Légère déception quand tu nous tiens ! Puisqu’il s’agissait du dernier tome de cette série-là, je m’attendais à un final assez explosif, qui me tiendrait en haleine jusqu’au bout. Hélas, outre son aspect « stand-alone » (en dépit des personnages communs), ce roman est à mes yeux tombé dans certains travers.
Il y a du positif : décevant ne signifie pas mauvais, juste correct dans ce cas-là. Retrouver la « Crimson Guard », notamment avec Kyle, est toujours plaisant. Ce roman signe aussi le retour de Silverfox, qui avait disparu depuis un moment de la série principale, et dont l’arc narratif atteint une conclusion satisfaisante. Encore à la tête des T’Lan Imass, ses tourments dus aux multiples âmes contenues en elle, combinés avec ses dilemmes, l’aident à la démarquer.
Quand je mentionnais des travers, c’est que j’ai cette triste impression que parfois Esslemont ne maîtrise pas ses « personnages exclusifs ». Ici je les ai trouvés plutôt oubliables, surtout Orman, lequel a peiné à se distinguer de Kyle. Les lieux des intrigues manquaient aussi cruellement d’originalité : là où Blood et Bone nous immergeait dans une jungle épaisse et hostile, nous retrouvons des montagnes enneigées, ce qui est moins « impressionnant ». De plus, un peuple très explicitement inspiré des vikings (avec des termes évidents comme « Shieldmaiden ») n’aide pas : entre Skyrim, Game of Thrones, Vikings, The Witcher 3, Shadow and Bones, Assassin’s Creed Valhalla, tous ont fait des vikings ou d’un peuple inspiré des vikings une part importante voire principale de leur histoire. Il devient donc d’autant plus difficile de se démarquer… J’aime bien la fantasy inspirée des vikings, mais on dirait que tout le monde a eu la même idée en même temps.
Un autre souci, pourtant clairement évitée dans d’autres livres de cet univers, est l’abus de violences sexuelles « gratuites ». L’exemple le plus frappant est un personnage féminin subissant un viol hors-champ et dont le récit s’attardera à peine dessus : pourquoi donc ajouter cela si ce n’est pour choquer ? Un évident manque de maîtrise encore plus décevant qu’autant Erikson qu’Esslemont nous avaient habitués à mieux.
Assail s’avère ainsi le pire de l’hexalogie d’Esslemont, et malheureusement c’était le dernier, donc ça me laisse sur une mauvaise impression. Du haut de seize romans de lus, mon immersion dans l’univers de Malazan demeure néanmoins très positive, surtout au travers de la plume d’Erikson, et je suis sûr d’avoir encore beaucoup à découvrir.