▲ Trey Spruance
Notre principal intéressé ici est essentiellement connu en tant que meneur du projet Secret Chiefs 3, ainsi que co-fondateur du groupe Mr Bungle. Tantôt véritable perfectionniste élitiste, tantôt death-métalleux parodique masqué anonyme (longtemps non-assumé), Trey Spruance est une ...
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créee il y a environ 9 ans · modifiée il y a presque 5 ansThe White EP (EP) (1982)
Sortie : 1982 (France).
EP de Pop-O-Pies
Vilain_officiel a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
▲ Les débuts...
Mes quelques investigations m'ont amené à croire que le premier groupe dans lequel Spruance a joué, et ayant enregistré et publié de la musique, fut Pop-O-Pies, à qui on doit cet EP de punk rock américain décalé et déjà influencé par la musique funk et le rap. Pour le calcul, Trey Spruance était alors âgé de... 13 ans.
Loin d'être une grande expérience, le disque révèle quelques idées intéressantes derrière un ensemble immature et peu abouti. Sans doute l'influence de DEVO est-elle présente sur la galette, le groupe étant une des étapes musicales "clé" dans le développement du Trey adolescent de cette époque.
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Le jeune guitariste aura également fait partie d'un groupe de metal ambient nommé "Scourge" dans les années 80s, mais on n'en trouve aucune trace sur SensCritique.
Voici quelques extraits pour le moins inventifs, dans un registre horrifique, issus d'une démo de 1990 :
- https://soundcloud.com/alaraco/sets/scourge-trey-spruance-scourge
- https://www.youtube.com/watch?v=rPXSxCAXgxQ
Ce qui est marrant c'est qu'on retrouvera certaines idées semblables bien plus tard dans Mr Bungle (je pense à la descente chromatique sur Travolta notamment).
The Raging Wrath of the Easter Bunny (EP) (1986)
Sortie : 1986 (France).
EP de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 7/10.
Annotation :
▲ MR. BUNGLE
On entre dans le vif du sujet avec le premier EP de Mr Bungle. Le groupe est co-fondé par Spruance aux côtés de son ami Trevor Dunn et du jeune chanteur excentrique Mike Patton, tous les trois étant issus du même lycée. En 1986, les trois jeunes gens sont passionnées de musiques funk, jazz, et ska, mais ne trouvent rien de mieux à faire que d'enregistrer un disque de death metal (bon n'oublions pas que les trois compères sont également férus de thrash, notamment Slayer, alors ça se comprend).
Le ton est immédiatement humoristique, et pourtant, sur le plan mélodique (si si) comme sur le plan énergique, tout fonctionne. Evidemment la qualité du son cassette est très mauvaise, et même si tout n'est pas en place, il y a déjà quelques ingrédients sont là pour faire un groupe de metal barré et culte. Mais il y a un "mais".....
Bowel of Chiley (EP) (1987)
Sortie : 1987 (France).
EP de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 7/10.
Annotation :
... et ce "mais", ou plutôt ce contrepied, se concrétise sous le nom de Bowel of Chiley.
On oublie le metal pour n'en garder que quelques rares intrusions, et on se consacre de manière décalée et furieuse au réemploi de musiques afro-américaines et caribéennes : funk, soul, rnb, ska, reggae, rock n roll... La guitare rythmique de Spruance vient essentiellement compléter les séquences de slap de Dunn, pour un ensemble détonant sur lequel le chant énergique et décalé de Patton vient se greffer.
Loin de n'être qu'un album parcourant les styles musicaux favoris de ses jeunes auteurs, Bowel of Chiley n'hésite pas à fusionner et à innover dans le bon sens du terme. Ca peut paraître un rien simpliste à côté de ce qui sera expérimenté tout au long des années suivantes, mais c'est surtout un hommage à la culture américaine, aux bonnes vieilles chansons, aux dessins animés, au sexe. On retrouve la patte du groupe sur Incoherence, sorte de faux medley zornien avant l'heure, et Carousel, futur tube du groupe ré-enregistré plusieurs fois, basé sur une rythmique ska à l'ambiance de cirque.
