Publié sur L'Homme qui lit :
La vie de Jules, jeune trentenaire parisien, est chamboulée lorsque Lola, sa petite amie, annonce sans prévenir qu’elle l’aime mais qu’elle n’est plus amoureuse, et qu’elle le quitte. Abasourdi, il ne comprend pas ce qui lui tombe dessus, et c’est le moment que choisi sa mère Élise pour l’appeler, totalement paniquée, car Adolphe a disparu.
C’est que sa mère, c’est un personnage. Comme beaucoup de monde, il s’est doucement distancié d’elle, donnant des nouvelles de temps en temps, puis de plus en plus rarement, jusqu’à ne pas trop savoir quoi lui dire, aujourd’hui. Lorsqu’il la rejoint au bois de Boulogne, ou elle s’occupe chaque jour de nourrir des chats sauvages, abandonnés là par quelques maîtres sans scrupules, il se rend compte qu’elle est doucement azimutée.
C’est pourtant dans ces bois qui abritent une population interlope, faite de prostituées, de travestis, de dealers et de clients aux allures de bons pères de familles, que Jules cherchera Adolphe, ce chat blanc au sale caractère et à la petite moustache noire, lui donnant la drôle d’allure d’un autre Adolf, pas plus aimable.
Avec sa mère et au contact de cette faune inhabituelle, Jules passera doucement le cap de cette séparation qui l’a tant attristé, se voyant lui aussi comme un chat d’appartement dont on aurait décidé, sur un coup de tête, de se débarrasser parce qu’il ne faisait plus l’affaire.
Second roman d’Éric Metzger, surtout connu pour son duo humoristique farfelu Éric et Quentin, Adolphe a disparu est un court roman aux allures d’allégorie, où la recherche d’un chat perdu aide le narrateur à avancer en se posant les bonnes questions. C’est léger et doucement attendrissant, et ça m’a beaucoup rappelé le premier roman de Nicolas Robin, Roland est mort, qui figurait déjà le passage à l’âge adulte d’un trentenaire parisien un peu immature grâce à… un chien. Décidément !