Voyage à Londres

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Londres m'a vite paru être ce qu'on appelle, en langage "journaliste de TF1" (oxymore) un "temple de la consommation". Immenses panneaux publicitaires, magasins omniprésents, etc. Les lieux les plus célèbres restent... les grands magasins, Marks & Spencer, Harrods. Et tout est sponsorisé, même les décorations de Noël, financées, cette année, par le film "Une nuit au musée 3".

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D'ailleurs, les élèves aussi sont des consommateurs-nés. D'abord, une bonne moitié des filles qui sont venues à Londres n'avaient qu'un seul objectif : faire les boutiques (c'est tout juste si elles ne se plaignaient pas qu'on fasse des visites de musées, qui prenaient du temps inutiles sur leurs achats).
En général, les léèves se comportent en consommateurs. Consommateurs d'un système scolaire qui, désormais, considère les parents comme des "clients" qu'il faut satisfaire à tout prix, au mépris de tout aspect éducatif.

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Là aussi, ce n'est pas une nouveauté pour les profs qui daigneront me lire, mais l'absence de culture des élèves est toujours source de sidération. Les propos qui suivent sont véridiques, sinon ça n'aurait aucun intérêt; ils ont été prononcés lors de la visite de la reconstitution du théêtre du Globe, de Shakespeare :
"Shakespeare, c'était pas un chien ?
_ mais non, le chien, c'est Beethoven"

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A Londres, les grands musées nationaux sont gratuits. Forcément, c'est une chose non négligeable. Mais à quel prix ?
Au prix d'une privatisation à peine masquée. Le mécénat est devenu essentiel, chaque musée nous propose, à son entrée, une liste des principaux donnateurs. Quant aux expositions temporaires, elles sont carrément sponsorisées ("l'exposition Vases de Chine vous est présentées par BP"). ça ne manque pas de me déranger, quand même...

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Une promenade dans Londres nous montre les rues de maisons de briques, les pubs vieux de 150 ans, etc. On sent un pays et un peuple unis autour de traditions.
Et pourtant, là aussi, on voit que des brèches fissurent cette belle image. Comme ces maisons de briques détruites pour être remplacées par d'impersonnels immeubles de verre, on voit facilement que les traditions disparaissent, réduites en cendres sous les assaut d'une modernité que l'on dit "inévitable" et qui cache difficilement le visage d'un culte de l'argent.

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Car Londres, comme toutes les grandes villes (mais d'une façon plus voyante que d'autres peut-être) est une villes conçue par des riches pour des riches. Les pauvres sont de plus en plus exclus de la ville, exclus géographiquement bien sûr, mais aussi exclus de toute activité, sauf peut-être les plus dégradantes, que l'on veut bien leur laisser.
Par contre, on voit pulluler les signes extérieurs de richesse : voitures de luxe, magasins de luxe, prix de luxe (en particulier sur la nourriture fraiche, les fruits et légumes, qui sont hors de prix ; seules les classes les plus élevées se paient le luxe de manger correctement).

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Autre point qui m'a gêné : il paraît évident que là-bas (comme ce sera bientôt le cas ici), le dimanche est un jour de semaine comme les autres. Les magasins sont ouverts 7 jours sur 7, et les horaires du dimanche sont les mêmes que ceux de la semaine (jusqu'à 22 heures parfois). Paradis de l'ultra-libéralisme, bonjour !

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Autre chose qui surprend le français peu habitué à ce phénomènes : l'absence assumée de toute laïcité. Bien entendu, la reine est chef de l'église anglicane, ce n'est pas nouveau, mais la religion s'affiche partout dans l'espace public. Le nombre d'églises est impressionnant, avec des congrégations dont je n'avais jamais entendu parler. Des jeunes filles voilées dans les classes d'école, côtoyant des élèves qui sont visiblement d'autres confessions (ou d'aucune, évidemment). Il faudrait, bien entendu, une étude plus approfondie pour savoir les effets positifs ou négatifs de cette absence de laïcité, pour répondre aux questions que cela pose : y a t-il une coexistence pacifique entre les confessions ? Quid du communautarisme ? est-ce qu'on cohabite, ou est-ce que chacun va de son côté ?

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Autre question qui se pose forcément aux français débarquant dans la perfide Albion : ces écoliers en uniformes. Bonne ou mauvaise idée ?
(j'avoue par contre avoir été surpris par une chose : dans certaines écoles, l'uniforme des filles est particulièrement court. Est-ce vraiment sérieux de confier à des adolescentes des jupes ras-la-touffe ?)

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Enfin, en visitant le muséum d'histoire naturelle, en voyant tous ces squelettes de dinosaures, je n'ai pu m'empêcher de penser à notre ami zombiraptor.