Il y a certains livres, on ne sait qu’à la toute dernière page qu’ils nous ont profondément marqués. Puis, il y a des livres comme Barracuda, où il suffit de lire un seul chapitre pour le savoir : ce livre ne nous laissera pas indemne. Ce roman nous touche, nous remue dès les premiers mots. Dès le départ, le roman se démarque par la structure même du récit. On suit en parallèle le présent du personnage principal, Danny, et son adolescence. C’est toute sa vie qui défile devant nos yeux.


Au fil des pages, on découvre un garçon perdu, coincé dans « l’entre-deux », entre deux univers opposés. Dans son lycée privé, où il n’est là que grâce à sa bourse, Danny est seul. Il se forge alors une carapace et se jette corps et âme dans la natation. Il ne nage pas. Il vole. Et porté par la main de maître de l'auteur, on vole avec lui.


On comprend vite que la piscine est l’exutoire de Danny, sa seule échappatoire aux moqueries et aux dédains que lui accordent les autres lycéens. Nager devient vite une nécessité. C’est un personnage dont j’ai beaucoup apprécié la force de caractère : c’est un battant qui ne voit son avenir qu’aux JO. Pourtant, il se perd tant dans la compétition que l'on se dit que, inexorablement, il va craquer…


Danny ne voit pas son avenir sans eau, et pourtant, dans le présent qui nous est décrit, il n’est pas le nageur exceptionnel qu’il souhaitait être. En effet, c’est un adulte brisé que l'on découvre, et qui ne nage plus du tout. On sent que quelque chose de grave s’est passé durant son adolescence, mais on redoute de savoir quoi… Le contraste est frappant entre le Danny du passé, qui a des rêves plein la tête et des ambitions démesurées, et le Dan du présent qui est brisé et dévoré par la honte et la culpabilité. Que s’est-il passé ? On essaie de deviner comment Danny a pu en arriver là. Les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit, nous tenant en haleine jusqu’au bout.


Il y a une violence difficilement contenue dans ce roman. Un mélange de violence et de souffrance qui vous prend à la gorge, sans jamais vous lâcher. Même après avoir refermé ce roman, Barracuda hante vos pensées.


http://attrape-mots.blogspot.fr/2015/08/barracuda-de-christos-tsiolkas.html

attrape-mots
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 7 mai 2016

Critique lue 191 fois

attrape-mots

Écrit par

Critique lue 191 fois

D'autres avis sur Barracuda

Barracuda
Specliseur
8

D’une ambition contrariée à un réveil résilient

Après la Gifle, roman incontournable de Christos Tsiolkas, j’ai été tenté de revenir à cet auteur au style percutant et retentissant. J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans la vie de Dan Kelly, jeune...

le 28 avr. 2019

Barracuda
Cinephile-doux
8

A contre-courant

La gifle, premier roman traduit en français de l'australien Christos Tsiolkas, justifiait cent fois son titre par rapport à la virulence de son constat social. Le succès aidant (énorme en son pays),...

le 4 janv. 2017

Barracuda
attrape-mots
10

Une claque magistrale

Il y a certains livres, on ne sait qu’à la toute dernière page qu’ils nous ont profondément marqués. Puis, il y a des livres comme Barracuda, où il suffit de lire un seul chapitre pour le savoir : ce...

le 7 mai 2016

Du même critique

Wave
attrape-mots
9

Le récit de Sonali restera marqué au fer rouge dans ma mémoire.

Le 26 décembre 2004, un séisme se produit dans l'Océan Indien, créant un tsunami qui touchera tous les pays à proximité. Au Sri Lanka, la vague s'abat sur plusieurs kilomètres et détruit tout sur son...

le 7 mai 2016

2 j'aime