TOP 10 SEQUENCES 2017
11 films
créée il y a presque 7 ans · modifiée il y a presque 7 ansLa La Land (2016)
2 h 08 min. Sortie : 25 janvier 2017 (France). Comédie musicale, Comédie dramatique, Romance
Film de Damien Chazelle
Teklow13 a mis 10/10.
Annotation :
Echange final
Chaque scène du film pourrait terminer à la première place de ce top : l’intro virtuose, I Ran, l’audition, l’immense séquence musicale finale… bref toutes.
J’ai choisi ce qui est pour moi la plus bouleversante, l’ultime séquence, l’échange de regards et de sourires complices entre Mia et Sebastian.
Milles choses circulent durant de ce champ-contrechamp en 4 temps : le regard, le sourire, le hochement de tête de Sebastian et la sortie de scène. Mia sortant de la boite de jazz Seb’s, et définitivement de la vie de Sebastian. Lui retournant et s’enfonçant dans sa passion en rythmant la mesure à ses musiciens.
Il n’y a aucune rancœur dans cet ultime échange. Une forme de respect et de félicitations mutuels car chacun a réussi à aller au bout de ses ambitions (monter un club de jazz, devenir une actrice célèbre). De la tristesse liée à un amour contrarié qui ne s’est pas déroulé comme il aurait dû ou pu. L’amour ayant été dévoré par la passion des deux protagonistes (le jazz pour Sebastian, le métier d’actrice pour Mia). Du regret, le regret d’être passé à côté d’une belle et grande histoire d’amour. Et bien sûr de l’amour, car cette histoire d’amour amputée et non aboutie est toujours là, et les hante, et les hantera toute leur vie…
A Ghost Story (2017)
1 h 32 min. Sortie : 20 décembre 2017 (France). Drame, Fantastique, Romance
Film de David Lowery
Teklow13 a mis 9/10.
Annotation :
Là, dans la pénombre, j’attends…
A Ghost Story est relativement proche de Coco sur plusieurs points. Un fantôme, la peur d’être oublié, la peur de la solitude,…
Ici il s’agit de l’errance solitaire d’un fantôme rongé par la mélancolie. Qui voit la vie qu’il aurait pu vivre se dérouler sous ses yeux sans pouvoir y prendre part. Qui voit l’être aimé refaire la sienne et l’abandonner peu à peu, lui restant coincé dans une boucle spatiale et temporelle.
Difficile ici encore de ne choisir qu’une scène dans un film qui regorge de moments sublimes.
Je retiens la conversation muette entre deux fantômes. Pour sa puissance esthétique et poétique et pour l’intense émotion qu’elle dégage. Comme dans un miroir, deux fantômes, chacun à sa fenêtre, se font signe. Un fantôme attend quelqu’un, mais a oublié qui.
Puis la caméra s’éloigne et cadre la fenêtre lors d’un lent travelling arrière.
L’image est bouleversante et résume tout le projet du film. Un fantôme enfermé dans un cadre étroit (renforcé par le format 1.33) un cadre de fenêtre, enfermé dans une maison-prison. Le monde réel tente de le faire disparaître, les reflets sur les carreaux, mais il est toujours là. Seul, mélancolique, il attend. Mais il ne sait plus ce qu’il attend. Coincé dans un espace-temps, il est perdu. Il est oublié, il a oublié. Il hante le présent, le passé et le futur, il hante sa propre vie pour l’éternité. Il attend la délivrance, un message, un bout de papier, pour pouvoir quitter le monde sereinement.
The Lost City of Z (2017)
2 h 21 min. Sortie : 15 mars 2017. Aventure, Biopic, Drame
Film de James Gray
Teklow13 a mis 9/10.
Annotation :
Derrière le miroir
Le superbe film de James Gray se conclut par un plan merveilleux. La conclusion parfaite, le plan qui hante durablement et donne une dimension encore plus forte à tout ce qui s’est déroulé jusqu’alors.
Ce plan c’est Nina, femme esseulée qui a perdu ses deux hommes dans la jungle, son mari et son fils.
Nina apprend cette disparition mais maintient qu’elle garde espoir. Elle descend les escaliers et par magie passe de l’autre côté du miroir, s’enfonce et se perd à son tour dans la jungle.
C’est magnifique et troublant, rempli de mystère. Cette entrée dans la jungle laissant libre court à multiples interprétations. Suit-elle, à travers le parcours de son mari, sa propre obsession, celle de retrouver ses deux amours, plongeant à son tour dans la folie ? Se dirige-t-elle vers la mort ? ou au contraire (et c’est plus vraisemblable) s’enfonce-t-elle dans sa propre jungle, essayant d’atteindre sa cité perdue de Z à elle, le bout du chemin de sa quête, portée par l’espoir, celle de retrouver ses êtres aimés.
Coco (2017)
1 h 45 min. Sortie : 29 novembre 2017 (France). Animation, Aventure, Comédie
Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina
Teklow13 a mis 9/10.
