Top 10 Livres selon Tongariro

Cette liste de 15 livres par Tongariro est une réponse au sondage Top 100 livres des Tops 10

Top 15 en réalité
[avec quelques extraits et citations phares pour chaque ouvrage]

Tolkien, Dostoïevski, Thoreau, London, Camus, Céline, Huxley, etc

Liste de

15 livres

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a 17 jours

Le Seigneur des anneaux - Intégrale
8.2
1.

Le Seigneur des anneaux - Intégrale (1955)

(traduction : Francis Ledoux)

The Lord of the Rings

Sortie : 1973 (France). Roman, Fantasy

livre de J.R.R. Tolkien

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Tout ce qui est or ne brille pas,
Tout ceux qui errent ne sont pas perdus,
Le vieux qui est fort ne dépérit point.
Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel.
Des cendres, un feu s'éveillera.
Des ombres, une lumière jaillira;
Renouvelée sera l'épée qui fut brisée,
Le sans-couronne sera de nouveau roi."

[...]

"Nombreux sont ceux qui vivent et qui méritent la mort. Et certains qui meurent méritent la vie. Pouvez-vous la leur donner ? Alors, ne soyez pas trop prompt à dispenser la mort en jugement. Même les grands sages ne peuvent connaître toutes les fins. [...] Tout ce que nous avons à décider, c'est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti."

[...]

"Et qui brise quelque chose pour découvrir ce que c'est a quitté la voie de la sagesse."

[...]

"Le vaste monde vous entoure de tous côtés ; vous pouvez vous enclore, mais vous ne pouvez éternellement le tenir en dehors de vos clôtures."

[...]

"Ce fut la première vision que Sam eut de la bataille des Hommes contre les Hommes, et elle ne lui plut guère. il se demanda comment s'appelait l'homme et d'où il venait; s'il avait vraiment le cœur mauvais ou quelles menaces ou mensonges l'avaient entraîné dans sa longue marche hors de son pays; et s'il n'aurait pas vraiment préféré y rester en paix."

[...]

"Je ne dirai pas : ne pleurez pas, car toutes les larmes ne sont pas un mal."

Crime et Châtiment
8.5
2.

Crime et Châtiment (1867)

(traduction André Markowicz)

Pryestupleyniye i nakazaniye

Sortie : 1998 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Il était si las de ce mois de repliement désolé sur lui-même et d'excitation morose qu'il avait envie, ne fût-ce qu'un instant, de respirer dans un autre monde, quel que fût ce monde."

[...]

"Cent mille œuvres utiles, des débuts courageux qu'on pourrait soutenir et améliorer grâce à l'argent de la vieille destiné à un monastère ! Des centaines, peut-être des milliers d'existences aiguillées sur le bon chemin, des dizaines de familles sauvées de la misère, du vice, de la pourriture, de la mort, des hôpitaux pour maladies vénériennes... et tout cela avec l'argent de cette femme. Si on la tuait et qu'on prenait son argent avec l'intention de le faire servir au bien de l'humanité, crois-tu que le crime, ce tout petit crime insignifiant, ne serait pas compensé par des milliers de bonnes actions ? Pour une seule vie, des milliers d'existences sauvées de la pourriture. Une mort contre cent vies. Mais c'est de l'arithmétique ! D'ailleurs, que pèse dans les balances sociales la vie d'une petite vieille cacochyme, stupide et mauvaise ? Pas plus que celle d'un pou ou d'une blatte. Je dirais même moins, car la vieille est nuisible."

[...]

"La douleur et la souffrance sont toujours inévitables pour une grande intelligence et un cœur profond. Les vrais grands hommes doivent, je pense, avoir une grande tristesse sur la terre."

[...]

"Comment cela s'était-il fait, il n'en savait rien lui-même, mais soudain quelque chose sembla le soulever et le jeter à ses pieds. Il pleurait, il lui embrassait les genoux. Au premier instant, elle eut une peur terrible et tout son visage se glaça. Elle bondit et toute tremblante le regarda. Mais au même instant, tout de suite, elle comprit tout. Un bonheur infini brilla dans ses yeux ; elle avait compris, il ne pouvait plus y avoir de doute pour elle : il l'aimait, il l'aimait sans bornes, enfin était arrivée cette minute...
Ils auraient voulu parler, mais ne le pouvaient point. Des larmes brillaient dans leurs yeux. Ils étaient tous deux pâles et maigres ; mais dans ces visages pâles et malades rayonnait déjà l'aube d'un avenir rénové, d'une résurrection totale à une nouvelle vie. L'amour les avait ressuscités. Le cœur de l'un renfermait des sources infinies de vie pour le cœur de l'autre."

