Top 10 Livres selon Adagio
Cette liste de 10 livres par Adagio est une réponse au sondage Top 100 livres des Tops 10
10 livres
créée il y a plus de 2 ans · modifiée il y a 2 moisLa Divine Comédie (1321)
(traduction Jacqueline Risset)
Divina Commedia
Sortie : 1321 (France). Littérature & linguistique, Poésie
livre de Dante Alighieri
Adagio a mis 10/10.
Annotation :
« Je me déclare vaincu par ce passage
plus que jamais par un point de son thème
ne (le) fut un auteur comique, ou tragique :
car, comme (le) soleil en un regard qui tremble,
ainsi le souvenir de son rire si doux
sépare mon esprit de moi-même.
Du premier jour où je vis son visage
en cette vie, jusqu'à cette vision,
le cours de mon chant n'a pas été rompu ;
mais il faut à présent que cesse ma poursuite
derrière sa beauté, en poésie,
comme tout artiste à sa limite. »
À la recherche du temps perdu (1927)
Sortie : 1927 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Adagio a mis 10/10.
Annotation :
« Oui, si le souvenir grâce à l’oubli, n’a pu contracter aucun lien, jeter aucun chaînon entre lui et la minute présente, s’il est resté à sa place, à sa date, s’il a gardé ses distances, son isolement dans le creux d’une vallée, où à la pointe d’un sommet, il nous fait tout à coup respirer un air nouveau, précisément parce que c’est un air qu’on a respiré autrefois, cet air plus pur que les poètes ont vainement essayé de faire régner dans le Paradis et qui ne pourrait donner cette sensation profonde de renouvellement que s’il avait été respiré déjà, car les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus. »
Le Rivage des Syrtes (1951)
Sortie : 25 septembre 1951. Roman
livre de Julien Gracq
Adagio a mis 10/10.
Annotation :
« La lune se leva sur une mer absolument calme, dans une nuit si transparente qu'on entendait, des fourrés de roseaux de la côte, gagner de proche en proche le sourd caquètement d'alarme des oiseaux de marais alertés dans les joncs par notre sillage. La côte que nous longions se hérissait en muraille noire contre la lune des lances immobiles de ses roseaux. Silencieuse comme un rôdeur de nuit, la coque plate du Redoutable se glissait dans ces passes peu profondes avec une sûreté qui trahissait le coup d'oeil infaillible de son capitaine. Derrière le liseré sombre, les terres désertes des Syrtes à l'infini reflétaient la majesté d'un champ d'étoiles. »
Aurélien (1944)
Sortie : 1944 (France). Roman
livre de Louis Aragon
Adagio a mis 10/10.
Annotation :
« Pour la première fois de sa vie, Aurélien éprouvait, avec cette acuité de sentiment qu’on n’a, en général, qu’un peu avant le réveil, dans la dernière période du sommeil, Aurélien éprouvait le vide absolu de sa vie. Il avait cru, plus ou moins, jusqu’alors, qu’il faisait quelque chose, qu’il trompait assez bien la mort, oisif au point de vue des imbéciles, pensait-il, mais enfin... Il voyait des gens, il se plaisait à les écouter, à juger ce monde déraisonnable, à se mêler à son agitation de surface, à deviner ses drames profonds, à partager ses plaisirs... Il avait des aventures qui étaient un peu des découvertes... De temps à autre, il voyageait, il prenait à tous les vents de sa liberté une bouffée, une ivresse de ce temps inconscient et lourd qui avait suivi la guerre... de cette autre guerre sourde, la paix... Comme ce dilettantisme lui paraissait aujourd’hui creux, inutile ! Il ne désirait rien. Pas même le soleil, la chaleur. Que s’était-il donc passé ? Un seul être vous manque et tout est dépeuplé... »
Le Bruit et la Fureur (1929)
The Sound and the Fury
Sortie : 1938 (France). Roman
livre de William Faulkner
Adagio a mis 10/10.
Annotation :
« Car si ce n'était que l'enfer et rien de plus. Si c'était tout. Fini. Si les choses finissaient tout simplement. Personne d'autre qu'elle et moi. Si seulement nous avions pu faire quelque chose d'assez horrible pour que tout le monde eût déserté l'enfer pour nous y laisser seuls, elle et moi. »
Crime et Châtiment (1867)
(traduction André Markowicz)
Pryestupleyniye i nakazaniye
Sortie : 1998 (France). Roman
livre de Fiodor Dostoïevski
Adagio a mis 10/10.