Goddammit I Love America! (EP) (1988)
Sortie : 1988 (France).
EP de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 6/10.
Annotation :
EP dans le même ton que le précédent, en beaucoup plus défini commercialement parlant. Peut-être plus aseptisé, jusque dans l'enregistrement du son, et dans l'acalmie du jeu des musiciens. L'humour douteux et immature est toujours présent et sera la marque de leur futur premier album. À noter qu'une reprise de "I need you tonight" de INXS figure en plein milieu d'un morceau.
OU818 (EP) (1989)
Sortie : 1989 (France).
EP de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 7/10.
Annotation :
Toujours sur ce ton grossier et outrancier, Bungle poursuit son aventure funky-ska en réincorporant les riffs de guitare qui faisaient sa patte des débuts.
Certes Spruance jouait déjà des séquences saturées sur les deux précédents EPs, mais jamais avant OU818 le groupe n'avait aussi bien rendu la sensation d'avoir véritablement fusionné les univers funk et metal. C'est parfaitement dans l'air du temps évidemment (des groupes comme Red Hot Chili Peppers --pour ne citer qu'eux-- émergent à la même période), mais rien ne m'empêche de trouver un charme largement supérieur à cette galette plutôt qu'aux autres groupes de fusion, pour son délire parfaitement maîtrisé.
Musicalement, les structures sont déjà démentes et intelligemment montées. Sur le plan technique, notons qu'à seulement 20 ans, Trey Spruance multiplie les jeux rythmiques funk, les solos saturés et crados, et les riffs de metal complexes, souvent calqués non pas sur de simples powerchords mais sur des accords diminués ou recherchés donnant une ambiance singulière qui jouera pour beaucoup dans la patte de leur premier album éponyme.
(( Et en bonus, petit solo en live de Mr Nice Guy, tordu et sale, du Spruance dégueu mais parfait [au tout début de la vidéo] : https://www.youtube.com/watch?v=cRLINkI0EoM ))
Mr. Bungle (1991)
Sortie : 10 octobre 1991 (France). Hardcore punk, Noise, Experimental
Album de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Et justement, j'y viens enfin, le premier album de Mr Bungle. Un régal de vulgarité gratuite, de scatophilie pornographique gore et de riffs barrés et décousus dans une ambiance adolescente faussement stupide.
Pour la petite histoire, c'est lorsque Mike Patton fit écouter les démos de Mr Bungle aux membres du groupe Faith no More qu'il décrocha son poste de chanteur au sein de ce dernier. Par jeu de relations, Mr Bungle obtiendra alors la chance d'être propulsé par la major Warner dès son premier album, un comble pour un album aussi décalé à l'époque.
À la production, ni plus ni moins que le jazzman avant-gardiste John Zorn.
Pour ce qui est de la musique elle-même, on comprend par les confidences de Trey Spruance que celui-ci cherchait avant tout à apporter de la profondeur et une dimension supplémentaire à un genre pourtant émergent (la fusion), d'où l'utilisation de nappes de claviers bizarres, de structures ultra-décousues, et, j'en parlais, d'ambiances sombres à base d'accords diminués ou peu conventionnels (qui sont délibérément choisis pour leur singularité, de l'aveu de Spruance).
Disco Volante (1995)
Sortie : 10 octobre 1995 (France). Rock, Hardcore, Noise
Album de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Allez, anecdote gratuite qui aidera a minima à comprendre en partie la musique de Mr Bungle. Spruance raconte que lorsqu'il présentait ses compositions, en commençant naturellement par la partie rythmique, le batteur Danny Heifetz n'y trouvait souvent aucun sens et s'ennuyait, jusqu'à ce que les parties finales comme la guitare et le synthé soient ajoutées soient ajoutées, provoquant étonnements enthousiastes et emphase. Comme quoi la musique c'est souvent un tout étant plus que la somme de ses parties.