Journal
8.6
3.

Journal

Sortie : 21 octobre 2014 (France). Journal & carnet

livre de Henry David Thoreau

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Si mes champs, mes ruisseaux, mes bois, la Nature autour de moi, les simples travaux des habitants cessaient de m'inspirer et de m'intéresser, aucune culture, aucune richesse ne réparerait cette perte. Je veux vivre de telle sorte que je tire ma joie et mon inspiration des événements les plus ordinaires et des faits de chaque jour. Ce que mes sens perçoivent à toute heure, ma promenade quotidienne, la conversation de mes voisins, voilà mes inspirations. Puissé je ne pas rêver d'un autre ciel que celui qui s'étend au-dessus de moi. Il n'y a qu'un bon voyage, celui qui révèle valeur du foyer et me permet de mieux en jouir. Si un homme acquiert le goût du vin et de l'eau de vie pour perdre celui de l'eau n'est il pas à plaindre ? L'homme le plus riche est celui dont les plaisirs coûtent le moins."

[...]

"Je crains bien que l'enfant qui cueille une fleur pour la première fois n'ait une intuition de sa beauté et de sa signification qu'ensuite le botaniste ne gardera pas."

[...]

"J'ai songé au loisir plus que princier, poétique dans lequel j'ai passé jusqu'ici mes années, sans souci, sans obligation, à rêver librement. Je me suis donné à la Nature. J'ai vécu tous ses printemps, ses étés, ses automnes, ses hivers, comme si je n'avais rien d'autre à faire qu'à les vivre, qu'à absorber l'aliment qu'ils m'offraient. J'ai passé deux ans avec les fleurs, sans devoir plus pressant que celui de guetter l'instant où elles allaient éclore. J'aurais pu consacrer tout un automne à observer les teintes changeantes du feuillage. Quel profit j'ai tiré de la solitude et de la pauvreté ! Je ne saurais trop exalter ce bienfait. Comment aurais je pu en jouir si la société avait attendu de moi ce qu'il est à craindre qu'elle en attende désormais ? Ce furent mes vacances, mon temps de croissance et d'expansion, une jeunesse prolongée."

[...]

"C'est dans les espaces mentaux que se trouvent les confins de la terre et de l'eau, où vont et viennent les hommes. Le paysage s'y étend, lointain et beau, et le plus profond penseur est celui qui a le plus voyagé."

[...]

"L'hiver est venu sans que j'y prenne garde tant j'ai été occupé à écrire. C'est le genre de vie que mènent la plupart des hommes en face de la nature. Combien différente de ma vie habituelle ! Vie hâtive, grossière et triviale, comme si l'on était un rouage dans une usine. L'autre vie s'écoule à loisir, pareille à une fleur. Dans le premier cas, on gagne sa vie, dans le second, on vit."

Voyage au bout de la nuit
8
4.

Voyage au bout de la nuit (1932)

Sortie : 15 octobre 1932 (France). Roman

livre de Louis-Ferdinand Céline

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Ce qui est pire c'est qu'on se demande comment le lendemain on trouvera assez de forces pour continuer à faire ce qu'on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n'aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l'accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre que le destin est insurmontable, qu'il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l'angoisse du lendemain, toujours plus précaire, plus sordide. C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer moi."

[...]

"Après des années quand on y resonge il arrive qu'on voudrait bien les rattraper les mots qu'ils ont dit certaines gens et les gens eux-mêmes pour leur demander ce qu'ils ont voulu nous dire... Mais ils sont bien partis !... On avait pas assez d'instruction pour les comprendre... On voudrait savoir comme ça s'ils n'ont pas depuis changé d'avis des fois... Mais c'est bien trop tard... C'est fini !... Personne ne sait plus rien d'eux. Il faut alors continuer sa route tout seul, dans la nuit. On a perdu ses vrais compagnons. On leur a pas seulement posé la bonne question, la vraie, quand il était temps. A côté d'eux on ne savait pas. Homme perdu. On est toujours en retard d'abord. Tout ça c'est des regrets qui ne font pas bouillir la marmite."

