A la cime des montagnes par Flo S

A la cime des montagnes est un livre simple, à l'histoire simple qui suit les habitants d'un petit village de montagne chinois, Longzhan, au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Difficile de donner une temporalité précise, tant l'histoire est étendue sur plusieurs générations et floue. Quelques repères temporels pour nous aider: la Seconde Guerre Mondiale et l'apparition d'internet.
Si l'on peut reprocher quelque chose à ce livre, ce sont les motivations de ses personnages. En effet, j'ai lu sur Babelio une critique de quelqu'un résumant les personnages à de vils êtres qui n'agissent que pour leur propre bien être et intérêts. Force est de constater que c'est assez vrai... les personnages de ce roman apparaissent quasiment tous comme des personnes peu charitables, égoïstes et qui ne pensent qu'à leur propre personne. De mon point de vue ce n'est pas vraiment un défaut, car cela permet de les montrer sous un jour humain: des humains qui peuvent être bons, ou mauvais. Cela change des personnages lisses et presque irréprochables sous tous rapports que l'on peut voir dans certains livres, cela change tout simplement des "héros" classiques tels qu'on les entend.
Les personnages, donc, commettent des actions égoïstes, voire criminelles (Xin Xinlai, par exemple, grand méchant s'il en est du roman), mais également parfois de bonnes choses. Pensons à l'embaumeuse, qui, paradoxalement, peu être considérée comme la seule "bonne" personne du village (avec Neige) , et qui finira pourtant en prison après un malencontreux accident. Mais ils servent à montrer l'humanité sous son jour le plus franc, et peut-être, dans une vision pessimiste, l'autrice Chi Zijian souhaite-t-elle nous rendre compte de ce qu'elle a de plus vicieuse.
Ce que j'ai beaucoup aimé, au fond, c'est la plume parfois mordante de l'autrice, qui agrémente quelquefois d'humour ou d'ironie son récit. Ses petites touches sont très agréables et permettent au narrateur de se distancier des événéments, mais également de nous faire part de sa vision des choses. Un autre point intéressant est aussi la façon dont les traditions et croyances des personnages sont mises à mal. Par exemple, Neige, qui est vue comme un être venu des cieux, qui est trop pure pour appartenir à la simple caste des humains, est violée, et tout d'un coup sa pureté et ce qui la rendait si exceptionnelle la ramène plus bas, sur terre.
A plusieurs reprises le narrateur va nous conter des croyances ou légendes appartenant au folklore local (inventé j'imagine), comme celle de la grotte aux mille serpents, et nous montrer qu'elles ne sont pas réelles. C'est une façon de montrer la dichotomie des traditions et du "réel", de l'ancien et du moderne (qui manque cruellement dans ce village perdu de Chine).
En tout cas, l'autrice nous a livré un livre intéressant, teinté de sa vision personnelle du monde, dans un style proche du naturalisme. A suivre donc...