Un premier bain à l'acide dans le monde de la Dryco.
Premier roman de Womack, Ambient pose les bases de son Dryco cycle, basé dans un New York post-apocalyptique où règne en maître la Dryden Company, où la guerre civile fait rage à Long Island, où les conditions de vie, les circuits commerciaux s'étant effondrés, rappellent celles de la Russie peu après l'effondrement de l'URSS.
Ce roman n'ayant pas encore été traduit en français, il est nécessaire de le commander en anglais depuis l'étranger. Quelques subtilités m'ont probablement échappées, car les personnages parlent un anglais dégradés, mélange de langage de primate et de vocabulaire technoïde.
Dans le cycle de la Dryco, ce roman se situe après "Journal de nuit" : on retrouve d'ailleurs deux personnages : Judy/Avalon et la narratrice de "Journal de nuit", baptisée désormais "Crazy Lola".
Il n'y a pas de progression dans l'horreur, ici : tout est déjà fichu. Encore une fois, Womack est à son meilleur quand il décrit la dégradation d'un environnement urbain en guerre. Peut-être que je commence à bien connaître son univers, mais ce premier opus m'a semblé moins original que les autres de ce point de vue. Il y a cependant des idées nouvelles, comme cette caste de contestataires qui s'automutilent pour dénoncer avec leur corps l'absurdité du monde dans lequel ils vivent, et parlent un mélange d'anglais shakespearien et d'espagnol.
La trame est un peu décevante : on peut y trouver quelque naïveté dans la recherche du sordide, de l'horreur. Les Dryden sont des personnages stéréotypés, et une citation de critique fait allusion à juste titre aux personnages de milliardaires décadents que l'on trouve chez Raymond Chandler. Le personnage d'O'Malley manque de profondeur psychologique. Il endosse la voix du narrateur, et l'on s'identifie à lui, mais c'est un macho un peu dépassé sans grande profondeur. La galerie de personnages qui entoure ce héros est au fond moins riche que dans les romans ultérieurs.
On passe un bon moment à lire cet ouvrage, qui au final n'explique pas toutes les zones d'ombre entre "Journal de nuit" et "Terraplane" (je m'attendais à quelque chose sur le reconditionnement dont il est question dans l'"Elvissée", mais ce n'est que suggéré). Ce serait cependant une bonne chose qu'il soit traduit en français, car si on arrive à suivre la trame générale, certaines subtilités d'écriture sont difficiles à comprendre.