réponse au sondage Top 100 livres des Tops 10
- Un seul livre par auteur
- Romans uniquement
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10 livres
créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 6 ansEt quelquefois j'ai comme une grande idée (1964)
Sometimes a Great Notion
Sortie : septembre 2013 (France). Roman
livre de Ken Kesey
1821 a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
"Dévalant le versant ouest de la chaîne côtière de l’Oregon... viens voir les cascades hystériques des affluents qui se mêlent aux eaux de la Wakonda Auga. Les premiers ruisselets caracolent comme d’épais courants d’air parmi la petite oseille et le trèfle, les fougères et les orties, bifurquent, se scindent... forment des bras. Puis, à travers les busseroles et les ronces élégantes, les myrtilles et les mûres, les bras cascadent pour fusionner en ruisseaux, en torrents. Enfin, au pied des collines, émergeant entre les mélèzes laricins et les pins à sucre, les acacias et les épicéas – et puis la mosaïque vert et bleu des sapins de Douglas –, la rivière en personne franchit d’un bond cent cinquante mètres... et là, regarde : voici qu’elle prend ses aises à travers champs. "
Lumière d'août (1932)
Light in August
Sortie : 1935 (France). Roman
livre de William Faulkner
1821 a mis 8/10.
Annotation :
" Immobile, debout, haletant, il regardait de tous côtés. Grâce à la lueur vague et fumeuse des lampes à pétrole, les cases, autour de lui, se détachaient sur les ténèbres. De tous côtés, même en lui-même, murmuraient les voix incorporelles, fécondes et moelleuses des femmes noires. C'était comme si lui-même et toute la vie mâle autour de lui étaient rentrés dans les ténèbres chaudes, les ténèbres humides de la Femelle originelle. Les yeux luisants, les dents brillantes, un souffle froid sur ses dents et sur ses lèvres sèches, il se mit à courir jusqu'au réverbère le plus proche. Au-dessous de ce réverbère, une ruelle étroite et défoncée tournait et montait de l'obscurité des bas-fonds jusqu'à la rue parallèle. Il s'y engagea en courant et, le coeur battant, s'élança sur la pente escarpée jusqu'à la rue supérieure. Il s'arrêta alors, oppressé, les yeux étincelants, le coeur battant, comme si ce coeur ne pouvait croire, ne voulait croire encore que l'air était, à présent, l'air dur et froid de la ville blanche."
Le Grand Troupeau (1931)
Sortie : 1931 (France). Roman
livre de Jean Giono
1821 a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"Ah ! L'autre fois, elle en avait lâché la fourche, et puis, en se baissant pour la ramasser, elle s'était emplie d'odeur à ras bord et le geste avait fait tourner sa chair au fond des linges, une chair grenue comme la peau des poules et toute prête à s'épanouir et qui languissait. Et ça avait été pour elle comme si elle avait eu la tête perdue dans des feuillages et du vent. À quoi bon fermer les yeux et se faire raide depuis le talon jusqu'au cou, puisque ça traversait les paupières et que ça connaissait les charnières qui font plier le corps, puisque, somme toute, c'était bon, puisque, tout compte fait, ça n'était pas défendu. Elle avait pensé au soir de ses noces tout chaviré de vin, et ce linge neuf sur sa peau, et ce corset qui serrait bien partout où il fallait, et puis le Joseph qui l'embrassait en écarte-lèvres, à grands coups de bouche, comme s'il mordait dans une tranche de melon."
Les Détectives sauvages (1998)
Los detectives salvajes
Sortie : 2006 (France). Roman
livre de Roberto Bolaño
1821 a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
"J'ai été cordialement invité à faire partie du réalisme viscéral. Évidemment, j'ai accepté. Il n'y a pas eu de cérémonie d'initiation. C'est mieux comme ça."
Les Vagues (1931)
(traduction Marguerite Yourcenar)
The Waves
Sortie : 1937 (France). Roman
livre de Virginia Woolf
1821 a mis 8/10.
Annotation :
"Mais je suis trop ému pour terminer ma phrase correctement. Je parle vite, en faisant les cent pas, pour cacher mon agitation. Je déteste tes mouchoirs graisseux – tu vas tâcher ton exemplaire de Don Juan. Tu ne m'écoutes pas. Tu fais de belles phrases sur Byron. Et pendant que tu gesticules, avec ton manteau, ta canne, j'essaie de révéler un secret que je n'ai dit encore à personne ; je te demande (tandis que je te tourne le dos) de prendre ma vie entre tes mains et de me dire si je suis condamné pour toujours à provoquer la répulsion de ceux que j'aime ?
