Cover William Friedkin - Commentaires

William Friedkin - Commentaires

Friedkin est bien davantage qu’un artisan efficace du Nouvel Hollywood apparu dans les années 70 ; c’est un auteur iconoclaste, subversif, dont le style brut s’accommode parfaitement des sujets souvent sulfureux qu’il choisit.

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7 films

créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a presque 12 ans
French Connection
7.5

French Connection (1971)

The French Connection

1 h 44 min. Sortie : 14 janvier 1972 (France). Policier

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Documenté, nuancé, offrant une peinture étonnante du New York interlope rongé par la désaffection urbaine, ce film policier rude et réaliste, tourné dans un froid polaire infiltrant jusqu’à la pellicule, imposa les nouveaux standards du genre à Hollywood. Pour narrer la croisade d’un flic ambigu et obstiné qui mène sa propre guerre contre le crime et que campe un formidable Hackman, le cinéaste refuse toute adjonction romanesque susceptible de faire basculer le récit dans une fiction convenue, joue d’une espèce de coquetterie de l’effacement, comme si la certitude de sa technique et la maîtrise de son découpage le dispensaient du moindre effet ostentatoire. Accélération du scénario et libération du spectaculaire adviennent ainsi comme les prolongements nécessaires d’une captivante partie d’échecs.

L'Exorciste
7.3

L'Exorciste (1973)

The Exorcist

2 h 02 min. Sortie : 11 septembre 1974 (France). Épouvante-Horreur

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Refus de tout ménagement du spectateur, déploiement d’effets cauchemardesques selon un crescendo horrifique assumé jusque dans sa dimension la plus grand-guignolesque, traitement physique d’un sujet qui en appelle aux peurs les plus primitives : Friedkin signe ici un film absolument terrifiant. Les regards vides des indigènes irakiens, le martèlement des forgerons, les râles, blasphèmes et hurlements de Regan y forment un arsenal très sophistiqué d’allusions, de contrastes et d’analogies, une spirale d’images pénétrantes qui n’omet jamais la dimension humaine (arrogance, colère, alcoolisme ou culpabilité) des origines du fléau. Grande parabole sur la chrétienté, la crise de foi, la présence du Mal au sein du quotidien, cette descente aux enfers instaure un malaise brut, éprouvant, véritablement traumatisant.
Top 10 Année 1973 :
http://lc.cx/AUH

Le Convoi de la peur
8

Le Convoi de la peur (1977)

Sorcerer

2 h 01 min. Sortie : 15 novembre 1978 (France). Action, Aventure, Drame

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Remake éprouvant du classique de Clouzot, que Friedkin ramène constamment sur son terrain. Perdus dans un trou d’Amérique du Sud, les personnages tentent d’échapper à leur destin au fil d’une équipée sadique, méchamment désabusée : la poisse existentielle est toujours là, s’infiltrant sous la peau avec une expressivité implacable, mais elle s’accompagne cette fois d’un halo de fantastique à la lisière du cauchemar. L’originalité du propos réside dans la description morbide et apocalyptique du paysage, juge de paix suprême devant laquelle la psychologie des protagonistes s’efface, jungle-aquarium bleue au déluge sans cesse renouvelé qui précipite l’action en même temps qu’elle l’englue. Beaucoup ont vu dans ce vivier crasseux une démarche biblique : ils sont loin d’avoir tort.

Cruising - La Chasse
7

Cruising - La Chasse (1980)

Cruising

1 h 42 min. Sortie : 23 septembre 1980 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le cinéaste n’est pas un angelot, et il est difficile d’estimer à quel ce polar volontiers sordide, qui émut à sa sortie les ligues homosexuelles américaines, calcule le traitement de son sujet en peaufinant une esthétique imperturbable où, dans des cabarets glauques, se rencontre et s’ébat une faune très particulière. Mais au-delà du décor et de l’anecdote, il y a un regard : celui posé sur un être apparemment fort, straight, sûr de lui et qui, peu à peu, se retrouve happé par la soif inextinguible du mal. Loin du pamphlet simpliste, le film fait donc son miel de l’ambigüité, notion fondamentale chez un auteur s’attachant, avec une précision glacée, à démonter la distance entre le regardant et le regardé, à faire tanguer les concepts de demi-monde et d’état de droit, d’ordre et de loi, d’intégrité et de corruption morale.

Police fédérale Los Angeles
7.5

Police fédérale Los Angeles (1985)

To Live and Die in L.A.

1 h 56 min. Sortie : 7 mai 1986 (France). Action, Policier, Drame

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Sommet du cinéma policier des années 80, un film stupéfiant d’ambigüité vénéneuse, de toxicité fascinante, d’ardeur sans compromis. Friedkin élabore un polar démentiel autour du culte du dollar, du basculement progressif du bien au mal et de la loi à la criminalité, de l’emprise mentale exercée les uns sur les autres par des personnages obsessionnels et individualistes qui se manipulent. Avec une virtuosité stylistique de feu, il fait du Los Angeles pourri et caniculaire un microcosme en pleine désagrégation, sans orientation morale ni point d’appui solide, recouvre la cité d’une ambiance infernale, atomise tout manichéisme, fait ressentir les vacillements éthiques et pulsionnels en alignant les morceaux d’anthologie, telle cette extraordinaire course-poursuite automobile qui relègue celle de "French Connection" aux oubliettes).
Top 10 Année 1985 :
http://lc.cx/UVt

Bug
6.9

Bug (2006)

1 h 40 min. Sortie : 21 février 2007 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’histoire d’un type qui réfléchit trop, jusqu’à la manie et la phobie, possédé par le démon de la pensée, saisi des mêmes convulsions que l’ado de "L’Exorciste". Poète délétère, rêveur fruste mais d’une grande gentillesse, il contamine une femme aux abois par ses paroles tordues, et voilà le couple uni en un délire affamé, sombrant par osmose dans la folie paranoïaque. Le bug, c’est donc l’espèce humaine, dont le réalisateur observe le dérèglement via une multitude de signes se multipliant et se parasitant les uns les autres. Huis-clos étouffant, électrisé par une batterie d’effets brutaux agencés en un crescendo diabolique, ce film hautement métaphorique explore une interzone indatable pour analyser l’amour comme maladie contagieuse, les mécanismes du choc et de l’effroi dans l’Amérique contemporaine.

Killer Joe
7

Killer Joe (2011)

1 h 42 min. Sortie : 5 septembre 2012 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de William Friedkin

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Friekdin est un sacré roublard, et c’est bel et bien sa faculté à flirter constamment avec l’ambigüité des motivations, avec la frontière ténue entre le sérieux et le délire, le grotesque et le pathétique, qui permet à son polar acide et très noir de dépasser le stade délectable mais limité de la farce outrancière. Il suffit de quelques détails cruciaux (la complicité entre Dottie et sa belle-mère, le lien trouble mais très fort unissant Chris à sa sœur…) pour remplir les interstices de cette spirale sanglante d’une humanité équivoque. Passée au décapant, greffée d’un corps maléfique qui entraîne son implosion, la famille américaine en prend pour son grade, sans que jamais le jeu de massacre ne sombre dans la caricature. Le casting est formidable, permettant à chacun d’avoir (ou non) ses préférences.

Thaddeus

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