La vérité. Rien que la vérité votre honneur. Avec cette histoire policière tricotée en puzzle, seuls les faits intéresseront Kenneth Cook dans un roman qui oscillera entre description des faits d’un meurtre avéré et le portrait d’une décrépitude humaine lors d’une nuit agitée aux bords d’un Hôtel situé au Calpe, pas loin de Sydney, où tout une jeunesse australienne se réunit pour copuler d’un coup sec dans une chambre crade, pour danser sur la piste de danse les yeux fermés, l’esprit ailleurs ou boire des coups jusqu’à plus soif.
Jeune fille en fleur désinhibée, garçon coincé qu’on traite de « pédé », ivrogne le soir et abatteur d’animaux le jour, prostituées à cinq dollars, tout ce petit monde divague et fait de cet hôtel, une boussole du monde, une « parodie mélancolique du monde », un magma de confusions psychologiques désolantes de froideur.
C'est court, sans déchets et avec un sens de la narration aussi aiguisé qu’un scalpel, le livre nous dévoilera ses secrets lors des dernières pages, laissant alors le lecteur face à sa propre conscience et ses propres conclusions face à ce malaise perpétré, cette sensation de gâchis devant ces imbéciles où les concours de circonstances s’additionnent, ces mauvaises décisions symbolisant des individus incapables d’entendre raison et d’une misanthropie à peine dissimulée où règne une mélange d’individualisme et une sensible envie de s’accrocher aux branches d’une vie à l’horizon un peu étroite.
Dès les premières lignes le malheur n’est pas loin. A coups redoublés, avec cette imbrication d’une audience de Tribunal dans le récit, amenant le questionnement policier, divague avec sa narration d’une journée qui commençait comme une autre et qui se finira malheureusement dans le fracas le plus grotesque, teintée d’une pointe d’humour noir tombant à pic.
Kenneth Cook, dans une narration abrupte n’implorant jamais de compassion, écrit des personnages réels, un assemblage d’individus fictifs criant de réalisme dans un monde infernal. Chaque chapitre prend une place dans un récit qui fonctionne tel un puzzle, une chose en amenant une autre, une chronologie efficace, à la mécanique perverse qui nous enfonce de plus en plus loin dans les affres d’une soirée de tous les cauchemars. Personne ne sera jugé coupable, mais tous seront responsables.