Nous sommes à Vienne en 1777 et l'heure de gloire pourrait bien arriver pour l'éminent médecin, Mesmer. Premier magnétiseur de l'histoire, il est chargé de redonner la vue à la fille du secrétaire de la cour. La demoiselle, Maria Theresa Paradis, particulièrement douée au piano doit pouvoir évoluer en societé, or sa cécité l'exclut des milieux mondains. Ses parents, ayant fait le tour de tous les spécialistes reconnus, s'adressent maintenant à Mesmer, leur ultime espoir. Mais n'est-ce pas vain de confier son enfant à cet homme aux pratiques mystérieuses? N'est-il pas un imposteur?
Maria Theresa reste donc avec les autres patients, en résidence permanente. Son quotidien est rythmé par les exercices et la musique. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le miracle a l'air d'avoir lieu : la jeune fille recouvre peu à peu la vue. Les parents sont avertis et le bruit commence à courir que cette petite prodige pourrait bien honorer son rang, dans peu de temps. Mesmer cherche à temporiser, même si la notoriété soudaine sur sa pratique du magnétisme le flatte et le place lui aussi sur le devant de la scène. C'est le traitement sur la durée qui sera garant de la réussite de l'entreprise. Seulement, on s'impatiente et bientôt Maria Theresa Paradis est arrachée à sa maison pour s'exhiber sur scène, forte de son nouveau regard et de ses petites mains virevoltant sur le piano.


Que n'ai-je pas l'habitude de m'aventurer dans de tels romans ! C'est qu'un roman historique creuse les sillons d'un autre temps et que la vraie histoire des Paradis et du magnétiseur Mesmer me faisaient cruellement défaut. J'ai eu beau chercher matière à m'accrocher à cette fiction, j'ai comme survolé l'histoire car mon intérêt s'est fait fluctuant. Certes, rendre la vue à une aveugle est au fond un concept qui peut marcher, seulement Mesmer est loin d'être sympathique et la jeune pianiste m'a plus qu'agacé dans son entêtement à plaire aux uns et aux autres.
La plume d'Alissa Walser est néanmoins touchante, voire poétique et cela, je l'ai ressenti dès le titre. Il a pris tout son sens au fil des pages et c'est bien là une réussite.
Et les phrases sont courtes, concises, elles nous interpellent à chaque respiration. J'ai aimé cette poésie et ce parti pris de rendre le texte brut, plein de points et d'interrogations.


Encore un roman de la rentrée littéraire dont je ressors globalement satisfaite. J'ai eu l'impression avec celui-ci d'avoir exploré un pan de l'histoire. Je vous invite à vous renseigner sur l'histoire de Maria Theresa Paradis et de son docteur Mesmer, personnages qui ont bel et bien existé et dont la relation apportera, ne serait-ce qu'un instant, la lumière.

Melopee
6
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le 1 juil. 2016

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Melopee

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