Voici donc, quasiment en première mondiale (juste après la Chine), le premier recueil de nouvelles de Ken Liu. Sur les dix-neuf récits qui le composent, sélectionnés par Ellen Herzfeld et Dominique Martel, quatorze sont inédits, deux sont parus dans Galaxies, un dans Bifrost et deux dans Fiction. Signalons enfin que les traductions des textes déjà parus ont été soit revues soit refaites.
Je ne vous détaillerai pas les textes un par un, mais sachez que ce recueil de Ken Liu est d’un éclectisme rare : de la science-fiction la plus pure du premier texte (Renaissance) au fantastique chinois de la Ménagerie de papier, nouvelle qui donne son nom au recueil, en passant par des récits humoristiques (le très drôle Golem au GMS) , l’auteur touche à tous les genres , se concentrant avant tout sur les relations humaines. Moins cérébral que Ted Chiang (et pour cause, Ken Liu doit écrire dix fois plus), les textes sont en revanche bien plus humains : Ken Liu s’attache par-dessus tout à ses personnages et à leurs réactions avec leur entourage lors de la confrontation à une situation extraordinaire.
Parmi les meilleures nouvelles on retiendra bien entendu la Ménagerie de papier, récit fantastique profondément émouvant sur la rupture d’un jeune américain avec sa mère chinoise, et son retour vers ses origines via des origamis ; Mono no aware, où un jeune homme quitte sa famille pour rejoindre un vaisseau fuyant une terre mourante ou encore Trajectoire et son approche de l’immortalité. A vrai dire, sur ces dix-neuf textes, peu sont faibles. Seul Faits pour être ensemble, déjà paru dans Bifrost, n’est guère inventif en s’attaquant à la suppression de la vie privée provoquée par les GAFA.
La Ménagerie de papier est un recueil riche et varié, propulsant directement Ken Liu au coté des plus grands nouvellistes de ces dernières décennies aux cotés de Greg Egan ou de Ted Chiang. Son premier roman, The Grace of Kings, vient tout juste de sortir outre-Atlantique ; c’est peu dire, après la lecture de cet excellent recueil, qu’on l’attend avec impatience.