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livre de Alexandre Laumonier ()

Le système
"Comment réussir dans les transactions à haute fréquence? On peut recourir à la force brute. Plus votre ordinateur est rapide, plus votre programme sera réactif.On parle ici de millisecondes, donc même la vitesse de la lumière est importante. Une autre ligne de force tient à la qualité du programme en lui-même."
"Et puis il y a l'algorithme en tant que tel, la boîte noire qui décide des achats et des ventes et à quel moment les effectuer. Ici, le terme clé est "corrélation". (...)Par exemple, quand Vodafone monte, Deutsche Telecom fera probablement de même, parce qu'ils font partie de la même branche."
"Tout cela est extrêmement complexe et n'a rien à voir avec l'analyse de la valeur ou de la puissance de telle ou telle compagnie.C'est une question de schémas de transactions historiques que nous exploitons pour nous projeter dans le futur.
On est parfois témoins de phénomènes étranges. L'un d'entre eux a été baptisé le "cygne noir". C'était un événement complètement nouveau, imprévu et inédit qu'on n'aurait jamais pu anticiper - puisqu'il n'était jamais survenu auparavant"
"Un autre aspect curieux, c'est qu'il y a de plus en plus de sociétés semblables à la nôtre, ce qui fait que, lorsque nous analysons les mouvements des marchés, nous devons prendre en compte les activités de ces compagnies et les inclure dans notre modèle. Et pendant ce temps, les autres compagnies font la même chose"


13
"En 2013, les opérateurs des marchés américains ont dépensé collectivement 2,09 milliards de dollars en investissement informatique - si Morgan Stanley opère à la microseconde, alors il en est évidemment de même pour les banques concurrentes"


14
"Chaque plateforme doit donc être informée des prix des autres plateformes afin de se conformer à la loi (...) Pour les régulateurs, le problème est celui de l'équité : tous les opérateurs doivent recevoir au même moment les informations sur les cotations.
La SEC a don créé le National Best Bids and Offer, ou NBBO, un fichier qui regroupe tous les prix de tous les produits financiers échangés par toutes les plateformes américaines .(...) Le Securities Information Precessor, ou SIP,(...) le programme informatique qui permet au Nasdaq et au NYSE de calculer les prix du NBBO, était déjà trop lent en 2004 - à tel point qu'il qu'il finira par faire planter le Nasdaq près d'une décennie plus tard (...) le 23 août 2013, à 10h35 et quelques millisecondes"


21
"les différentes plateformes américaines ne sont pas synchronisées entre elles"


29
"suite à la libéralisation des marchés dans les années 1980, et à leur démutualisation dans les années 2000, un marché peut lui-même, comme un titre boursier, changer de main ou fusionner avec un autre marché du jour au lendemain ou presque"


37
"à la fin des années 2000, Wall Street commença à déménager dans le New Jersey pour des raisons techniques (impossible de trouver une surface équivalent à six stades de football en plein Manhattan)"


30
"En 2013, [le] Big Board, le marché historique américain, fondé en 1792 (...) annonçant son rachat par Intercontinental Exchange, ou Ice (...) créée en 2000 à Atlanta et [qui] racheta dès 2001 l'international petroleum exchange, le plus gros marché - basé à Londres - d'échange de barils de pétrole"
"le 7 avril 2005, le parquet de l'IPE fut définitivement fermé, et Ice devint l'un des marchés les plus importants au monde, où s'échangent des millions de barils de pétrole, des milliards de mètres cubes de gaz naturel, et des permis d'émission de CO2, l'une des spécialités de Ice. En officialisant le rachat du NYSE le 12 novembre 2013, Ice devint de fait la première bourse au monde."
"En prenant possession du New York Stock Exchange, Ice mit rapidement au clair sa relation avec Euronext, le regroupement des bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, qui appartient au NYSE depuis 2007. (elles) vont être cédées (...) car Ice vise un autre marché européen beaucoup plus lucratif, lui aussi acquis par Euronext en 2002 : le London International Financial Futures Exchange, ou LIFFE, un marché à terme avec lequel je partage mon nouveau bureau à Basildon, en banlieue de Londres, à 30 km des festivités de Trade Tech : le NYSE Euronext European Liquidity Centre.
Sous ce nom se cache l'équivalent européen de mon ancien bureau de Mahwah : à Mahwah, New Jersey, Etats-Unis, se trouve le New York Stock Exchange; à Basildon, Essex, Angleterre, se trouve Euronext. Les deux data centers ont été conçus au même moment (début des travaux en 2008 et mise en service en 2010 (...) pour abriter les différentes plateformes du groupe NYSE-Euronext."


Les hommes
37
"Le 29 mars 1900, Louis Bachelier soutenait sa thèse de doctorat à l'université de Paris."


38
"Louis Bachelier fut le premier mathématicien à tenter de modéliser les cours boursiers (...) est-il possible de prédire le futur cours d'un titre ?"
"Comme l'écrit Bachelier dans l'introduction de sa théorie, (...) "les influences qui déterminent les mouvements de la bourse sont innombrables, des événements passés, actuels ou même escomptables, ne présentant souvent aucun rapport apparent avec ses variations, se répercutent sur son cours""la détermination de ces mouvements se subordonne à un nombre infini de facteurs : il est dès lors impossible d'en espérer la prévision mathématique"
L.B. proposait de remplacer les prévisions sur le futur des titres par des lois de probabilités :
"On peut considérer deux sortes de probabilités . 1 : la probabilité que l'on pourrait appeler mathématique est celle que l'on peut déterminer a priori, celle que l'on étudie dans les jeux de hasard. 2 : la probabilité dépendant de faits à venir et par conséquent impossible à prévoir de manière mathématique. C'est cette dernière probabilité que cherche à prévoir le spéculateur : il analyse les raisons qui peuvent influer sur la hausse ou sur la baisse et sur l'amplitude des mouvements.""