[...]

"Mais il était trop tard pour me refaire une jeunesse. J’y croyais plus ! On devient rapidement vieux et de façon irrémédiable encore. On s’en aperçoit à la manière qu’on a prise d’aimer son malheur malgré soi. C’est la nature qui et plus forte que vous voilà tout. Elle nous essaye dans un genre et on ne peut plus en sortir de ce genre-là. Moi j’étais parti dans une direction d’inquiétude. On prend doucement son rôle et son destin au sérieux sans s’en rendre bien compte et puis quand on se retourne il est bien trop tard pour en changer. On est devenu tout inquiet et c’est entendu comme ça pour toujours."

[...]

"La vie c'est ça, un bout de lumière qui finit dans la nuit."

Éloge de la fuite
8
5.

Éloge de la fuite (1976)

Sortie : 1976 (France). Essai, Culture & société

livre de Henri Laborit

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"L'Homme est enfin, on peut le supposer, le seul animal qui sache qu'il doit mourir. Ses luttes journalières compétitives, sa recherche du bien-être à travers l'ascension hiérarchique, son travail machinal accablant, lui laissent peu de temps pour penser à la mort, à sa mort. C'est dommage, car l'angoisse qui en résulte est sans doute la motivation la plus puissante à la créativité. Celle-ci n'est-elle pas en effet une recherche de la compréhension, du pourquoi et du comment du monde, et chaque découverte ne nous permet-elle pas d'arracher un lambeau au linceul de la mort? N'est-ce pas ainsi que l'on peut comprendre qu'en son absence celui qui "gagne" sa vie la perd ?"

[....]

"Il n'y a pas d'amour heureux. Il n'y a pas d'espace suffisamment étroit, suffisamment clos, pour enfermer toute une vie deux êtres à l'intérieur d'eux-mêmes. Or, dès que cet ensemble s'ouvre sur le monde, celui-ci en se refermant sur eux va, comme les bras d'une pieuvre, s'infiltrer entre leurs relations privilégiées."

[...]

"Aimer l'autre, cela devrait vouloir dire que l'on admet qu'il puisse penser, sentir, agir de façon non conforme à nos désirs, à notre propre gratification, accepter qu'il vive conformément à son système de gratification personnel et non conformément au nôtre. Mais l'apprentissage culturel au cours des millénaires a tellement lié le sentiment amoureux à celui de possession, d'appropriation, de dépendance par rapport à l'image que nous nous faisons de l'autre, que celui qui se comporterait ainsi par rapport à l'autre serait en effet qualifié d'indifférent."

Le Silmarillion
7.5
6.

Le Silmarillion (1977)

(traduction Pierre Alien)

The Silmarillion

Sortie : 1978 (France). Roman, Fantasy

livre de J.R.R. Tolkien

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

L'Étranger
7.7
7.

L'Étranger (1942)

Sortie : 19 mai 1942. Roman

livre de Albert Camus

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"J'ai dit que oui mais que dans le fond cela m'était égal. Il m'a demandé alors si je n'étais pas intéressé par un changement de vie. J'ai répondu qu'on ne changeait jamais de vie, qu'en tout cas toutes se valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout. Il a eu l'air mécontent, m'a dit que je répondais toujours à côté, que je n'avais pas d'ambition et que cela était désastreux dans les affaires."

[...]

"J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur."

[...]

"C'est à l'aube qu'ils venaient, je le savais. En somme, j'ai occupé mes nuits à attendre cette aube. Je n'ai jamais aimé être surpris. Quand il m'arrive quelque chose, je préfère être là"

[...]

