Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
Par
le 23 oct. 2022
4 j'aime
Incontournable Février 2023
"La guerre des Lulus" nous arrive en jeunesse, dans un format roman conçu pour le vieux lectorat intermédiaire, nos 10-12 ans, mais il faut savoir que cette Bd a été d'abord conçue pour le lectorat adulte. Je me demande si cette saga a cependant servi les professeurs en France pour aborder la première guerre mondiale, car même "adulte", elle reste accessible pour les plus jeunes. Voici ce qu'il faut en savoir.
Lucien, 15 ans, Luigi, 14 ans, Ludwig, 12 ans et Lucas, 11 ans, ont en commun non seulement leur statut d'orphelin, leur état civil français et les deux premières lettres de leur prénom, ils sont aussi partenaires de chambrée et proches amis. S'ils se chamaillent allègrement pour un tout et pour rien, dans les ténèbres de leur chambre, au soir venu, ils se soutiennent, s'écoutent et gardent ensemble leurs secrets.
Des frères sans liens de sang, qui, à l'aube de la première guerre mondiale, auront besoin de toutes leurs ressources et leur courage pour survivre aux prochaines années. Souhaitant préserver les jeunes garçons déjà hypothéqués par la vie de stress supplémentaire, l'abbé en charge de l'orphelinat et leur principal professeur ont tenu l'imminence de la guerre secrète, même quand ce dernier est appelé sous la bannière française à participer à la guerre. Quand les forces allemandes sont aux portes de la région, on évacue les enfants de manière précipité, si bien que nos quatre Lulus sont laissés derrière. Habitués de la fugue, ils oeuvrent en secret à la construction d'une cabane dans les vois et c'est là qu'ils se trouvaient. Quand ils reviennent de leur chantier secret, ils prennent conscience de l'absence des autres habitants à orphelinat. Ils investiguent alors dans le village, mais la seule autre âme dans les parages est une jeune réfugiée belge, avec son chat, qui a perdu ses parents. Comme le hasard fait bien les choses, la demoiselle s'appelle Luce. Désormais seul.e.s, au milieu des tirs d'obus et de la présence allemande dans leur village, les orphelin.e.s devront apprendre à survivre par leurs moyens.
J'avais déjà élaboré une critique pour la version BDesque, je vais donc paraphraser ici. Comme la première BD, ce premier roman met en place le contexte et introduit les cinq personnages principaux. Trouver de la nourriture, survivre à l'hiver, faire profil bas sont des réel enjeux, mais bientôt, c'est aussi la rencontre avec le camp ennemis, qui en raison de la solide propagande, ne prépare pas les Lulus à un constat : les allemand aussi sont des humains. Sans être une cascade d'action, cette Bd est tout-de-même remplie d'aventure et les Lulus sont souvent en questionnement, entre deux disputes.Donc, le premier roman nous amène surtout le problème: comment survivre à cette guerre?
Côté personnages, je trouve ce petit groupe de jeunes garçons assez touchant, malgré leur côté brutal ( ça va peut-être aussi avec l'époque). C'est d'autant plus touchant que si les orphelins ne valaient déjà pas grand chose avant la guerre, ils devenaient encore moins importants pendant celle-ci, comme si n'avoir pas de famille faisait de vous des inférieurs. Mais j'extrapole, là. Ils sont en outre sensibles et solidaires les uns par rapport aux autres, ce ne sont pas de gros machos. Ils ont en outre des tempéraments très différents, mais aussi complémentaires. Ils parlent aussi avec des fautes à l'oral: Ne jetez donc pas la pierre aux scénaristes, c'est même très crédible que des orphelins peu éduqués aient ce genre de parler fautif.
J'ai aimé le fait que les Lulus ont des noms d'origines diverses malgré leur nationalité commune. J'ai aussi aimé le fait que Luce ait du caractère, ce n'est pas une potiche dépendante et elle cherche à être des leurs. Au départ, sons statut de fille et de non-orpheline semblent jouer en sa défaveur, mais merci à Lucas, on ne peut pas rejeter une "Lulu". C'est d'ailleurs un peu la quête personnelle de Luce de devoir faire sa place dans ce groupe de garçons dégourdis, alors je m'attends à ce qu'elle prenne de plus en plus de place et s'affirme davantage, même si on voit que les garçons d'y attachent aussi de plus en plus ( comme une petite soeur).
Le roman est ponctué des illustrations de la BD originale, on a donc un appui visuel et des images des personnages. Je leur trouve toujours l'air "vieux" pour des 11 à 15 ans, avec des traits adultes et leur grande silhouette osseuse.
Le texte est accessible, assez facile à lire, bien arrimé à l'histoire originale et comme il s'agit d'un roman, nous avons des précisions sur la psyché des personnages et leur organisation sociale.
Un documentaire jeunesse vraiment très beau et complet a été produit en amont, tout comme pour la série "Les Enfants de la Résistance". Ce livre, intitulé " La guerre des Lulus: le journal de 1914 à 1918" contient des tas d'infos pertinentes en complément de la série initiale et est graphiquement similaire. Il ressemble presque à un carnet de route. Je vous met le lien Babelio ici: https://www.babelio.com/livres/Girac-Marinier-La-guerre-des-Lulus--Le-journal-de-1914-a-1918/1377473
C'est donc avec un enthousiasme certain que je vois les Lulus entrer en littérature jeunesse, car je leur ai longtemps trouvé une pertinence qui n'est pas sans rappeler celle des BD des "Enfants de la Résistance"- eux aussi en format roman, maintenant. Avis aux professeurs qui enseignent au troisième cycle primaire ( 10-12 ans)!
Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs livres sur la Première Guerre mondiale, La Bibliothèque de Sparkus: Si je devais avoir une bibliothèque privée on y trouverait..., Quand la Jeunesse fait l'Histoire, Meilleurs romans Jeunesse et Olibrius: Histoires de frères
Créée
le 19 févr. 2023
Critique lue 77 fois
Du même critique
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
Par
le 23 oct. 2022
4 j'aime
Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...
Par
le 25 févr. 2023
4 j'aime
Ce roman est CLASSÉ ADULTE, ce n'est pas un roman pour jeunes adultes, encore moins pour les ados et compte tenu de la présence de relation toxique, de violence sexuelle gratuite et d'objectivisation...
Par
le 29 mai 2020
4 j'aime