Bellefleur, plus qu'un simple titre à l'apparence cu-cul, c'est celui d'un roman ''prodigieux'' (en mode Télérama). C'est du fantastique, du vrai, de l'impur, au sens todorovien du terme. Bellefleur c'est un Wuthering Heights, pensé par Jonathan Coe et écrit avec la plume de Sylvie Germain. Nombreux sont ceux qui ont comparé le roman aux grands romans du XIXe siècle : quelle honte ! Ces ''grands romans'' sont des tapisseries moisies comparées à ce chef-d’œuvre (en mode Le Monde).
C'est l'histoire de... Ça ne se raconte pas. Il y a la nature, folle, enragée, belle parfois, des tsugas, des vautours, des araignées, cette oscillation perpétuelle de la réalité, il y a des phrases dans des phrases dans des phrases couvées par d'autres phrases, des phrases d'une page, des parenthèses d'une longueur vertigineuse, il y a des légendes, de la mort, des lacs, des fleuves, la montagne, des tombes, Dieu parfois, c'est pensé, senti, ressenti, universel et tentaculaire, c'est sombre, et chaleureux, et jamais triste, c'est historique, il y a des voyages dans le temps, des personnages marquants, des digressions : c'est un roman monde, quintessence d'une Poétique de l'espace.
Et l'on se demande alors : pourquoi Bellefleur est-il cet ouvrage si relativement connu ?
Pour toutes ces raisons, et pour mille autres, si JCO avait une bite, je l'utiliserais comme canal conduisant aux rives de l'imaginaire, comme paille pour boire à l'inépuisable coupe de l'extraordinaire.