Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est un collègue de travail que l'on peut sans mal qualifier de complotiste, d'antivax, et de platiste sur les bords (j'espère que vous avez compris la blague), qui m'a offert le livre dont il est question ici. Ne connaissant pas Yuval Noah Harari avant cela, le titre m'angoissait un petit peu : j'avais peur d'avoir affaire à un livre écrit par une sorte de gourou antiscience dont le but était de "me faire ouvrir les yeux"... bon alors ce n'est pas du tout le cas ! C'est même plutôt l'inverse, puisqu'une fois le livre commencé, ce même collègue m'a parlé des "nombreux rapprochements" entre l'auteur et Klaus Schwab (inutile de vous dire ce qu'il pense de ce dernier je pense). Le véritable but de cette micro-critique ne sera donc pas de bêtement dire si j'ai trouvé le livre bon ou mauvais, non plus de juger l'auteur sur ces actes ou sur ce qu'il a pu dire dans les médias, mais de s'en tenir à ce qu'il énonce dès l'introduction :

À la différence de Sapiens et d'Homo deus, il [21 leçons pour le XXIe siècle] ne s'agit pas d'un récit historique, mais d'un choix de leçons. Et ces leçons ne se se concluent pas sur des réponses simples. Leur propos est de stimuler la réflexion et d'aider les lecteurs à participer à quelques-unes des grandes conversations de notre temps.

Et pour le coup, je dois bien avouer que c'est plutôt réussi : l'essai n'est pas parfait, mais "ÇA FAIT RÉFLÉCHIR". En plus de cela, j'ai été surprenamment moins en désaccord avec l'auteur que prévu, et bien que j'ai trouvé certaines réflexions stupides et/ou pas assez poussées (je vais y revenir), force est de constater que j'ai eu le sentiment d'en avoir tiré plus de bon que de mauvais une fois le livre fermé.

Les réflexions sur les algorithmes, la robotique et l'intelligence artificielle, sur ce qu'ils vont pouvoir nous apporter (dans le domaine de l'emploi notamment), en bien comme en mal, sont pertinentes et on sent que l'auteur a un minimum étudié le sujet. Ses réflexions sur le "futur que nous choisissons" sont, elles aussi, pertinentes, que ce soit lorsqu'il fait confronter les notions de revenu de base et de revenu universel lors du chapitre 2, ou encore, lorsqu'il évoque le sujet de la religion.


Bien sûr, comme déjà indiqué plus haut, cela ne m'a pas empêché de tomber en désaccord avec lui ou de me facepalm à plusieurs reprises, surtout face aux nombreux raccourcis qu'il fait. Pour Yuval Noah Harari c'est simple : le libéralisme c'est le bien parce qu'il n'y pas d'alternative et le communisme c'est le mal parce que Staline. J'ai beau ne pas être communiste, vu le nombre de fois où il en parle, j'osais espérer que le sujet soit traité en profondeur à un moment ou à un autre. Idem concernant l'Union Européenne : pour l'auteur, l'UE c'est très bien parce que c'est la paix, et il y a les méchants nationalistes d'un côté contre les gentils mondialistes de l'autre…

Aussi, certains sujets comme l'écologie sont un poil trop vite expédiés… bon d'un côté tant mieux, s'il a raison, alors nous n'avons pas trop à nous en faire… mais je pense que le sujet aurait gagné à être traité, du moins en parallèle, durant l'intégralité du livre, et non pas être imbriqué dans deux chapitres bien spécifiques.


Pour en revenir à des points plus positifs, Yuval Harari n'est pas non plus dogmatique, il remet en cause le libéralisme à plusieurs reprises, notamment lors du chapitre 20, et, même hors de ce chapitre, n'hésite pas à mettre le libéralisme face à ses propres contradictions, comme le droit de propriété.

En fait, il faut noter que l'auteur est très loin de l'image que lui prêtent certains sites conspirationnistes : en plus de ne pas être le pote de Klaus Schwab que certaines personnes tentent de nous vendre, il ne fantasme pas non plus sur le futur énoncé dans son livre, loin de là : il se révèle même bien plus pessimistes qu'on pourrait le croire.

Reste tout de même des derniers chapitres un peu surprenants, voir décevants. Chapitres dans lesquels Yuval Harari semble bien plus prompt à nous donner une réponse, notamment en évoquant la méditation à plusieurs reprises, et qui font nous rappeler que l'auteur dudit best-seller vit dans un moshav (communauté agricole coopérative)… à croire qu'il est bien plus un "bobo" qu'on ne pourrait le croire.


Récemment, j'ai lu Retour au meilleur des mondes d'Aldous Huxley. J'ai beau être bien plus d'accord avec ce dernier qu'avec Yuval Harari, j'ai trouvé le propos du livre dont il est question ici bien plus pertinent que ceux de l'auteur britannique. Bien sûr, il faut rappeler que l'essai d'Huxley a été écrit en 1958, créant ainsi un certain gouffre entre son époque et la nôtre. Pourtant, il est indubitable que, même en prenant le point de vue le plus rétrospectif possible, Yuval Harari a bien plus étudié ses sujets que notre consommateur de LSD préféré. La structure du livre dont il est question ici est bien plus compréhensible ; il y a de nombreuses sources, mais leur trop grand nombre ne perdent pas le stupide lecteur que je suis ; et il y a un certain fil rouge. Bien qu'encore une fois, ça se perd un peu sur la fin, je ne peux que constater que Yuval Noah Harari savait où il allait en écrivant ce livre. Son essai avait un but bien précis : "nous recentrer sur nos priorités réelles - et aider chacun à les comprendre". Pour le coup, il n'y a qu'une chose à dire : c'est réussi.

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