De l'or à Thouars - Sous-titré : si les libertaires...

... Sont libres de se taire, de quoi sont libres les libertariens ? ;)


Pendant l'adolescence, période de sociabilisation, pas facile d'agir de manière différente de celle du groupe... (non cette critique ne va pas traiter d'un bouquin d'études sur le genre). Alors ici, je vais me laisser aller et déclarer ma flamme à la petite ville de 16 000 habitants dans laquelle j'ai vécu et en parti grandi : Thouars !


Car c'est bien contre ceci que je m'opposais, étant gamin. Contre le discours unique qui disait "On se fait chier à Thouars". Non, si on arrive à mobiliser un peu sa curiosité, si on sait chercher les gens qui se bougent pour créer, monter et fabriquer de leurs petites mains, y'a pleins de choses à faire sur Thouars : festivals musicaux divers et variés (des super : sur le blues, sur la culture urbaine, sur les musiques du monde, de guitare et quelques dizaines de concerts tout au long de l'année), un théâtre avec une chouette programmation (contrairement à ce que peut en dire l'UMP), ou simplement voir la jolie ville et son centre historique. Et tout ça est accessible à quasiment toutes les bourses car lorsque ce n'est pas gratuit, les prix sont corrects (me voilà en train de louer la politique culturel des élus locaux, on marche sur la tête) !


Voilà pourquoi pendant 10 ans, je fus attristé (et je pense ne pas être le seul) de voir le centre-ville commerçant péricliter, de voir ces dizaine de vitrines vides qui s'ajoutaient à celles que j'ai toujours connu vides.


Mais dernièrement, il y eu un petit sursaut d'émulation culturelle, salvateur et aussi permanent dans le centre historique. Ces projets ont vu le jour entre de grandes goulées de bières bues par quelques joyeux drilles libertaires et juste adaptent de la résistance face à la morosité quotidienne. Ces bières furent avalées dans le (quasi) unique chouette bar de la ville (mais quel bar, on y passe notre temps libre et on dépense nos euros dans des pintes, les soirs de concert ou non) : Le café des Arts. ( dans ce lieu, mais aussi dans Thouars en général, fut tournées des scènes de Pleure pas la bouche pleine avec Bernard Menez et Jean Carmet s'il-vous-plaît).
Ça a commencé (pour moi) avec quelques numéros du Monde Libertaire en consultation libre. Puis avec une bibliothèque, doublé d'une grainothèque libre. Après les attentats de Charlie Hebdo, les camarades ont parasité un panneau d'affichage qui était depuis longtemps inutilisé pour y afficher des dessins de presse et autres gags absurdes qui, bien souvent, ne sont pas tendres avec les élus locaux (je participe de temps en temps à la réunion de la "rédac", mais comme c'est d'essence libertaire, tout le monde peut venir afficher ce qu'il y veut, venez consulter ici). Je ne suis pas particulièrement Charlie, mais pour sur, Je suis la Gamelle.
Toute cette longue introduction pour vous parler des (minuscules mais aussi drôlement chouettes) livres de la collection "Livres Libres".


Des mini livres à imprimer, à plier et à laisser là où ça vous chante. Permettez-moi d'en décrire quelques-uns (pas tous, car j'associe à cette critique, une liste) . Présentons d'abord les œuvres de ce qui me parait être les deux trublions les plus actifs (surement même les instigateurs) de cet ilot de production culturelle : les bouquins de de Lucas, des nouvelles sur les relations sentimentales (pour ceux qui connaissent Thouars, son blog, Au café de la ville est très chouette). Il y a aussi Balthazar Forcalquier, anar' notoire de la ville qui a écrit de très chouettes nouvelles. Il a aussi un blog (et vient de sortir un livre chez un éditeur -un vrai, un de ceux membres du grand capital- sur Thouars. Dans cette collection, vous pourrez aussi trouver des textes bien chouettes de Michel Dalloni (ancien rédacteur de la rédaction de L'équipe, ancien journaliste du Parisien et du Monde et maintenant rédacteur à Médiapart). Sans faire la liste détaillée, je me permets encore de recommander les très drôles Haïkus secs de L’œil de l'ours, la fable absurde et non-sensique de Joël, ce court récit anonyme sur l'amour du livre, aux effluves Borgèsienne, l'histoire anti-progressiste de Michel, patron du bar sus-nommé, la chouette BD, quasi-OuBaPienne, qui arrive à expérimenter sur la narration en si peu de cases d'Iso, les jolies paroles anonymes d'une chanson oubliée dont l'auteur(e?) était doué(e?) de parfaite raison. Enfin, je conclurai cette présentation générale, par le magnifique Au comptoir : œuvre d'une vie, celle de Philippe Perrein !


...


Bon évidemment, la plupart d'entre vous ne connaissent pas ce nom, donc vous ne pouvez pas vibrer en le lisant. Philippe est un chouette pilier de comptoir qui égayent nos vies aux z'Arts (diminutif affectueux du Café des arts donc). En plus d'être un homme politique libertaire en puissance (oui, il a de l'humour), un chanteur iconoclaste, Philippe est aussi un poète, auteur de ce magnifique sonnet dans la plus pur tradition du Parnasse... Et de l'OuLiPo. Il faut le voir nous décrire son poème qui "se plit à toutes les conditions suivantes : alexandrins, deux quatrains, deux tercets, césure à l'hémistiche MAIS AUSSI comme contrainte OuLiPienne, un lipogramme de 9 lettres (9 LETTRES) DONT le "E"" et tout ceci sur le thème de : picoler aux bars !!!
Il nous est arrivé, certains longs soirs où s'accumulaient les verres, d'accumuler ses vers ! Sous la direction de ce chef d'orchestre chancelant qu'est Philippe, nous devions réciter, réciter que dis-je, DÉCLAMER chacun notre tour son poème.


Je finirai cette critique par ces quelques injonctions (pour une fois que je me permets de donner des ordres) : Lisez les Livres Libres ! Imprimez-les (voici le tutoriel du pliage, pour ceux que le veulent, présenté par notre ami Philippe lui-même) ! Distribuez-les dans vos villes respectives (si vous prenez des photos envoyez-les leurs, ils seront contents) ! Si vous avez de l'inspiration, contactez-les et écrivez-le votre, de livre ! Faites vivre la culture populaire libre, et donc (comme me la si bien dit Floax une fois) la vraie culture démocratique en vous lançant vous aussi corps et âmes dans le DIY et l'auto-édition de à peu près tous ce que vous souhaitez éditer par vous-même (ne les laissez pas que sur Internet, c'est tristounet).


http://livres-libres.blogspot.fr/


La collection des livres à télécharger : http://livres-libres.blogspot.fr/p/la-collection.html

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le 20 août 2015

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Hypergerme

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