Ce grand et époustouflant roman de 1400 pages s'achève, et pourtant, à la dernière ligne, tout commence. Car, quel que soit le drame que l'on vit, c'est avéré, "après tout, demain est un autre jour". Avec lui se profile un cortège d'espoirs, de défis, de rêves et de conquêtes à réaliser.


Le flamboyant couple formé par Scarlett O'Hara et Rhett Butler est aussi torturé qu'inspirant. Ames entières et sans concession, il ne laisse pas grand chose les arrêter. Ils sont les allégories vivantes quoique fictives de la ténacité et du courage.


Ce second tome de la nouvelle édition Gallmeister s'ouvre sur le temps de la Reconstruction. Le Sud est moribond après quatre années de guerre et sa civilisation esclavagiste s'est effondrée. Un terrible Götterdämmerung - crépuscule des dieux - comme le définit si bien Ashley Wilkes, représentant archétypal de ce monde balayé et emporté par le vent du changement.


Dans un contexte social et économique ségrégationniste très dur à digérer pour un lecteur du XXIème siècle, le roman est un portrait naturaliste criant de réalisme. Les personnages, principaux ou secondaires, sont les reflets d'une histoire, d'une mentalité et d'une culture enfouies sous les ruines de la guerre de Sécession. Ils sont tous très attachants, chacun à leur degré, et je pense qu'il y a quelque chose de Scarlett en toute femme attachée à son indépendance et à son libre-arbitre.


La figure de Scarlett O'Hara est résolument moderne. Parce qu'elle utilise les hommes pour tirer son épingle du jeu de l'existence, là où son éducation, son milieu et sa religion lui interdisaient toute liberté d'action et tout espoir d'affirmation de soi, elle heurte, scandalise, clive et chute. Mais elle symbolise aussi une force et un courage qui lui permettent de surmonter toutes les épreuves, et de se relever après chaque drame.


Le roman se termine alors qu'elle n'a pas trente ans. La vie ne l'a pas ménagée et elle n'a pas ménagé la vie. Et après tout, demain est un autre jour.


Créée

le 11 févr. 2024

Critique lue 44 fois

1 j'aime

2 commentaires

Gwen21

Écrit par

Critique lue 44 fois

1
2

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

67 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

33 j'aime

8