Le Roi de Fer est le premier tome paru en 1955 d'une saga historique qui en contient sept , à savoir Les Rois Maudits. Écrite par l’académicien Gaulliste et ministre de la culture de Georges Pompidou , Maurice Druon , cette saga a pour vocation de retracer la déchéance progressive des derniers Capétiens direct à partir du début du XIVem siecle. De Maurice Druon lui même , je ne connais pas grand chose , et jusqu'à très récemment je ne savais pas qui il était , si ce n'est que la seule image que j'avais de lui provenait d'une émission d'Ardisson daté de 2006 où il aparaissait aux cotés de Joeystarr , créant le malaise que seul les personne embourgeoisée et vieilles savent créer lorsqu'elles sont collisioné avec un monde plus brut de décoffrage.
Le Roi de Fer , c'est donc l'exposition de la saga. Le livre débute en la sombre année de 1314 , à la cour du roi de France , le majestueux Phillipe le Bel. Si le peuple tire un peu la gueule dans les campagnes , la cour est quant à elle aux prises avec la célèbre affaire du Temple qui vit l'arrestation de l'Ordre des Templiers sur le mandat de quelques accusations , à la volée , de bougrerie masculine et autre rituels satanistes de bon aloi de la part de ces soldats de Dieu. Le tout orchestré , et monté de toute pièce par le monarque lui même. Si elle est d'apparence paisible , la vie à la cour cache en réalité des tensions particulièrement violente. Entre les belles filles du roi qui s'adonnent à des plans à quatre au sommet de la tour de Nesle à la barbe de leurs prestigieux maris , et le fait que sur le bûcher le maître du temple Jacques de Molay ait lancé à l'encontre du roi , du pape et du garde des sceaux quelques malédictions particulièrement évocatrice , autant dire que ça commence à sentir doucement mais surement le rouss en ce bon royaume de France...
Quoi d'autre qu'un académicien pour écrire comme un académicien ? Que je m'explique , c'est bien écrit. Il y a de l'inspiration , du lyrisme parfois et la pillule cours d'histoire en accéléré passe particulièrement bien - j'imagine que les historiens , ou ceux qui pensent être tel chose sauront dénicher quelques approximations qui leur permettront de bien se faire reluire le cul en société mais passons...- , en revanche ce n'est pas particulièrement inventif. C'est plaisant comme le sont les feuilletons , et c'est après tout ce que j'attendais. Donc , sur ce point là , je m'y retrouve en tant que lecteur.
De plus , on arrive à s'attacher aux personnages , à avoir pitié d'eux. Les banquiers Lombards connaissent dans ce roman une attention toute particuliere qui fait vraiment plaisir à lire. Ils sont là , au centre de tout les vents de l'histoire , et ils font leurs popotes peperes - tant qu'on vient pas les bousculer - alors qu'au chateau c'est le gros foutoir...Et c'est cet écart qui fait qu'on tombe raide dingue du traitement que Druon leur attribue dans ce premier roman. Le personnage de Guccio , et son histoire d'amour avec Marie de Cressay , la pauvre noble recluse dans son chateau avec ses espoirs plein le coeur , est si fleur bleue qu'on s'y laisse prendre. Parce que c'est ça qui fait , je pense , tout le sel d'un roman historique : comment l'auteur parle t-il du peuple ? des bourgeois ? De tout ceux qui , en apparence , n'ont pas d'importances sur les affres de l'histoire et qui , pourtant , ont tant de choses à raconter , à vivre...Et ça , je pense que Druon le négocie sans condescendance. Il leur accorde une présence legere , mais assez importante pour nous permettre de ne pas nous noyer dans le superflux.
Alors ouais , c'est cool. Je vais tacher de me trouver les suites rapidement.