Après la Gifle, roman incontournable de Christos Tsiolkas, j’ai été tenté de revenir à cet auteur au style percutant et retentissant. J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans la vie de Dan Kelly, jeune nageur prometteur ( et narrateur du livre), car ses premiers récits sont linéaires car descriptifs d’un univers pas vraiment passionnant de la natation de compétition.Du moment que Christos Tsolkias fait choir son anti-héros, le malmène dans les arènes de l’existence, Barracuda entre dans une autre dimension et trouve son souffle.C’est ainsi que Dan,à travers des moments bien précis, (sa beuverie le conduisant à perdre le contrôle envers un camarade; la visite de sa grand-mère d’origine grecque mourante à Melbourne révélant la famille de sa mère divisée pour des broutilles; quelques passages fondateurs sur son homosexualité et sa façon de la vivre; les relations tendres ou conflictuelles avec son père Neal ou son entraîneur Torma) dessinent la richesse ainsi que les tourments intérieurs du personnage.Toute une installation prouvant qu’une ambition contrariée peut mener à un réveil résilient. Tsolkias rappelle ainsi qu’une vie est semée d’embûches, de moments mémorables et de désillusions. Divisé intelligemment entre présent et passé sur une période proche de vingt ans, Barracuda séquence la vie de Daniel, ses amours, ses emmerdes mais aussi ses failles étant autant de démons chroniques. Voir aussi comment sa bande d’amis, ses parents évoluent ou cultivent quelques blocages, est également un point de vue enrichissant.Christos Tsolkias a aussi écrit ce livre en résidence d’auteur en Écosse( il le dit dans les remerciements).Voir que l’amant de Dan s’appelle Clyde ( nom d’une rivière à Glasgow), que ses grands parents sont écossais d’origine aussi sont de savoureux clins d’oeil. Pour finir, en embrassant le monde dans ses cadeaux ou ses épines, l’auteur australien d’origine grecque choisit un clair-obscur à propos pour ne pas faire sombrer le lecteur dans la dépression la plus sordide.Et cette direction, au delà de son originalité relative, confère toute une tonalité salvatrice à l’ensemble.