Disco Volante est le chef d'oeuvre de Mr Bungle à mon sens. L'album que les ignorants taxent trop vite de "géniale improvisation délirante" (ou de "connerie abjecte et insensée"). Spruance les recadre : tout sur cet album est calculé, millimétré.
C'est l'évidence quand on l'écoute sérieusement : l'ensemble "free jazz/tango/metal/techno/polka/cirque/dark ambient/lounge" proposé ici est décousu mais structuré de manière précise et parfaite. Tout est mis au service des idées musicales de l'album, tout. Rarement un album n'a su si bien illustrer l'idée de folie.
Histoire de parler un peu de filiation, on peut noter que le morceau "Desert Search for Techno Allah", mêlant musiques arabes et techno, présente des similitudes flagrantes avec ce qui sera fait bien plus tard au sein de Secret Chiefs 3, en des formes rudimentaires cependant.
1995-12-02: The Howlin' Wolf, New Orleans, LA, USA (Live) (1995)
Sortie : 2 décembre 1995 (France).
Live de Mr. Bungle
Vilain_officiel l'a mis en envie.
Annotation :
Sauf erreur, ce live est issu de la tournée intitulée "Théâtre de la cruauté" (inspiré du concept d'Antonin Artaud, et qui inspirera plus tard Johnny Cheval).
Les lives de l'époque de Disco Volante, pour ce que j'en ai vu sur YouTube, semblaient particulièrement recherchés en terme d'ambiance et spectacle (déguisement de clowns et de S/M, percussions, ambiances sombres, abordage inquiétant du jazz, expérimentations bruitistes, etc.). Je vous invite à en chercher des extraits malgré la qualité sonore.
California (1999)
Sortie : 13 juillet 1999 (France). Rock expérimental, Art Rock
Album de Mr. Bungle
Vilain_officiel a mis 8/10.
Annotation :
Le troisième album de Mr Bungle se caractérise par un son nettement différent des précédents, faussement pop, jouant sur les variations entre soul, surf rock, et autres musiques populaires, afin de mieux les démonter.
Je ne détaillerai pas grand chose ici si ce n'est rappeler que Spruance côtoie le violoniste Eyvind Kang dans les studios d'enregistrement à cette époque, ce qui explique peut-être en partie la collaboration au sein de Secret Chiefs 3, mais cela reste à confirmer. Un album très éclectique qui laisse une place modeste au guitariste tout en lui laissant un champs varié de jeux à tenir. Très intéressant.
Autre point, on comprend en fait que Trey Spruance a grandi avec Mr Bungle. Pour parler rapidement : de ses 15 ans à ses 30 ans, il a évolué musicalement auprès d'un groupe et d'un univers qui a changé du tout au tout. Le guitariste s'est enrichi en outre d'expériences très variées qui l'ont formé pour l'avenir. Après quoi Mr Bungle se séparera définitivement, pour des raisons avant tout humaines, si on en croit les interviews (les personnalités de Spruance et de Patton posant problèmes dans certaines situations, et ce malgré leurs affinités).
Uncomfortable but Free (1995)
Sortie : 1995 (France).
Compilation de Faxed Head
Vilain_officiel a mis 4/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
▲ FAXED HEAD
Je suis déjà tombé sur une interview de la fin des années 2000s où Spruance était interrogé sur sa prétendue appartenance au groupe Faxed Head. L'intéressé répond quelque chose comme : "je ne sais pas du tout de quoi vous parlez". Et pour cause, ce groupe est complètement pourr... difficile à assumer.
Cycliquement, ça détermine le concept (musical et scénique) du groupe, les membres de Faxed Head jouent tous masqués et conservent une certaine forme d'anonymat.
