Arrive un vagabond par Robert_Fabien
Il y a maintenant deux ans, Robert Goolrick m'avait étonné par son premier roman autobiographique "Féroces". Il y peignait un tableau au vitriol et totalement sarcastique de sa famille dans les années 50. Une riche famille bourgeoise qui n'avait qu'une seule règle : les secrets de la famille ne doivent pas dépasser la porte de la maison.
Mais il revient aujourd'hui avec "Arrive un vagabond", toujours chez Anne Carrière, et le cadre reste sensiblement le même : une petite ville de Virginie.
Comme le titre l'annonce, le roman débute avec l'arrivée en ville d'un vagabond, Charlie Beale, muni de ses deux valises, l'une rempli d'argent, l'autre avec quelques affaires et des couteaux de boucher.
Pourquoi arrive t-il ici ? Comment s'est-il procuré cet argent ? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais l'intérêt du livre est dans les relations qu'il entretiendra petit à petit avec les membres de cette petite communauté où tout le monde se connaît et où les faux semblants et les habitudes sont monnaie courante.
Très vite adopté en tant que nouveau boucher, il va prendre ces marques dans Brownsburg, et c'est ainsi que l'histoire devient intéressante car c'est une histoire d'amour avant tout.
Un amour inconditionnel de Charlie pour cette ville, mais surtout pour une femme outrageusement belle et scandaleusement inaccessible car mariée au plus riche propriétaire terrien de la région.
Et là, tout est dit, l'auteur a le talent de narrer une histoire sans jamais trop en dire, juste avec les mots qu'il faut sans pour autant délester la qualité. Et l'on prend un réel plaisir à voir évoluer cette petite bourgade autour des frasques de notre nouvel arrivant, avec ses mœurs, ses ragots et tout ses instantanées de vie d'un petit patelin perdu dans les années 50.
De plus, Goolrick nous dresse un portrait assez dur des relations entre individus (mari/femme, père/fils...) et l'on prend presque un plaisir malsain à voir ce petit monde aller à la catastrophe, car c'est bien ainsi que cela finira.