Je te tourne le dos agité de tremblements. Non, mes mains sont parfaitement calmes à présent. D'un geste précis, je fais de la place dans la bibliothèque et j'y insère Don Juan ; là. Je préférerais être aimé, je préférerais être célèbre plutôt que de poursuivre la perfection dans les sables. Mais suis-je condamné à provoquer le dégoût ? Suis-je poète ? Prends-le. Le désir qui est chargé derrière mes lèvres, froid comme le plomb, fatal comme une balle, cette chose que je lance contre les vendeuses, les femmes, la prétention, la vulgarité de la vie (parce que je l'aime) fait feu sur toi à l'instant où je te lance – attrape-le – mon poème."
Justine (1957)
Le Quatuor d'Alexandrie - tome 1
Sortie : 1959 (France). Roman
livre de Lawrence Durrell
1821 a mis 8/10.
Annotation :
« Notes pour un paysage… Longs accords de couleur. Lumière filtrée par l’essence des citrons. Poussière rougeâtre en suspension dans l’air, grisante poussière de brique, et l’odeur des trottoirs brûlants, arrosés et aussitôt secs. Des petits nuages mous, à ras de terre, et qui pourtant n’amènent presque jamais la pluie. […]En été une humidité venait de la mer et donnait au ciel une patine sourde, enveloppant toutes choses d’un manteau visqueux.
Puis en automne, l’air sec et vibrant, une électricité statique et âcre qui enflamme la peau sous l’étoffe légère des vêtements. La chair s’éveille, éprouve les barreaux de sa prison. Une prostituée ivre flâne dans une ruelle obscure, semant des bribes de chanson comme des pétales de rose. Est-ce cela qu’entendit Antoine, ces accords flous d’une vaste symphonie enivrante, et qui le poussa à se livrer corps et âme à la ville dont il s’était à jamais épris ? »
Paulina 1880 (1925)
Sortie : 1925 (France). Roman
livre de Pierre Jean Jouve
1821 a mis 9/10.
Annotation :
"Paulina croissait en violence et en esprit souterrain. A treize ans elle avait sa vie intérieure. Pour prier Dieu, elle s'agenouillait ou même elle se couchait entièrement, à demi nue, sur le pavement froid en hiver dans la chambre Nord. Le vent qui passait sur son jeune corps l'épouvantait et l'exaltait au plus haut point, elle imaginait alors tout ce qu'elle devait donner au Seigneur et désirait trouver en elle des souffrances plus pures, plus belles, plus atroces, qu'il serait doux de lui offrir."
Querelle de Brest (1947)
Sortie : 1947 (France). Roman
livre de Jean Genet
1821 a mis 9/10.
Annotation :
"L’idée de meurtre évoque souvent l’idée de mer, de marins. Mer et marins ne se présentent pas alors avec la précision d’une image, le meurtre plutôt fait en nous l’émotion déferler par vagues. Si les ports sont le théâtre répété de crimes l’explication en est facile que nous n’entreprendrons pas, mais nombreuses sont les chroniques où l'on apprend que l'assassin était un navigateur, faux ou vrai et s'il est faux le crime en a de plus étroits rapports avec la mer."
Les Maîtres du monde
Sortie : 16 juin 1998 (France). Roman
livre de Gilles Leroy
1821 a mis 10/10.
Annotation :
« Il laissa tomber ses bagages à mes pieds. Son front était creusé de deux rides, ses cheveux trempés de sueur, mais lorsqu'il ôta pour m'embrasser ses lunettes noires, ce fut une décharge de lumière qui me saisit jusqu'à la moelle. On pourrait faire le poète, chanter le soleil après l'éclipse ou le miel de ses yeux qui me reprenait au piège, mais non : c'était fornication, baise des regards, coït express sur un quai de gare - et je bandais sous mon pantalon comme ce chiot de quatorze ans sidéré un matin, dans la galerie de Ducasse, par les larmes dorées d'un camarade à crinière rouge. Même ravagée, c'était, ça resterait ma créature fatale. Et puisque rien n'avait changé, j'ai pris ses valises, je les ai portées à la voiture. »
La vie est ailleurs (1969)
Život je jinde
Sortie : 1973 (France). Roman
livre de Milan Kundera
1821 a mis 8/10.
Annotation :
"La haine qui lui montait à la tête comme un alcool était belle et le fascinait : elle le fascinait d'autant plus qu'elle lui revenait, répercutée par la jeune fille, et qu'elle le blessait à son tour; c'était une colère autodestructrice...il sentait bien que sa colère était injustifiée et qu'il était injuste avec la petite, mais c'était sans doute de le sentir qui le rendait plus cruel encore, car ce qui l'attirait, c'était l'abîme, l'abîme de la solitude, l'abîme de l'autocondamnation; il savait qu'il ne serait pas heureux sans son amie et qu'il ne serait pas content de lui non plus, mais ce savoir ne pouvait rien contre la splendide griserie de la colère."