3 Heures 10 pour Yuma , c'est le nom de l'une des neuf nouvelles d'Elmore Leonard qui composent ce recueil des éditions Rivage Noir. Mort en 2013 , Leonard est une grande figure de la littérature populaire américaine , s'étant adapté à tout les styles qui font - pour ainsi dire , sans insérer ici de caractère péjoratif à cet état des faits - vendre. Au même titre que Stephen King ou Philip K. Dick , le cinéma Américain doit énormément à Leonard compte tenu du coté très cinématographique de ses écrits. On notera que la nouvelle 3 Heures 10 pour Yuma fut par exemple adapté à deux reprises - une première fois en 1957 par Delmer Daves , et une seconde fois en 2007 par James Mangold - , mais aussi que Leonard est à ce jour le seul auteur à avoir fait l'objet d'une adaptation cinématographique de la part de Quentin Tarantino qui vit en son Punch Créole le minerai blaxploitation qu'il recherchait tant et qui deviendrait par la suite Jackie Brown.
Dans ce receuil donc , nous sommes introduits à Elmore Leonard , non pas l'auteur de nouvelles de westerns pour magazines pulps des années 50 , tel qu'Argosy ou Dime Western Magazine. Chacune de ces nouvelles met en scène une situation scénaristiques classique des films à la John Ford , avec son lot de vengeance , de convois en chariot , de fusillade de saloon et autres bandes de crapules sans foi ni loi...
Et je me rends compte , au terme de cette laborieuse lecture , que je n'ai sans doute pas commencé ma découverte de l'oeuvre de l'auteur de Detroit par le bon bouquin. 3 Heures 10 pour Yuma prouve , assez clairement , les limites d'un recueil de nouvelle , et ce surtout lorsqu'il s'agit d'un auteur prolifique , à l'écriture sismique due sans doute à cause d'une cadence de travail effrénée afin de produire le plus d'écrits publiables possible : le désaxement. On est introduit à tant de personnages sensiblement similaires au fils de ces neufs histoires , à tellement de situations analogues dans leurs esthétiques et leurs structures , qu'un vertige ne pourra que vous saisir au bout de la troisième nouvelle. Celui de ne plus trop savoir ce que vous êtes en train de lire , et pourquoi vous êtes en train de le lire...Cette sensation de percevoir son esprit en train de papillonner parce que l'histoire qui nous est proposé est assommante de prosaïsme est sans doute la pire chose qu'un auteur peut ressentir.
Mais - parce qu'il y a un mais tout de même ; sinon j'aurais asséné au livre un vieux 1 sur 10 - tout n'est pas à jeter. Si 3 Heure 10 pour Yuma - la nouvelle - ouvre convenablement le bal , je citerais aussi A la dure et La Rançon du Sang comme autant de preuves que Leonard n’était pas , dans les années 50 , qu'un jeune et simple gratter-papier de troisième zone , mais déjà l'auteur sombre et fascinant qu'il est sans doute devenu - je dis sans doute car je n'ai , pour l'instant , aucun autre moyen de comparaison.
Du coup , c'est très , voire trop mitigé que je ressors de cette lecture. Je ne m'attendais pas à neuf petits Méridien de Sangs , mais sans doute pas à autant de courtes et molle scénettes où la tension se distillerait inequitablement. J’essaierai de nouveau une prochaine fois...