Ce petit roman jeunesse avancée fait parti des plus récents ouvrages de la Collection "Mon Histoire", parus au éditions Gallimard Jeunesse. Suivant la formule de cette collection, "Berlin 1989" est donc un journal intime, tenu par Anita, 14 ans, une jeune allemande de la RDA, la République Démocratique d'Allemagne.
Pour ceux qui ne sont pas trop versés en Histoire, la RDA était "L'Allemagne de l'Est" du temps de la Guerre Froide et était affiliée à l'URSS, vaste empire communiste. La ville de Berlin, capitale convoitée, a connu , hélas, le même sort que le pays: divisée en quatre parts entre les quatre vainqueurs de la 2e Guerre mondiale. Mais la partie qui appartenait aux capitalistes ( France,Royaume-Unis et États-Unis) coexistait avec la partie appartenant aux Soviets, qui elle, pour sa part, était sous régime communiste. Inutile de dire que cette coexistence n'a pas durée: personne n'avait vraiment envie de rester dans la partie soviet où privatisations et absence de droits rendait la vie difficile. Pour empêcher les allemands de l'Est ( ou de Berlin-Est) de passer du côté des capitalistes, on a donc bâti un mur dans Berlin et créer le "rideau de fer" entre les deux Allemagnes. Cette guerre d'idéologie, dite "Guerre froide", se poursuivra jusqu'à la chute du mur, en 1989, et de la fin du régime communiste de l'URSS, ce qui nous amène au journal d'Anita.
Anita vit dans Berlin-Est, est une nageuse aspirante aux Jeux Olympiques et espère un jour quitter sa partie du pays pour voyager. De toutes les privatisations et interdictions du régime, c'est le fait de pouvoir voyager qui lui pèse le plus. On découvre avec elle le quotidien des allemands de l'Est, surveillés, endoctrinés et vivant de peu de ressources, alors qu'une Élite au contraire, jouit d'une vie marquée par l'opulence et ( ironiquement) de toutes les ressources et produits venant de l'Ouest. À travers ses amis Birgit et Peter, on en apprend sur le sort des gens qui tentent de s'échapper ou qui vont à l'encontre de la doctrine du Parti ( ou plus largement qui aspirent aux conditions de vie de l'Ouest: c'est un crime, cela fait passer le régime pour moins abouti que celui des capitalistes). On vous parlera de propagande, de jeunesses communistes ( fâcheux rappel des jeunesses Hitleriennes), de véhicules vétustes mal bâtis, d'athlètes dopés, de police secrète, de punitions infantilisantes et de restrictions géographiques. Les joies des régimes totalitaires et théocratiques , quoi! Mais on vous parlera aussi du sort de Birgit, sa meilleure amie, terrible et accidentel, mais qui traduit aussi le désir de liberté féroce de bien des allemands. Et bien sur, on vous parlera de le chute du "mur de la honte", dont la division aura des conséquences jusqu'à nos jours.
L'histoire d'Anita illustre très bien une époque tourmentée en Allemagne, mais aussi de la Guerre Froide, guerre d'idéologie qui marquera la fin du régime communiste soviétique. Je l'ai trouvé bien calibré entre son histoire et l'Histoire, sans fioritures inutiles ( comme une amourette, par exemple) et le tout rondement mené.
Une fois de plus, j'apprécie le petit "Pour aller plus loin" placé à la fin du roman. J'ai également aimé qu'Anita soit une aspirante athlète, ce qui est relativement peu standard chez les personnages féminins ( pour ce que j'en ai vu).
Un autre bon petit roman qui nous en apprend beaucoup.