Afin de cerner l'idée de ce projet, je vais illustrer par le pitch de la manière la plus simple : des adolescents attardés rescapés d'une tentative de suicide collectif décident de se lancer dans la musique death metal malgré leurs handicaps physiques et mentaux. C'est à peu près tout si ce n'est qu'en conséquence les textes sont débiles et outranciers et la musique tout autant... Un groupe orienté vers l'humour, mais un humour porté par le langage musical.
À ne pas mettre entre toutes les oreilles...
(note : il s'agit ici d'une compilation d'EPs et pas d'un véritable album ... je n'ai pas mis tous les enregistrements du groupe dans la liste, mais on compte également 3 EPs + 1 avec Breathilizor)
Exhumed at Birth (1997)
Sortie : 1997 (France).
Album de Faxed Head
Vilain_officiel a mis 6/10.
Annotation :
C'est mieux, sans doute plus construit, mais c'est pas encore ça.
Chiropractic (2001)
Sortie : 2001 (France).
Album de Faxed Head
Vilain_officiel a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Selon moi la vraie pépite et l'aboutissement de ce projet pourtant initialement parodique et bancal. Fier de mélodies sombres et envoutées et de sonorités certes crades mais malgré tout très recherchées, l'album propose finalement une cohérence musicale à toute épreuve et ce malgré l'omniprésence d'un humour philosophique crétin et puéril. Un vrai comble.
L'ambiance qui se dégage de cette galette est tout simplement délicieusement touchante, c'est un très bel album ; j'en pleure presque à l'écoute. En un mot : mon chouchou.
Et puis quelle meilleure conclusion pour ce projet que de reprendre California Love de Tupac ? Un gros plaisir.
Archaeolgy of the Infinite (1995)
Sortie : 9 août 1995 (France). Rock, Experimental, Alternative Rock
Album de Three Doctors Band
Vilain_officiel a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
▲ THREE DOCTORS BAND
Groupe fondé par le producteur Gregg Turkington, ami de Trey Spruance, et à cette époque membre de groupes déglingués comme Caroliner Rainbow, Zip Code Rapists, Neil Hamburger... (mais aussi Faxed Head !)
On trouve très peu de documentation sur ce projet qui dans l'esprit se trouve proche de Sun City Girls et Caroliner. Et c'est bien dommage, parce que c'est un vrai bol de belles trouvailles faussement avant-gardistes et primitives.
La musique de Three Doctors Band gravite autour de trois guitares extra-terrestres, dont celle de Spruance, jouant dans des registres blues/folk déformés par des effets étranges, jusqu'à ne plus en être du tout. L'ensemble est brouillé et planant. Gregg Turkington chante par dessus des textes étrangement stupides.
Trey Spruance décrit le projet comme ouvertement "extrême" et "inécoutable", mais "pas de la manière dont les gens s'attendent" (il se réfère notamment à la scène noise en pointant le fait que finalement celle-ci se répétait en reproduisant les mêmes gimmicks convenus). En gros il faut comprendre, d'un point de vue formel, la musique de Three Doctors Band comme une sorte de renouveau complet.
Personnellement je trouve qu'on n'y trouve pas grand chose d'extrême à l'écoute, sans doute est-ce dû aux années qui ont passées, et c'est d'ailleurs tant mieux en un sens. Très bon album.
Back to Basics, Live!
Sortie : 0001 (France).
Album de Three Doctors Band
Vilain_officiel l'a mis en envie.
Weird Little Boy (1998)
Sortie : 21 avril 1998 (France). Avantgarde, Jazz, Rock
Album de Weird Little Boy
Vilain_officiel a mis 4/10.
Annotation :
▲ WEIRD LITTLE BOY
Projet annexe et mineur auprès de Mike Patton et John Zorn, Weird Little Boy est à mon sens le parfait exemple de l'album dit "avant-gardiste" qui ne présente pas le moindre sens. Il s'agit d'une production expédiée en un temps éclair, oscillant entre jazz, musique contemporaine, et noise. Malgré des efforts (et du talent) en ce qui concerne la texture sonore, on ne trouvera rien de très intéressant sur cette pauvre galette.
