En 1937, Jack Miller, qui a dû arrêter ses études par manque d’argent et mène une vie solitaire, trouve un moyen de fuir sa routine en rejoignant une mission scientifique composée de quatre jeunes bourgeois en partance pour le Spitzberg, au nord de la Norvège. Mais l’expédition joue de malheur : après un premier compagnon annulant son départ suite à un décès et un deuxième se cassant une jambe sur le bateau, ils ne sont plus que trois à s’installer dans un lieu désertique, à côté d’une ancienne mine abandonnée. Et alors que Jack a l’impression de voir un fantôme, Gus, présente les signes de l’appendicite et est évacué par le troisième membre du groupe, Algernon, juste au moment ou le pôle plonge dans la nuit hivernale.
Surprise ! C'est dans la collection black moon, plus habituée aux histoires de vampires, que se cache cet agréable roman d'expédition arctique mâtiné de fantastique.
Par le biais du journal de l'un des explorateurs, Michelle Paver mène un récit sans temps mort, insinuant dans une description réaliste de voyage (mention spéciale aux passages ou Jack tente de garder une vie normale alors qu’il est seul dans la nuit permanente) un fantastique angoissant par petites touches, sans tomber dans l'horreur gore (littérature jeunesse oblige) et sans abuser d'effets grand-guignolesques.
Ajoutons à cela des personnages à la psychologie fine et une légère critique sociale (Jack, solitaire et pauvre, se trouve confronté à des compagnons aisés dans l’Angleterre des années 30), et l'on obtient un récit plutôt intelligent et réussi, qui, s’il vise les adolescents, devrait plaire aux adultes amateurs de littérature polaire.
On regrettera en revanche le titre français putassier qui tente de faire passer le livre pour ce qu’il n’est pas (aucun vampire ici) alors que l’original « dark matter » aurait pu donner un « matière noire » collant au plus juste au contenu.