"À part ces ennuis, je n'étais pas trop malheureux. Toute la question, encore une fois, était de tuer le temps. J'ai fini par ne plus m'ennuyer du tout à partir de l'instant où j'ai appris à me souvenir. Je me mettais quelquefois à penser à ma chambre et, en imagination, je partais d'un coin pour y revenir en dénombrant mentalement tout ce qui se trouvait sur mon chemin. Au début, c'était vite fait. Mais chaque fois que je recommençais, c'était un peu plus long. Car je me souvenais de chaque meuble, et, pour chacun d'entre eux, de chaque objet qui s'y trouvait et, pour chaque objet, de tous les détails [...] Si bien qu'au bout de quelques semaines, je pouvais passer des heures, rien qu'à dénombrer ce qui se trouvait dans ma chambre. Ainsi, plus je réfléchissais et plus de choses méconnues et oubliées je sortais de ma mémoire. J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer. Dans un sens, c'était un avantage."

[...]

"Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore."

Le Meilleur des mondes
7.6
8.

Le Meilleur des mondes (1931)

Brave New World

Sortie : 1931. Science-fiction, Roman

livre de Aldous Huxley

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Mais je n'en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.

- En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d'être malheureux.

- Eh bien, soit, dit le Sauvage d'un ton de défi, je réclame le droit d'être malheureux.

- Sans parler du droit de vieillir, de devenir laid et impotent ; du droit d'avoir la syphilis et le cancer; du droit d'avoir trop peu à manger; du droit d'avoir des poux; du droit de vivre dans l'appréhension constante de ce qui pourra se produire demain; du droit d'attraper la typhoïde; du droit d'être torturé par des douleurs indicibles de toutes sortes.

Il y eut un long silence.

- Je les réclame tous, dit enfin le Sauvage"

Walden
7.6
9.

Walden (1854)

(Traduction Matthieussent)

Sortie : 9 septembre 2010 (France). Récit

livre de Henry David Thoreau

Tongariro a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Me parvient du dehors aux oreilles un confus tintinnabulum, c'est le bruit de mes contemporains. Mes voisins me parlent de leurs aventures avec de beaux messieurs et de belles mesdames, des notabilités qu'ils ont rencontré à dîner mais je prends peu d'intérêt à telles choses. L'intérêt et la conversation tournent de préférence autour de la toilette et des bonnes manières mais une oie est encore une oie, de quelque habit qu'on l'affuble. Mieux que l'amour, l'argent, la gloire, donnez-moi la vérité. Je me suis assis à une table où nourriture et vins riches étaient en abondance, le service obséquieux mais où n'étaient ni sincérité ni vérité et c'est affamé que j'ai quitté l'inhospitalière maison. L'hospitalité était aussi froide que les glaces."

[...]

"L'opinion publique est un faible tyran comparée à notre opinion privée. Ce qu'un homme pense de lui-même , voilà ce qui règle ou plutôt indique, son destin."

[...]

« Dans le temps qu'elle a passé à perfectionner nos maisons, la civilisation n'a pas perfectionné de même les hommes appelés à les habiter. Elle a créé des palais mais il est plus malaisé de créer des gentilshommes et des rois."

[...]

"Si un homme marche à un autre pas que ses camarades, c'est peut être qu'il entend le son d'un autre tambour. Laissons le suivre la musique qu'il entend, quelle qu'en soit la cadence."

[...]

"La plupart des gens désirent bien plus avoir des vêtements à la mode, ou du moins sans raccommodages, que d'avoir la conscience nette. Je préférerais m'asseoir sur un potiron et le posséder bien à moi que d'être à plusieurs sur un coussin de velours."

[...]

"Nulle face que nous puissions donner à une affaire ne nous présentera pour finir autant d'avantage que la vérité. Celle-ci est seule d'un bon user. Pour la plupart, nous ne sommes pas où nous sommes mais dans une fausse position. Par suite d'une infirmité de notre nature, supposant un cas, nous nous plaçons dedans, et nous voilà dans deux cas en même temps ce qui rend doublement difficile de s'en tirer. Aux heures saines, nous n'envisageons que les faits, le cas qui est. Dites ce que vous avez à dire, non pas ce que vous devez dire. Toute vérité vaut mieux que faire semblant. Si humble que soit votre vie, faites y honneur et vivez là. Ne l'esquivez ni n'en dites du mal. Ne vous embarrassez point trop de vous procurer de nouvelles choses, soit en habits, soit en amis. Vendez vos habits et gardez vos pensées."