Il est d'ailleurs assez intéressant de noter que chaque membre ayant participé au projet exprime de la déception vis-à-vis de celui-ci, Spruance étant le plus virulent d'entre-eux, critiquant violemment ce qui lui semble être à la fois un mauvais album et l'idée-même de réunir des musiciens reconnus juste pour les réunir sans ne rien raconter de spécial d'un point de vue musical.
À mon sens, l'album a pourtant des (très insignifiantes) qualités formelles, mais rien d'abouti ni de sensé.
The Theatrum of Suprasensory Universes, Vol. 1 (EP) (1998)
Sortie : 1998 (France).
EP de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
▲ SECRET CHIEFS 3
J'ai dit tout à l'heure avec Mr Bungle qu'on entrait dans le vif du sujet, mais à bien des égards le "vrai" vif du sujet concerne Secret Chiefs 3, projet phare qui occupe l'essentiel du temps de Trey Spruance depuis bientôt 20 ans.
J'avais dit plus haut que le projet Secret Chiefs 3 avait démarré pendant les sessions de Disco Volante avec des collègues de Bungle. Ces débuts sont musicalement proches de ce que fait Bungle à cette époque, en encore plus décousus et teintés d'influences moyen-orientales (mais aussi européennes, il faut le noter). Le résultat est une sorte d'ambient progressif qui ne sait échapper à quelques délires jazz et/ou bruitiste.
Dans le même temps, Spruance s'intéresse à d'autres cultures et se prend d'une passion pour les musiques traditionnelles perses et médiévales italiennes, dans lesquelles il voit de nombreux points communs, ce qui encourage le développement de son projet. Le titre "Secret Chiefs 3" se comprend comme une référence à un principe harmonique ancien : lorsqu'il y a trois éléments dont deux s'opposant, le troisième n'est pas seulement un médiateur mais il les engendre en un sens.
First Grand Constitution and Bylaws (1996)
Sortie : 30 septembre 1996 (France). Prog Rock, Rock, Jazz
Album de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 4/10.
Annotation :
Le premier album de Secret Chiefs 3 se veut radical dans son approche. J'ai évoqué dans les grandes lignes ce que représentait la musique du projet à ce stade là. First Grand Constitution illustre la chose par un éclectisme impressionnant, s'aventurant de manière quasi-cinématographique (quoiqu'on est plus proche du dessin animé survolté) dans un désert bruitiste et désordonné, entre percussions de l'orient et kitschissimes synthétiseurs, allant même jusqu'au mauvais goût de proposer une chanson de grunge entre deux essais avant-gardistes.
Le résultat est foutraque et déroutant.
Second Grand Constitution and Bylaws: Hurqalya (1998)
Sortie : 1998 (France). Surf, Drum'n'Bass, Rock
Album de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le réel tournant de Secret Chiefs 3 --et à mon sens le point déterminant de la trajectoire musicale de Trey Spruance en général-- concerne ce deuxième album. Véritable mine d'or aux influences éclectiques, cette "Seconde Grande Constitution" se veut assez proche de Mr Bungle par son esprit de synthèse et de construction minutieuse du chaos, et pourtant à des années-lumière de ce qu'était effectivement Bungle en terme de sonorité. Alors oublions ce groupe et parlons de Secret Chiefs une bonne fois pour toutes !
S'inspirant de lectures ésotériques et mystiques, films indiens, musiques traditionnelles perses et arabes, innovations breakcore et autre musiques occidentales, Trey Spruance y définit ce qui sera la musique du groupe pour les années à venir, avec ses caractéristiques symbioses entre éléments traditionnels et modernes bien choisis, ses combinaisons culturelles détonantes, variées, et formant pourtant un tout cohérent et unique.