42
"Eugene Fama (...) formula en termes explicites cette théorie des marchés efficients dans une fameux article de 1965, "the behavior of stock market prices" : le fonctionnement des marchés est le fait d'agents rationnels dont les activités reflètent leur parfaite assimilation des informations disponibles, menant aux prix les plus justes; en conséquence, la marche des places financières est aléatoire, les bourses "marchent à random" et il est impossible de prévoir le futur des titres boursiers, cette marche au hasard excluant de fait les fluctuations extrêmes puisque les marchés sont, par nature, rationnels."
"si certains économistes suivirent la piste de cette marche au hasard, d'autres humains plus intéressés par la pratique que par la théorie (...) furent les premiers à tenter de prédire le futur des mouvements boursiers à l'aide de formules mathématiques et d'ordinateurs (...) Edward O. Thorp, aujourd'hui considéré comme le parrain d'un nouveau genre de spéculateurs appelés "phynanciers". Mais avant d'aller jeter son dévolu sur les marchés financiers, Thorp commença à s'intéresser aux probabilités mathématiques liées à ce que Bachelier appelait les jeux de hasard."


47
"En 1961, Edward Thorpe publia l'article au sujet duquel il était allé consulter Claude Shannon, "Fortune's formula : a winning strategy for blackjack"
(...) Comment calculer la prise de risque induite par cet investissement financier qu'est un pari?"


48
"En 1969, il était à la tête de Princeton/Newport Partners, l'un des tout premiers hedge funds américains à utiliser des formules mathématiques et statistiques poussées pour parier sur la hausse ou la baisse des marchés ou en minimisant les risques liés à ces paris hasardeux."
Thorpe "devint consultant pour d'autres sociétés d'investissement , comme celle qui le contacta au printemps 1991 pour optimiser ses activités boursières. Thorpe fut sidéré de voir que la compagnie (...) avait un rendement annuel proche de 20%, et ce depuis les années 80 (...)Vingt-quatre heures furent nécessaire à Thorpe pour s'apercevoir que le fonds d'investissement qui l'avait engagé - et dont il se désengagea tout aussi rapidement - n'était qu'une fraude. En 1991, 17 ans avant que n'éclate au grand jour un scandale colossal, Edward Thorpe (...) était tombé sur un escroc de taille, alors président du Nasdaq : Bernard Madoff."


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James Doyne Farmer et Norman Harry Packard "formèrent, à la fin des années 70 (...) un collectif du nom d'Eudaemonic Enterprises (...) L'objectif était d'utiliser les mathématiques et la physique pour modéliser des systèmes complexes - et la roulette en faisait partie."
"En 1985, les deux inséparables physiciens (..) commencèrent à réaliser que leurs recherches respectives dans le domaine de la physique pourraient aider à la compréhension de l'économie et des marchés financiers - voire la prédiction des fluctuations boursières."


54
""Je crois en une théorie des marchés non-efficients qui repose sur les manies humaines et sur l'effet troupeau de personnes agissant en groupe "écrivit Farmer, "Le futur, en un sens, sera comme le passé. Certains patterns ont une valeur prédictive car ils se répètent à travers le temps. Notre mission est de trouver ces patterns. C'est de la science, le reste n'est que du vaudou."
"Norman Packard, Jim McGill et moi-même furent les fondateurs de The Prediction Company, " écrivit Doyne Farmer dans un article publié ne en 2001 "Nous étions experts en modélisation de séries temporelles, une approche empirique permettant de construire des modèles pour des données qui sont ordonnées temporellement."
""L'extraction des caractéristiques fut l'un des modèles clés" ce monde est fait de milliards de données qu'il faut analyser pour y trouver une information intéressante (...) "se débarrasser des informations parasites est crucial." Le nerf de la guerre était l'analyse des données, et seules des machines puissantes pouvaient engranger toutes ces données"


36
En 2008, "Cantor Fitzgerald, l'une des plus vénérables banques de Wall Street, annonça qu'elle créait Cantor Gambling, une division spécialisée dan les paris sportifs, à l'aide d'un système informatique intitulé Midas conçu par un technicien de haut niveau ayant auparavant développé des modèles mathématiques pour calculer les taux d'intérêt liés à des produits dérivés complexes."


10
"Lorsque le ministre de la justice américain, Eric Holder, fut interrogé par un sénateur lors d'une audition concernant la banque HSBC - grâce à l'une de ses filiales mexicaines, elle avait blanchi des millions de dollars des cartels de la drogue, mais la justice américaine avait décidé de passer un accord à l'amiable plutôt que d'engager des poursuites - le ministre fut obligé d'avouer, un peu gêné, que si ces grandes banques étaient poursuivies en justice, "cela aurait un impact sur l'économie nationale, voire peut-être sur l'économie mondiale". Autrefois, l'expression utilisée pour désigner les banques était Too big to fail - trop grosses pour faire faillite, mais ce fut invalidé en 2007, aujourd'hui, la devise est Too big to jail - trop grosses pour aller en prison."

ChatonMarmot
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le 23 avr. 2020

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