L'Usage du monde
7.9
10.

L'Usage du monde (1963)

Sortie : 1963 (France). Récit

livre de Nicolas Bouvier

Tongariro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."

[...]

"C'est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne ainsi l'envie de tout planter là. Songez régions comme le Banat, la Caspienne, le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu'on y croise, aux idées qui vous y attendent... Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c'est qu'on ne sais comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon."

[...]

"La vertu d'un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir."

[...]

"Assez d'argent pour vivre neuf semaines. Ce n'est qu'une petite somme mais c'est beaucoup de temps. Nous nous refusons tous les luxes sauf le plus précieux : la lenteur."

[...]

"Ici, prendre son temps est le meilleur moyen de n’en pas perdre."

[...]

"Portés par le chant du moteur et le défilement du paysage, le flux du voyage vous traverse, et vous éclaircit la tête. Des idées qu'on hébergeait sans raison vous quittent; d'autres au contraire s'ajustent et se font à vous comme les pierres au lit d'un torrent. Aucun besoin d'intervenir; la route travaille pour vous [...]
A mon retour, il s'est trouvé beaucoup de gens qui n'étaient pas partis, pour me dire qu'avec un peu de fantaisie et de concentration ils voyageaient tout aussi bien sans lever le cul de leur chaise. Je les crois volontiers. Ce sont des forts. Pas moi. J'ai besoin de cet appoint concret qu'est le déplacement dans l'espace."

[...]

"Si je n'étais pas parvenu à y écrire grand-chose, c'est qu'être heureux me prenait tout mon temps. D'ailleurs, nous ne sommes pas juges du temps perdu"

[...]

"Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible cœur."

Le Peuple d'en bas
8
11. Le Peuple d'en bas

The People of the Abyss

Sortie : 1903 (France). Essai, Récit

livre de Jack London

Tongariro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"La pauvreté, la misère et la crainte de l’asile sont les causes principales du suicide parmi les classes laborieuses. « Je me noierais, plutôt que d’entrer à l’asile », avait annoncé une certaine Ellen Hughes, âgée de cinquante-cinq ans. Mercredi dernier, on a ouvert une enquête après la découverte de son cadavre, à Shoreditch.
Verdict : Suicide pendant une crise de folie passagère.

De tels verdicts sont un crime contre la vérité.

La Loi est un mensonge, et à travers elle les hommes mentent sans aucune pudeur. Par exemple, cette malheureuse femme, qui, abandonnée et méprisée de tous, sans parents et sans amis, avait avalé une certaine dose de laudanum, après en avoir fait absorber une autre à son bébé. Le bébé était mort, mais elle s’en était tirée avec quelques semaines d’hôpital. On la condamna, pour meurtre, à dix ans de travaux forcés. Comme elle s’était rétablie et n’avait pas réussi à mourir, la Loi la tenait pour responsable de ses actes. Mais si elle avait été morte, la même Loi aurait déclaré qu’elle avait été sous le coup d’une crise de folie passagère.

On ne suit plus avec autant de fidélité naturelle, de nos jours, ce vieil instinct de conservation. L’homme est devenu une créature raisonnable, et peut, grâce à son intelligence, se cramponner à la vie ou bien y renoncer, selon que cette vie lui promet de grands bonheurs ou de grandes peines. J’ose prétendre que Ellen Hughes Hunt, frustrée et escroquée de toutes les joies de l’existence après avoir passé cinquante-deux années à travailler comme une esclave, avec comme seul avenir toutes les horreurs de l’asile, a au contraire fait preuve de beaucoup de bon sens et de pondération lorsqu’elle s’est jetée dans le canal. Bien plus, j’ose affirmer que le jury aurait fait preuve de sagesse en présentant un verdict accusant la société de folie passagère, pour avoir permis à Ellen Hughes Hunt d’être frustrée et escroquée de toutes les joies de l’existence qu’auraient dû lui procurer cinquante-deux années de travail acharné.

Folie passagère ! Ces deux mots sont maudits, ce sont des mensonges du langage derrière lesquels les gens qui ont le ventre plein et le dos bien au chaud, sous leurs belles chemises, s’abritent et se soustraient à la responsabilité de leurs frères et de leurs sœurs, qui, eux, ont le ventre vide et n’ont pas de belles chemises à se mettre."