En bref, SC3 surprend ici en premier lieu par sa radicalité et sa cohérence pourtant évidente et lucide. Entre musiques cinématographiques, surf rock, electro, et instrumentations traditionnelles, tout est construit et millimétré pour fonctionner à la perfection. Les "vrais" débuts --à mon sens-- d'un groupe indispensable.
Eyes of Flesh Eyes of Flame (Live) (1998)
Sortie : 1998 (France).
Live de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 8/10.
Book M (2001)
Sortie : 18 septembre 2001 (France). Rock, Abstract, Experimental
Album de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 7/10.
Annotation :
L'aventure se poursuit ici sur un album davantage orienté electro, touchant un peu à tout (breakbeat, techno, dance, etc.) tout en conservant cette constante moyen-orientale si caractéristique. Chaque portion de l'album est lié par tout et si peu à la fois, c'en est fragile et respectable.
Difficile sera la digestion, mais c'est la marque des grands albums.
Il ne faut pas comprendre la musique de Secret Chiefs 3 comme de l'avant-garde, elle va en fait dans un sens opposé, c'est un retour à des principes harmoniques anciens, une synthèse de cultures du passé et du présent, qui donne une impression d'inhabituel car c'est une redécouverte totale, auquel il est finalement facile d'accrocher pour qui fait l'effort.
C'est à partir de cet album que Spruance se montre de plus en plus soucieux de faire correspondre les morceaux de SC3 à la nature originelle des choses, bien qu'il s'en écarte encore très largement par des trouvailles esthétiques sublimes (dont certaines sont un peu vulgaires, notamment sur Book of Horizons).
Book of Horizons (2004)
Sortie : 25 mai 2004 (France). Death Metal, Folk Rock, Electronic
Album de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 7/10.
Annotation :
La trajectoire se complique ici puisque Spruance décide de présenter Secret Chiefs 3 comme l'association de sept entités distinctes opérant dans des genres musicaux différents (comme autant de groupes, basés sur 7 planètes), soit six sphères fondamentales que sont Ishraquiyun, Forms, Holy Vehm, Traditionalists, UR, NT Fan, gravitant autour de l'Electromagnetic Azoth, sorte de nuage qui les unit, distille les idées de chaque sphère et les replace dans d'autres.
Secret Chiefs 3 est présenté comme fondé sur cette constante (elle-même inspirée des lectures de son leader), et Book of Horizons paraît alors pour en illustrer l'idée. Le résultat est évocateur. Un album qui aurait du sonner comme une bête compilation, de par son trop large grand écart dans l'éclectisme, présente finalement la plus subtile et fragile des cohérences.
Jamais un album réunissant de réels morceaux de polka, death metal, musiques perses, electro, surf rock, etc. (et sans forcément les mélanger !) n'aura semblé si cohérent.
La méthode Spruance appliquée, testée et approuvée. Chaque morceau semble en effet se répondre de manière implicite, la culture russe répondant par exemple aux cultures du moyen-orient. Il faut y ajouter la constante presque narrative, le death metal complétant par exemple les expérimentations classiques contemporaines d'une manière musicale, et on obtient un livre aux horizons difficilement dépassables.
Path of Most Resistance (2007)
Sortie : 7 mai 2007 (France). Surf, Rock, Avantgarde
Compilation de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 5/10.
Annotation :
Une compilation sensée et irréprochable, loin de n'être qu'un best-of. A déjà figuré dans mon top 10 d'ailleurs.
Purple Pickle Eater (EP) (2008)
Sortie : 2008 (France).
EP de Secret Chiefs 3 et Quintron
Vilain_officiel a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Petit split avec Quintron. Ici Secret Chiefs 3 garde un motif d'inspiration orientale, mais celui-ci est joué dans un style cartoon/collage saccadé proche de Theatrum, voire de Disco Volante, laissant ainsi une place cohérente au son electro cartoon déglingué de Quintron. Le morceau de Quintron est d'ailleurs plus sensuel, voire un peu salace selon les points de vue. Les deux se complètent bien, à tel point qu'on dirait qu'ils jouent chacun sur le morceau de l'autre (mais si c'est le cas, ça n'est pas crédité à ma connaissance).
