Avant, j'aimais pas les champignons. Mais à force d'en manger, maintenant j'apprécie les champignons. Il en va ainsi pour plein de choses : on peut s'habituer au plus mauvais de goûts à force de retester.
C'est un peu ce qui m'est arrivé avec ce bouquin. Pendant la majeure partie de ma lecture, j'ai pesté contre le style de l'auteur, avec ses phrases purement nominales, sans verbe, brève, qui se suivent comme s'il découpait sa scène avec une série de plans fixes brefs, des inserts. Cela fonctionne avec modération mais l'auteur l'utilise très souvent, au moins une fois toutes les deux pages. J'ai fini par m'y faire. Peut-être parce qu'il l'utilise de manière plus appropriée sur la fin?
J'ai aussi été agacé par sa capacité à répéter deux fois la même phrase, en changeant juste quelques mots. Comme s'il cherchait à développer sauf qu'il ne développe pas, il redit la même chose avec d'autres mots. Ça, il le fait moins sur la fin. Maus au début je croyais devenir fou.
Enfin j'ai vraiment du mal avec ses constructions de phrase à rallonge : des virgules par tout pour y ajouter d'autres idées, des précisions pas très utiles, en si grand nombre qu'on perd le fil. Parfois il répète donc le début de la phrase pour qu'on s'y retrouve et parfois non. Et c'est chiant à lire à haute voix parce qu'on ne sait pas toujours comment ça va finir, tant il ajoute encore et toujours des précisions souvent pas très utiles.
Niveau vocabulaire, ça passe, parfois des termes plus techniques, mais globalement ça se suit très facilement. Les dialogues fonctionnent aussi, avec des effets d'intonation, des personnages qui ont chacun leur manière de parler.
L'on pourra sourire sur le point de vue adopté : celui du cheval. En soi c'est intéressant mais c'est juste que certains choix d'intelligence, on va dire, sont discutables, tandis que certaines émotions et réflexions attendues sont ignorées.
Le récit se suit plutôt bien mais n'est pas sans faille. Ainsi, la super longue ellipse qui donne l''impression d'avoir zappé 15 années de vie au moins. Le chapitrage n'est pas toujours cohérent non plus : après une série de chapitres bien pensés, chacun évoquant une partie de vie, on se tape 3 ou 4 chapitres avec les mêmes protagonistes ; à la limite il aurait été possible de couper en deux, mais là il y a juste trop de chapitres.
L'on notera aussi un bon paquet de digression une fois que Vieux Cheval arrive chez Maître et Ralph, si bien que Vieux Cheval n'est plus qu'un figurant, comme si l'auteur avait déjà fait le tour de son sujet, et qu'il nous faisait patienter avec d'autres histoires en attendant. Ce n'est pas totalement déplaisant, c'est surtout curieux comme choix. Mais on appréciera clairement ce duo formé par Maître et Ralph qui fait un peu penser à Don Quichotte et son Pancha.
Bref, le style m'a un peu agacé, sur la fin je m'y suis habitué. Le récit est sympa mais semble parfois incomplet.