Dans tous les sens
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Aubrey Beardsley est connu des amateurs de littérature avant tout pour avoir été l’illustrateur de la Salomé de Wilde. Ce n’est pas l’auteur des dessins les plus sains qu’on puisse produire. Et c’est souvent à son style qu’on pense – avec peut-être celui de Mucha – quand on entend parler d’illustrations fin-de-siècle : pas besoin d’avoir fait l’école du Louvre pour se dire que ses travaux ne peuvent pas dater d’avant 1880, ni d’après 1930.
Cela peut d’ailleurs sembler paradoxal : son époque et sa société ont beau l’avoir marqué (en termes de mentalité, de thèmes, de technique…), ce que les textes de l’ouvrage soulignent régulièrement, son œuvre reste très personnelle (en termes de style).
Évidemment, les lecteurs hermétiques à son art ne feront pas leur miel de ce volume. Les autres, ceux qui l’apprécient, ceux qui en avaient juste entendu parler et ceux qui ne le connaissaient pas, le feuilletteront avec plaisir et apprendront des choses. Vous le saviez, vous, que les dessins de Salomé « étaient, dans les faits, une satire de Wilde et de sa pièce » (p. 38) ?
Concernant le livre lui-même (1), il réunit ce qu’on trouve généralement dans les livres publiés à l’occasion d’une exposition : un peu de baratin pour dire à quel point celle-ci est géniale et indispensable, quelques babioles pour érudits (bibliographies, références, etc.), des contributions à la pertinence et à l’intérêt variables et surtout des reproductions des œuvres.
Sur ces points, celui-là tient le haut du pavé : les textes restent à la portée du non-spécialiste sans prendre le lecteur pour un crétin. Sa structure thématique (« La musique dans l’œuvre de Beardsley », « Beardsley et le mythe », « Beardsley et le Japon », etc.) entraîne quelques redondances, mais au moins on n’insiste pas trop sur l’aspect maudit de Beardsley – les scandales, la précocité, la tuberculose, la mort à vingt-cinq ans… Quant aux reproductions d’œuvres, elles sont nombreuses et de qualité, d’autant plus que son format (30×20 cm) ne le rend ni trop encombrant, ni trop petit.
Alors que demande le peuple ? Un pass culture ?
(1) Je parle bien de l’Aubrey Beardsley co-publié par la RMN et le Musée d’Orsay. J’en ai vu deux autres du même titre dans les rayons de ma librairie, dont l’un était imprimé sur du papier blanc comme une banquise sous le soleil.
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le 19 août 2021
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