(+ très bref clin d'oeil à Donkey Kong dans le morceau de SC3)
Xaphan: Book of Angels, Volume 9 (2008)
Sortie : 15 avril 2008 (France). Surf, Rock, Jazz
Album de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 8/10.
Annotation :
A contrario des précédents albums de Secret Chiefs 3, celui-ci n'est pas du tout composé par l'initiateur du projet, mais intégralement par John Zorn, qui, dans le cadre du projet "Masada Book of Angels", fait interpréter à d'autres musiciens ses compositions. Le produit qui peut en sortir est finalement très variable en terme de rendu artistique comme d'expérience musicale ou de qualité. Généralement c'est bon voire très bon.
Alors quand on place sieur Spruance aux commandes [et c'est peu de le dire, il y joue 8 instruments et s'occupe de l'enregistrement et du mixage], ça donne le meilleur Book of Angels qu'il m'ait été donné d'entendre, et de très loin.
Contrastant avec les précédentes sorties de SC3, l'expérience Xaphan se joue davantage dans la subtilité et la longueur du propos, en bon album de jazz qu'il est. C'est à dire que les motifs des différents tableaux se répètent de manière plus insistante, et ce afin d'en extraire constamment toute l'essence jusqu'à l'épuisement.
Afin d'obtenir le meilleur résultat dans cette optique, Spruance aura du accomplir un travail colossal sur les arrangements, jouant sur les nuances sonores à travers chaque texture et instrument. Le tout sublime alors les compositions de Zorn, aux structures ingénieuses et mélodies merveilleuses, véritable voyage entre inspirations juives européennes et moyen-orientales. En conséquence l'album a tout a une patte à la fois très moderne et très ancienne, incomparable, et ce malgré un titre assez générique.
Le mani destre recise degli ultimi uomini (OST) (2009)
Sortie : mai 2009 (France). Stage & Screen, Folk, World, & Country
Bande-originale de Secret Chiefs 3 et Traditionalists
Vilain_officiel a mis 5/10.
Annotation :
Fausse bande-son pour un giallo imaginaire. Je l'aimais beaucoup avant, dans une optique très hanatarashienne/zornienne, avec des séquences très courtes, et des morceaux magnifiques. C'est très différent des autres albums de Secret Chiefs 3 (Traditionalists n'est qu'une des sphères du groupe), on est proche de la musique classique d'avant-garde et de diverses formes de fusion.
Satellite Supersonic, Volume 1 (2010)
Sortie : 25 mai 2010 (France). Rock, Electronic, Avantgarde
Compilation de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Une compilation sur le thème de l'espace, comprenant des pistes inédites comme des pistes connues.
Book of Souls: Folio A (2013)
Sortie : 19 novembre 2013 (France). Rock, Electronic, Classical
Album de Secret Chiefs 3
Vilain_officiel a mis 6/10.
Annotation :
Deuxième volet de la trilogie dont Book of Horizons se veut le premier [et on attend toujours le suivant], Book of Souls affiche une structure globale découpée par des sortes de spots radios électroniques et violents.
Autre particularité de l'album, les influences européennes se font davantage sentir, entre compositeurs romantiques français, littérature russe, pseudo-post-punk, chanson belge (avec une reprise de Jacques Brel chantée par... Mike Patton), SC3 dénote d'un très léger décalage avec son passé. C'est dans le même temps que le groupe reprend la "Danse macabre" de Camille St-Saëns en concerts, ça donne une idée.
Pourtant rien n'est trahi, les 7 entités sont toujours bel et bien là et la primauté de la musique dite "moyen-orientale" n'est absolument pas perdue, Balance of the 19 et Tistrya tenant l'intro et la conclusion de l'aventure avec brio.