Annotation :
L’évaporation du vieux mariachi
Comme dans la plupart des Pixar, ceux qui émeuvent durablement, il y a, à un moment du récit, une scène qui vient soudainement rompre la narration qui s’était déroulée jusque-là. Sans ambition larmoyante ni effet de rupture artificiel mais dans une continuité logique.
Ici il s’agit de la scène de l’évaporation du vieux mariachi. Cette scène marque une cassure au sein de la tonalité et du rythme jusqu’ici très enlevé, presque saturé en mouvements, couleurs, évènements,…. L’espace de quelques minutes, le rythme se pose, la mise en scène se feutre, les lumières se tamisent. Le petit Miguel et Hector sont dans le monde des morts et vont rendre visite à un vieux mariachi dans le but d’avoir des informations sur le père de Miguel. Le mariachi est allongé dans un hamac et semble rongé par un mal. Hector lui chante et lui joue à la guitare une dernière chanson, et celui-ci disparaît. Il a été oublié. Quand plus aucun vivant n’est là pour se souvenir d’une personne décédée, celle-ci disparaît, s’évapore définitivement.
Il ne faut pas grand-chose à Pixar pour engendrer une émotion profonde. Un regard, une parole, ici un shot de Tequila bu et retourné sur la table. Ce qui est magnifique avec ce studio, c’est la manière dont ils arrivent à tenir leur thématique, je préfère parler d’obsession, principale et à la décliner de film en film.
Cette scène rejoint la sublime évaporation de Ding Dong dans Inside Out, le final de Toy Story 3, Dory perdue et seule dans un océan immense et trouble, Wall E seul sur sa planète,….
A savoir la peur de tomber dans l’oubli, de rester seul, de disparaitre aux yeux des autres et de voir les autres disparaître. Ou de voir quelque chose disparaître. L’existence oui mais aussi le souvenir, l’enfance, la famille, l’amour,…
C’est très beau de parvenir à toucher à des choses aussi profondes et complexes tout en proposant un spectacle haut en couleurs et assimilable par tous.
Le Parc (2017)
1 h 11 min. Sortie : 4 janvier 2017. Comédie dramatique
Film de Damien Manivel
Teklow13 a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Echange de SMS
La longue scène d’échange de SMS constitue la séquence charnière du beau film de Damien Manivel.
Elle se situe au milieu du film et joue un rôle de transition, entre le jour et la nuit.
Avant cette séquence, c’était le jour. Deux lycéens se retrouvaient au milieu d’un parc en plein après-midi, discutaient, se promenaient, s’embrassaient. Mais alors que leur amour semblait culminer, le garçon annonce à la fille qu’il doit partir, l’abandonnant au milieu du parc.
Ce très long plan fixe fait basculer la narration. Le jour tombe peu à peu, les ténèbres envahissent l’écran, pendant que les deux lycéens continuent d’échanger par SMS. Ce plan merveilleux raconte uniquement par le biais de la mise en scène le passage d’une idylle amoureuse à une déception douloureuse, retranscrivant de façon subtile et très juste les vibrations d’un cœur brisé. On était dans un écrin d’une douceur rare, lumineux, bucolique, candide, rêveur et gracieux et on entre progressivement, au fil des envois de messages, dans la nuit et dans un conte fantastique, étrange et de plus en plus inquiétant. C’est très beau.
Blade Runner 2049 (2017)
2 h 44 min. Sortie : 4 octobre 2017 (France). Science-fiction, Drame, Policier
Film de Denis Villeneuve
Teklow13 a mis 9/10.
Annotation :
L’amour par procuration
Dans ce qui est peut-être la plus belle scène de sexe (d’amour) de l’année, Denis Villeneuve repousse les limites de la virtualité et de sa frontière avec le monde réel.
Ryan Gosling est un réplicant qui entretient une relation amoureuse avec une IA incarnée par Ana de Armas. Leur amour est passionnel mais inaccompli car tronqué de sa dimension charnelle. Ana de Armas est un hologramme, une image immatérielle. Afin de matérialiser leur amour sur le plan physique, elle loue les services d’une prostituée, d’un corps lui permettant d’interagir avec son être aimé. Ce fantôme va essayer de prendre possession de ce réceptacle pour l’habiter, le remplir. Comme le fantôme de Ghost in the Shell qui habite le corps plastique et parfait de Scarlett Johansson. Mais ici ce n’est pas une simple permutation, le virtuel devenant réel, le réel devenant factice et vide. L’esprit de la prostituée ne disparait pas totalement. Ce n’est pas une vampirisation de corps, mais une superposition. Durant cette belle scène de sexe, les deux femmes coexistent, c’est une étreinte à trois et c’est beaucoup plus troublant.
C’est le même trouble qui habite de façon générale les personnages et leur mélancolie durant tout le film, à savoir une réflexion sur ce que l’on est et que l’on incarne, et sur cette limite de plus en plus étroite et fusionnelle entre le réel et le virtuel, entre l’homme et la machine.
