"la peur vient après"
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le 8 févr. 2022
24 images par seconde. 24 chapitres de la vie de deux hommes, Gabriel qui filme au XXe et Adrien, son petit-fils, qui écrit au XXIe siècle. 24 fois donner un cadre à la vie, la saisir, l'imprimer sur des pellicules ou les pages d'un livre.
Gabriel et Adrien ont en commun de côtoyer des spectres. le roman est d'ailleurs traversé par des interrogations sur la mort : celle des êtres chers, celle du cinéma, celle de la littérature. C'est un roman hanté, d'abord par Jean-Luc Godard dont l'ombre plane dès le titre, emprunté à l'un de ses films.
Avec nostalgie, on assiste aux évolutions technologiques qui vont des premières caméras aux smartphones. Des images de moins en moins matérielles, de plus en plus virtuelles, à mesure que le numérique se développe. On se pose des questions : qu'est-ce que les images disent du réel, de la vérité ? La caméra met-elle le monde à distance de soi ou le rend-elle plus intime, plus présent, en permettant de mieux le voir ? Les films peuvent-ils ramener les spectres à la vie ?
Le roman m'a rendue encore plus amoureuse du cinéma. L'époque des caméras à manivelle et à ressort, l'époque des actualités filmées, m'a manqué, alors que je ne l'ai pas connue.
Adrien est un narrateur un peu fatigant mais touchant, un personnage au carrefour : amoureux des images d'un autre siècle dans un monde écœuré d'images, amoureux de la littérature mais journaliste spécialiste du numérique qu'il déteste. Son ton est ironique, désenchanté et en même temps il s'émeut devant des brindilles. Il ne semble pas savoir s'exprimer autrement qu'en écrivant, comme son grand-père ne savait pas regarder autrement qu'en filmant.
Adrien et Gabriel côtoient les spectres et pourtant ne cessent de se demander : comment vivre, vivre vraiment ?
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Créée
le 8 oct. 2021
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