D'ailleurs Tistrya est caractéristique de ce que j'adore dans les morceaux de Ishraqiyun, avec son rythme irrégulier hypnotique et sa virtuose guitare orientale traditionnelle... c'est à mon avis une constante délectable qu'on trouve sur à peu près tous leurs disques.
Personnellement je trouve qu'on est face à un album qui tient des morceaux sérieusement géniaux, et qui pourtant arrive presque à me laisser sur ma faim. Dans l'ensemble, peut-être est-il inférieur aux autres productions du groupe.
Perichoresis (2014)
Sortie : 21 octobre 2014 (France). Rock, Experimental, Electronic
Album de Secret Chiefs 3 et Ishraqiyun
Vilain_officiel a mis 8/10.
Annotation :
Ishraqiyun est une des 7 entités les plus importantes au sein de SC3, si ce n'est la plus caractéristique. C'est elle qui synthétise les influences perses, arabes, grecques, et indiennes, et qui par des procédés complexes --dont Spruance a le secret de par sa maîtrise des instruments et modes mélodiques--, en extrait une musique unique.
Perichoresis est intégralement interprété par Ishraqiyun, ce qui lui confère un caractère plus que singulier. Certains l'ont taxé à demi-mots de monotonie, d'autres lui vouent presque un culte (c'est aux concerts de Secret Chiefs 3 qu'on rencontre des passionnés, des vrais, au sens clinique du terme).
Mon point de vue est que cette galette est unique à bien des égards. Elle propose non seulement une approche complètement ishraqiyunesque de la musique, mais surtout elle réinvente Ishraqiyun tout en l'exploitant sous tous ces aspects. Au procédé de base viennent en effet se greffer des influences jazz et electro, ainsi que des structures poly-rythmiques complexes reposant sur des principes mathématiques anciens.
Malgré toutes ces innovations, il s'agit de l'album où les compositions de SC3 se trouvent le plus fidèles à la nature originelle des choses. Jusqu'ici on avait souvent des intervalles ou des techniques qui auraient été exclus par cet album fondamentalement plus traditionnel, ce dernier utilisant pourtant les techniques d'aujourd'hui dans ses instrumentations et ses influences d'exécution. Un étrange paradoxe, qui donne à Perichoresis une saveur toute particulière. Très recommandable.
Pour la petite info, il est prévu qu'un album entièrement joué par Holy Vehm sorte un jour... avis aux death-metalleux...
The Book Beri'ah (2018)
Sortie : juillet 2018 (France).
Album de John Zorn
Annotation :
Le disque 10 ce projet zornien immense (en quantité), Malkhut, est interprété par Secret Chiefs 3, comme l'avait été Xaphan.
À l'heure où j'écris ça, je ne l'ai écouté qu'une fois et n'y ai pas trouvé un grand intérêt.
King for a Day... Fool for a Lifetime (1995)
Sortie : 13 mars 1995 (France). Rock, Alternative Rock, Alternative metal
Album de Faith No More
Vilain_officiel a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
▲ Collaborations diverses
(Retour aux années Bungle) À cette époque en effet, Spruance accepte de jouer des parties de guitares sur le groupe qui fait connaître son pote Mike Patton. Il a aidé à la composition de certains morceaux : "Evidence", "Cuckoo for Caca" [d'ailleurs il semblerait que le titre vienne de Spruance], "Ugly the Morning", "King for a Day"," What a Day", ainsi que les paroles de "Just a Man".
Le comble c'est que Spruance exprime un avis mitigé sur l'album et la musique de Faith no More en général, lui reconnaissant des qualités mais avouant trouver certains trucs assez merdiques (je crois qu'il dit "shitty" en interview mais c'est à re-vérifier).
Personnellement je trouve ça de mauvais goût mais terriblement attachant et inventif, de la lounge au metal il n'y a qu'un pas...