Ce grand et époustouflant roman de 1400 pages s'achève, et pourtant, à la dernière ligne, tout commence. Car, quel que soit le drame que l'on vit, c'est avéré, "après tout, demain est un autre jour". Avec lui se profile un cortège d'espoirs, de défis, de rêves et de conquêtes à réaliser.
Le flamboyant couple formé par Scarlett O'Hara et Rhett Butler est aussi torturé qu'inspirant. Ames entières et sans concession, il ne laisse pas grand chose les arrêter. Ils sont les allégories vivantes quoique fictives de la ténacité et du courage.
Ce second tome de la nouvelle édition Gallmeister s'ouvre sur le temps de la Reconstruction. Le Sud est moribond après quatre années de guerre et sa civilisation esclavagiste s'est effondrée. Un terrible Götterdämmerung - crépuscule des dieux - comme le définit si bien Ashley Wilkes, représentant archétypal de ce monde balayé et emporté par le vent du changement.
Dans un contexte social et économique ségrégationniste très dur à digérer pour un lecteur du XXIème siècle, le roman est un portrait naturaliste criant de réalisme. Les personnages, principaux ou secondaires, sont les reflets d'une histoire, d'une mentalité et d'une culture enfouies sous les ruines de la guerre de Sécession. Ils sont tous très attachants, chacun à leur degré, et je pense qu'il y a quelque chose de Scarlett en toute femme attachée à son indépendance et à son libre-arbitre.
La figure de Scarlett O'Hara est résolument moderne. Parce qu'elle utilise les hommes pour tirer son épingle du jeu de l'existence, là où son éducation, son milieu et sa religion lui interdisaient toute liberté d'action et tout espoir d'affirmation de soi, elle heurte, scandalise, clive et chute. Mais elle symbolise aussi une force et un courage qui lui permettent de surmonter toutes les épreuves, et de se relever après chaque drame.
Le roman se termine alors qu'elle n'a pas trente ans. La vie ne l'a pas ménagée et elle n'a pas ménagé la vie. Et après tout, demain est un autre jour.