Discours de la servitude volontaire
7.9
12. Discours de la servitude volontaire (1576)

Sortie : 1576 (France). Essai, Philosophie

livre de Étienne de La Boétie

Tongariro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Il y a trois sortes de tyrans : les uns ont le royaume par élection du peuple, les autres par la force des armes, les autres par succession de leur race. (...) Ainsi, pour en dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelque différence, mais de choix, je n’y en vois point ; et étant les moyens de venir aux règnes divers, toujours la façon de régner est quasi semblable : les élus, comme s’ils avaient pris des taureaux à dompter, ainsi les traitent-ils ; les conquérants en font comme de leur proie ; les successeurs pensent d’en faire ainsi que de leurs naturels esclaves."

[...]

"Il n’est pas croyable comme le peuple, dès lors qu’il est assujetti, tombe si soudain en un tel et si profond oubli de la franchise, qu’il n’est pas possible qu’il se réveille pour la ravoir, servant si franchement et tant volontiers qu’on dirait, à le voir, qu’il a non pas perdu sa liberté, mais gagné sa servitude."

Les Carnets du sous-sol
8.1
13. Les Carnets du sous-sol (1864)

(traduction André Markowicz)

Zapiski iz podpol'ia

Sortie : 1992 (France). Roman

livre de Fiodor Dostoïevski

Tongariro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Je le répète, je répète et j’insiste : les hommes spontanés, les hommes d’action sont justement des hommes d’action parce qu’ils sont bêtes et limités. Comment j’explique cela ? Très simple : c’est cette limitation qui leur fait prendre les causes les plus immédiates, donc les causes secondaires, pour des causes premières ; ainsi parviennent-ils plus facilement et plus vite que les autres à se convaincre d’avoir trouvé la base indubitable de leur affaire – et ça les tranquillise ; et c’est là l’essentiel. Parce que, pour se mettre à agir, il faut d’abord avoir l’esprit tranquille, il faut qu’il n’y ait plus la moindre place pour les doutes. Mais, par exemple, moi, comment ferais-je pour avoir l’esprit tranquille ? Pour moi, où sont-elles donc, les causes premières qui me serviront d’appui, où sont les bases ? D’où est-ce que je les prendrais ? Je m’exerce à penser ; par conséquent, chez moi, toute cause première en fait immédiatement surgir une autre, plus première encore, et ainsi de suite jusqu’à l’infini. Telle est l’essence de toute conscience et de toute pensée."

"Il y avait une autre circonstance qui me torturait encore : le fait, précisément, que personne ne me ressemblait, et que je ne ressemblais à personne :
"Moi, je suis seul, et eux, ils sont tous", pensais-je... et je restais pensif.
Cela prouve bien que j'étais encore un gosse."

Caligula
7.9
14. Caligula (1944)

Sortie : 1944 (France). Théâtre

livre de Albert Camus

Tongariro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

L'Appel de la forêt
7.6
15. L'Appel de la forêt (1903)

(traduction Pierre Coustillas)

The Call of the Wild

Sortie : 2000 (France). Roman, Aventures

livre de Jack London

Tongariro a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Chaque nuit, à neuf heures, à minuit, à trois heures du matin, ils faisaient entendre un chant nocturne, étrange et fantastique, auquel Buck était heureux de se joindre. Quand l’aurore boréale brillait froide et calme au firmament, que les étoiles scintillaient avec la gelée, et que la terre demeurait engourdie et glacée sous son linceul de neige, ce chant morne, lugubre et modulé sur le ton mineur, avait quelque chose de puissamment suggestif, évocateur d’images et de rumeurs antiques. C’était la plainte immémoriale de la vie même, avec ses terreurs et ses mystères, son éternel labeur d’enfantement et sa perpétuelle angoisse de mort ; lamentation vieille comme le monde, gémissement de la terre à son berceau ; et Buck, en s’associant à cette plainte, en mêlant fraternellement sa voix aux sanglots de ces demi fauves, Buck franchissait d’un bond le gouffre des siècles, revenait à ses aïeux, touchait à l’origine même des choses."

Tongariro

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