Un polar noir et cynique
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A Pottsville, 1280 habitants, il y a un shérif nommé Nick Corey. Un spécimen à part. Du genre incapable, couard, lâche, feignant. Du genre à se laisser malmener et humilier en public. Du genre à ne jamais arrêter le moindre contrevenant. Du genre qui n’a pas avoir inventé le fil à couper le beurre. Sauf que les élections approchant, le spécimen à part se doute qu’il pourrait perdre sa place au détriment d’un candidat bien plus compétent. Il décide donc de prendre les choses en main et de faire le ménage…
Avec « Une femme d’enfer », Pottsville est le plus célèbre roman de Jim Thompson. Un roman qui, en France, a eu l’honneur de porter le numéro 1000 de la Série Noire en 1966 et d’être adapté au cinéma par Bertrand Tavernier (Coup de torchon). Cette réédition en version intégrale offre enfin à ce polar jubilatoire la traduction qu’il mérite (Maurice Duhamel ayant clairement bâclé le travail dans les années 60, se permettant même de tronquer le titre original).
J'adore Thompson parce qu'il possède cette faculté unique de mêler le pessimisme à un humour noir dévastateur. Ici, Nick Corey le shérif de prime abord crétin est d’un cynisme et d’un machiavélisme à toute épreuve. Cocu et lui-même queutard invétéré, il se révèle manipulateur, perfide, cruel, retors. Avec ce personnage, Thompson pose un regard sombre et désespéré sur la nature humaine dans un style inimitable. Comme toujours chez lui, les âmes sombres sont synonymes de bêtise crasse et les dialogues peuvent à tout moment déclencher une incontrôlable hilarité. Exemple type de cet humour décalé et ravageur que j’adore :
"- Va te faire foutre ! Je ne te révélerai pas ce que j’avais décidé de te dire parce que j’ai le sens des convenances. Sinon, tu sais ce que je dirais ? Tu sais ce que je te ferais espèce d’ordure ? Je lèverais la jambe et je te pisserais dans l’oreille pour te vidanger le crâne de ce tas de merde puante qui te sert de cervelle !
- Allons, Rose, un peu de retenue. Tu ferais mieux de peser tes paroles, tu vas finir par dire des horreurs."
Un régal de bout en bout.
Créée
le 13 juin 2016
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