Certaines femmes (2017)
Certain Women
1 h 43 min. Sortie : 22 février 2017. Drame, Sketches
Film de Kelly Reichardt
Teklow13 a mis 6/10.
Annotation :
Une balade à cheval
J’aime beaucoup Kelly Reichardt, j’aime bien son dernier film, mais je ne suis pas totalement conquis. Je le trouve un peu bancal, un peu artificiel dans sa forme à 3 sketchs. Même s’il me reste de très belles choses, une atmosphère, des sons, des bruits de trains.
Au sein du film il y a malgré tout une des plus belles séquences de l’année. Une balade à cheval nocturne dans une petite ville du Montana. La balade de deux femmes qui vont diner. Jamie, jeune femme travaillant dans un ranch et Beth son enseignante paumée dans une ville étrangère.
Jamie est éprise de Beth. La scène est magnifique car elle est située hors du temps. C’est une échappée magique, irréelle, d’une délicatesse infinie. Les jeunes femmes se détachent du décor, elles flottent dans l’espace et dans la nuit. Le temps s’arrête pendant quelques minutes, le temps du film, le temps de leur vie de femme.
Un beau soleil intérieur (2017)
1 h 34 min. Sortie : 27 septembre 2017. Drame
Film de Claire Denis
Teklow13 a mis 7/10.
Annotation :
Open
Si le film de Claire Denis est très réussi, très drôle et porté par une magnifique Juliette Binoche, il se conclut en beauté avec une séquence qui s’étire à l’infini, au-delà du générique et du film.
Il s’agit d’un échange, d’un dialogue, en champ-contrechamp entre 2 monstres, Binoche donc, et un Depardieu une fois encore extraordinaire. C’est un grand moment et un grand plaisir de jeu d’acteurs, fort et hilarant.
« Restez open, reprenez le grand chemin de votre vie et vous retrouverez un beau soleil intérieur »
Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc (2017)
1 h 45 min. Sortie : 6 septembre 2017 (France). Comédie musicale, Biopic
Film de Bruno Dumont
Teklow13 a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
L"oncle slamer
Ce n’est pas une scène, mais une collection de scènes. Le dernier film de Dumont est fou, d’une audace rare, mais les apparitions de l’oncle slamer constituent ce que j’ai vu de plus dingue durant cette année de cinéma. Je crois qu’il n’y a que Dumont pour tenter aujourd’hui des choses aussi barrées et ça fait un bien fou. C’est étonnant, hilarant, gênant, inconfortable, c’est un vrai plaisir.
Un avant-poste du progrès (2016)
Posto Avançado do Progresso
2 h 01 min. Sortie : 10 mai 2017 (France). Drame
Film de Hugo Vieira da Silva
Teklow13 a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
les contrastes de couleurs 1/2
En dernière place de ce top je ne choisis pas une séquence particulière, mais deux visions fortes, deux chocs esthétiques, marqués par une utilisation de la couleur intelligente et passionnante.
Dans les deux films, l’utilisation de la couleur, accentuée par le travail sur la lumière, suffit à transmettre l’idée politique du film et à marquer durablement la rétine. Comme Godard savait par exemple très bien le faire.
L’image d’un avant-poste du progrès, c’est un tableau, un immense aplat vert et marron au milieu duquel sont posés deux points blancs. Deux colons, deux étrangers qui surgissent du plan, qui font « tâches ». Deux hommes perdus au milieu de la jungle, dans un environnement, pour eux hostile, dans lequel ils ne parviendront jamais à s’intégrer. Les personnages restent en surface, ils ne pénètrent pas le décor. La dimension picturale oppose l’homme et le milieu dans lequel il évolue.
The Florida Project (2017)
1 h 51 min. Sortie : 20 décembre 2017. Drame
Film de Sean Baker
Teklow13 a mis 7/10.
Annotation :
Les contrastes de couleurs 2/2
C’est à peu près la même chose dans The Florida Project.
Ici c’est l’espace dans lequel évoluent les personnages qui est coloré. C’est un décor aux couleurs pastel ou vives. Une sorte de prolongement esthétique disneyen. Comme si Disney World situé à quelques kilomètres dégoulinait sur ces banlieues avoisinantes. Les couleurs sont sublimes, on dirait du Tashlin, ou du Demy. Mais ce n’est pas beau pour être beau. Toute la réflexion du film réside dans ce contraste fort entre un environnement coloré, un décor, camouflant à l’intérieur la crasse et la pauvreté d’une Amérique marginalisée, celle des délaissés, ceux que l’on ne veut pas voir, que l’on cache.
Les personnages ne collent pas à cette façade factice. Là encore, comme dans un avant-poste, il n’y a pas d’harmonie, pas de réelle intégration. Les personnages, vrais, vivent derrière, dans ce que l’on ne voit pas, et font « tâche » lorsqu’ils ouvrent la porte et apparaissent au milieu du faux décor.