Les bonnes manières mènent à la perte

Oskar est un talentueux chef d'orchestre et réside dans un pays qu'on imagine d'être d'Europe de l'Est. Devant s'absenter pour régler une affaire à Los Angeles, il fait appel à son meilleur ami pour venir garder son luxueux appartement. L'homme en question, le narrateur, est quant à lui un écrivain de seconde zone (il rédige les modes d'emploi et autres notices explicatives pour le gouvernement). Très content de prendre l'avion et de trouver un nouvel environnement, il saute sur l'occasion de rendre service.


Sauf qu'Oskar, le propriétaire de l'appartement, a laissé des petites notes partout afin de parer au moindre imprévu. le narrateur doit faire attention aux meubles, aux murs, aux chats et surtout au précieux parquet venu de France. Même si le principe des mots partout pour guider l'invité à de quoi être touchant, cette omniprésence rend l'endroit étouffant, trop "parfait" pour être entretenu selon les moindres désirs de l'absent. Et la situation va donc vite dégénérer car le narrateur se sent fliqué, mis sous pression et surtout très seul face aux responsabilités qui isolément sont tenables mais qui paraissent bien grandes pour ce Londonien habitué à ne pas se poser de question.


Je dois dire que je me suis régalée avec ce roman qui dans sa forme est un long monologue d''un homme livré à lui-même, dans un environnement hostile (une ville étrangère, une femme de ménage intrusive et accusatrice). Mais le tout est loin d'être long, ennuyeux ou rébarbatif car le style est alerte et que la narration prend un tour si kafkaïen qu'on peine à laisser le livre, même au bout d'un chapitre. Je dois admettre que les mots d'Oskar laissés à son ami ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase (de la jubilation, évidemment !). Je peux comprendre que le narrateur se soit laissé complètement submergé car il y a de la défiance dans ces missives péremptoires disséminées dans tout l'appartement.


Voilà un livre tout à fait délectable et parfait pour l'été. J'en ai déjà fait le parfait article à un collègue qui s'empressera de le lire également. Un premier roman en forme de farce grinçante, qui laisse augurer de très bons livres pour le futur. Affaire à suivre, donc !

Melopee
8
Écrit par

Créée

le 28 juin 2016

Critique lue 106 fois

1 j'aime

Melopee

Écrit par

Critique lue 106 fois

1

D'autres avis sur Attention au parquet

Attention au parquet
Linstantanee
3

Manque d'épices

Alors que l'histoire m'a tout de suite plu, j'ai rapidement été déçue en me plongeant dans sa lecture. Certaines descriptions sont vraiment longues et ne paraissent pas utiles, j'en ai sauté...

le 12 mars 2016

Attention au parquet
LeMédiathécaire_DeCl
6

L'avis de Stéphanie, bibliothécaire à la Médiathèque de l'Orangerie de Claye-Souilly

Lorsque la maniaquerie d'un ami vous pousse doucement à commettre le pire. Un premier roman plein d'humour, original. A conseiller aux accros du rangement, aux perfectionnistes maladifs. Stéphanie

le 15 juil. 2014

Du même critique

Les Prénoms épicènes
Melopee
5

De l'art d'affronter ses géniteurs

Le pitch de départ est assez séduisant : Claude et Dominique ont une fille. Comme leurs prénoms sont mixtes, ils décident de prénommer leur progéniture Épicène (qui désigne aussi bien le mâle que la...

le 29 nov. 2018

3 j'aime

Heurs et malheurs du trou du cul
Melopee
7

Il en a dans la culotte, Quevedo !

Qu'il est provocant ce livre ! le titre est l'étendard du contenu, autant dire que Francisco de Quevedo, écrivain espagnol du XVIIe siècle, n'y est pas allé par quatre chemins : le trou de cul mérite...

le 7 juil. 2016

3 j'aime

Toute l'histoire de mes échecs sexuels
Melopee
8

Le sexe vu par un looser

Ceci est un documentaire particulièrement désopilant qu’il convient de regarder en période de vacances car c’est un bien bon moment de détente. Notre héros, trentenaire bien dans ses baskets, vient...

le 29 juin 2016

3 j'aime