Annotation :
« Ils étaient là, tristes et abattus comme deux naufragés rejetés par la tempête sur un rivage désolé. Il regardait Sonia et sentait combien elle l’aimait. Mais, chose étrange, cette tendresse immense dont il se voyait l’objet lui causait soudain une impression pénible et douloureuse. Oui, c’était là une sensation bizarre et horrible. Il s’était rendu chez elle, tantôt, en se disant qu’elle était son seul refuge et tout son espoir. Il pensait pouvoir déposer au moins une partie de son terrible fardeau auprès d’elle et maintenant, quand elle lui avait donné son cœur, il se sentait infiniment plus malheureux qu’auparavant. »
Iliade
(traduction Mario Meunier)
Ἰλιάς
Sortie : 1943 (France). Mythes & épopée
livre de Homère
Adagio a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Et les Troiens, pleins d’espérance, passaient la nuit sur le sentier de la guerre, ayant allumé de grands feux. Comme, lorsque les astres étincellent dans l’Ouranos autour de la claire Sélènè, et que le vent ne trouble point l’air, on voit s’éclairer les cimes et les hauts promontoires et les vallées, et que l’Aithèr infini s’ouvre au faîte de l’Ouranos, et que le berger joyeux voit luire tous les astres ; de même, entre les nefs et l’eau courante du Xanthos, les feux des Troiens brillaient devant Ilios. Mille feux brûlaient ainsi dans la plaine ; et, près de chacun, étaient assis cinquante guerriers autour de la flamme ardente. Et les chevaux, mangeant l’orge et l’avoine, se tenaient auprès des chars, attendant Éôs au beau thrône. »
Le Château (1926)
(traduction Alexandre Vialatte)
Das Schloß
Sortie : 1938 (France). Roman
livre de Franz Kafka
Adagio a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
« Le château dont les contours commençaient à s’estomper était silencieux comme toujours, K. n’y avait encore jamais vu le moindre signe de vie, peut-être ne pouvait-on rien distinguer à cette distance, et pourtant le regard y aspirait et trouvait intolérable ce silence. Lorsqu'il regardait le château, K. avait parfois l'impression d'observer quelqu'un assis tranquillement à regarder devant lui, non pas perdu dans ses pensées et donc coupé de tout, mais plutôt libre et indifférent ; comme si cet homme était seul et que personne ne l'observait, mais cela ne troublait pas son calme et en effet — on ne savait pas si c'était la cause ou la conséquence —, le regard de l'observateur, incapable de se fixer, glissait sur lui. Cette impression était accentuée aujourd'hui par l'obscurité précoce : plus il regardait, moins il distinguait de détails, plus tout se noyait dans le crépuscule. »
La Horde du contrevent (2004)
Sortie : 15 octobre 2004. Roman, Science-fiction, Fantasy
livre de Alain Damasio
Adagio a mis 9/10.
Annotation :
« Qu'importe où nous allons, honnêtement. Je ne le cache pas. De moins en moins. Qu'importe ce qu'il y a au bout. Ce qui vaut, ce qui restera n'est pas le nombre de cols de haute altitude que nous passerons vivants. N'est pas l'emplacement où nous finirons par planter notre oriflamme, au milieu d'un champ de neige ou au sommet d'un dernier pic dont on ne pourra plus jamais redescendre. N'est plus de savoir combien de kilomètres en amont du drapeau de nos parents nous nous écroulerons ! Je m'en fiche ! Ce qui restera est une certaine qualité d'amitié, architecturée par l'estime. Et brodée des quelques rires, des quelques éclats de courage ou de génie qu'on aura su s'offrir les uns aux autres. »
Contes du jour et de la nuit (1885)
Sortie : 1885 (France). Recueil de contes
livre de Guy de Maupassant
Adagio a mis 9/10.
Annotation :
« Le soleil disparaît derrière l'Esterel, dessinant en noir, sur un couchant de feu, la silhouette dentelée de la longue montagne. La mer calme s'étend, bleue et claire, jusqu'à l'horizon où elle se mêle au ciel, et l'escadre, ancrée au milieu du golfe, a l'air d'un troupeau de bêtes monstrueuses, immobiles sur l'eau, animaux apocalyptiques, cuirassés et bossus, coiffés de mâts frêles comme des plumes, et avec des yeux qui s'allument quand vient la nuit. »
« C’était l’heure du thé, avant l’entrée des lampes. La villa dominait la mer ; le soleil disparu avait laissé le ciel tout rose de son passage, frotté de poudre d’or ; et la Méditerranée, sans une ride, sans un frisson, lisse, luisante encore sous le jour mourant, semblait une plaque de métal polie et démesurée. Au loin, sur la droite, les montagnes dentelées dessinaient leur profil noir sur la pourpre pâlie du couchant. On parlait de l’amour, on discutait ce vieux sujet, on redisait des choses qu’on avait dites, déjà, bien souvent. La mélancolie douce du crépuscule alentissait les paroles, faisait flotter un attendrissement dans les âmes. »