Welcome to Schradertown!

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Le cinéma étasunien des années 70 est souvent associé à une politique libérale et c'est sans doute vrai pour des Copola ou des De Palma, mais cette réputation est certainement exagérée, ce n'est clairement pas le cas pour un Boorman ou un Cimino par exemple. Une veine réactionnaire côtoie clairement et joyeusement cette veine progressiste. Dirty Harry en est certainement un des exemples les plus clairs. Le film est un des premiers a prendre au sérieux la panique morale liée à la montée du crime dans les villes américaines et Harry Callaghan (bien aidé par la prestation brillante de Clint) le prototype d'une certaine forme de justicier aux limites de la loi qui annonce la vague des vigilante movies que Bronson allait incarner de manière radicale.

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Death Wish est un vilain navet torchée par un daubard patenté, mais son influence devait être massive. Ce qui m'étonnera toujours est que certains tentent de défendre ce film pour sa supposée subtilité, pourtant totalement inexistante (sauf à la comparer à la débilité décomplexée de ses suites). Bronson est vraiment une star limitée et échoue à donner toute profondeur ou ambiguïté à son personnage.

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La plus grande qualité du cinéma de Marty est qu'il épouse sans réserve le point de vue de ses personnages. Taxi Driver ne fait pas exception et tous ses éléments concourent à créer une impression de rêve éveillé: la photo de Michael Chapman, la musique de Bernard Hermann, la prestation magnétique de De Niro. La spécificité du film est sa conclusion implicite que l'on a affaire au délire fasciste d'un désaxé, au fantasme infantile d'un raté. La vulnérabilité hystérique du Travis Bickle de De Niro est évidemment pour beaucoup dans la réussite du film.

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L’ambiguïté d'Hardcore est celle au cœur de son personnage principal, qui est la métonymie de son film, à mi-chemin entre Taxi Driver (même scénariste, même Michael Chapman) et The Searchers (la structure de la recherche en terre hostile): l'enfer urbain, pornographié, démoniaque, pourrait n'être que la projection de l'angoisse religieuse du père, l'image distordue d'un monde vu au travers de sa panique métaphysique. Là où John Ford osait le saut dans le vide de la réconciliation, Scorcese avait choisi l'échappatoire fantasmatique. Dans Hardcore, les deux tendances pédalent en sens inverse et minent le film. Peut-être est-ce dû à la performance de Georges C Scott ou la direction de Schrader, mais le film n'arrive jamais à créer un monstre empathique du calibre d'un Ethan Edwards ou Travis Bickle. Quand John Wayne emmène Nathalie Wood, on ressent un profond sentiment de réconciliation et d'abandon. Quand De Niro s'engouffre dans la violence vengeresse on sent qu'il plonge dans l'abyme de sa psychose. Quand le père de Hardcore récupère sa fille on ne ressent que la validation de l'autorité morale paternelle. Celle-ci n'a jamais a affronter ses contradictions qui sont brutalement oblitérées par la conclusion.

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The Warriors est un prolongement logique de la schraderisation de l'univers urbain. "C'est sûr que c'est la merde, mais c'est fun aussi!" C'est aussi pourquoi le film allait devenir aussi crucial: l'absence de jugement moral du film libère le genre de toute obligation de sérieux. Le bis allait s'engouffrer dans cette ouverture.

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La blague au cœur du film est qu'il prend le plus littéralement du monde l'image d'un New York déchu en la transposant telle quelle dans un univers post-apocalyptique. C'est aussi pourquoi ce film est une telle matrice du cinéma de genre.

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Lorsque l'on parle de schraderisation de l'Amérique, il faut se souvenir que l'on parle d'un phénomène bien réel: l'explosion généralisée de la violence et l'augmentation constante du crime entre 1960 et 1990. The Killing of America tente de brosser le portrait des différents visages de cette violence: meurtres, tueurs en série, guerres impérialistes, assassinats politiques (JFK, RFK, MLK, etc.),... Cette présentation donne le tournis et est la partie la plus intéressante du film. Leo Schrader, frérot de l'autre, arrive par moment à atteindre la fascination poético-morbide inhérente à la schraderisation. Il échoue néanmoins à donner la moindre indication d'une explication, même s'il a le mérite majeur de présenter le phénomène comme une totalité.

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Rip-off rital croisé de Escape from New York, the Warriors et Mad Max. Faites confiance aux macaronis pour fournir du fun à peu de frais!

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The Warriors + New York 1997 + Phantom of the Paradise + American Graffiti + Rumble Fish + Willem Dafoe torse nu en salopette = banco!

A part big Will le reste du casting est assez mauvais, même Diane Lane (qui avait pourtant joué deux fois dans le même film avant avec Outsiders et Rumble Fish) hélas. Vous imaginez si Mickey Rourke avait joué le rôle principal?!

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Winner est un réalisateur de merde qui n'a fait que des daubes, mais quand arrivent les 20 dernières minutes c'est dur de ne pas penser qu'il a fait le meilleur film du monde!

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Au rayon des faiseurs stipendiés de la Cannon, il y a plusieurs niveaux.

Les gros nullards: Zito, Winner
Les faiseurs commpétents: Thompson, Firstenberg, Pyun
Les bons: Konchalovsky

Mais Cosmatos est le seul artiste à avoir œuvré pour la Cannon. Il a donné au monde deux des chef-d’œuvre absolus de la pensée réactionnaire des années 80: Cobra et Rambo 2.

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Mélodie pour un meurtre est une oeuvre étrange, anachronique à bien des égards. Peut-être est-ce parce qu'il tourne avec Pacino que Becker réalise ce film comme Sidney Lumet...?

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Les années 90 sont le baroud d'honneur du style urbain schraderien, rendu ensuite anachronique par la gentrification des principaux centres urbains étasuniens. The Crow y mêle une esthétique typique 80's 90's gothico-New Wave.

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Se7en reprend la schraderisation à son principe, initié par Eastwood et Siegel dans Dirty Harry: des flics traquant un tueur en série. Mais le film est réalisé par un lib californien, et ses personnage de policiers ne sont pas des modèles de virilité expéditive mais des demeurés dépassés (Morgan Freeman y compris, revoyez le film si vous avez un doute) et le film baigne dans un nihilisme cool typique des années '90.

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Précipité tardif et pourtant génial (Cage, Rhames, Sizemore énormissimes! Robertson au zénith de son art) du genre, Bringing out the Dead réunit 25 ans après Schrader et Scorcese. Ce film ne pouvait sortir qu'avant 2000, le New-York schraderien, sous la double impulsion de Giuliani et du 11 septembre ne serait plus jamais le même.

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Batman a été réinventé dans les années 80 par le réactionnaire extraordinaire (et islamophobe en chef) Frank Miller. Il a apporté au plus grand détective du monde la sensibilité de Sin City et la chauve-souris vit depuis à Schradertown. Le truc intéressant de cette itération est qu'elle est réalisée par un lib new-yorkais et vire dans son dernier tiers pour faire de ses méchants les électeurs de Donald Trump, phénomène généralement associé à la banlieue et aux zones rurales (mais Mao ne disait-il pas que la ville est encerclée par la campagne?). Le problème étant que c'est aussi cette tentative qui coule la fin du film tant elle est mal branlée...