Chez les Plomeur, on est boucher de père en fils. Ce n’est donc pas l’héritier du nom, André, fils unique comme le veut le code familial, qui dérogera à la règle. Bœuf, agneau, cochon, rognon, côtelette, gigot, travers, entrecôte, bifteck et même l’araignée. Ah, l’araignée… Saint Graal pour la cliente qui se verra attribuer cette pièce à griller. Car si André est loin d’être un Don Juan, il n’en est pas moins un tombeur en ces temps où la guerre de 14 prive la Bretagne de ses hommes. Et c’est par ce morceau de choix qu’il désigne l’élue du jour qui disposera de ses faveurs et ardeurs amoureuses.
124 pages, c’est court pour raconter une histoire. C’est court pour un roman mais largement suffisant pour un conte car c’est bien ce que nous propose Martin Provost avec son récit. Une histoire abracadabrante, complètement farfelue et irréelle, une fable pour adulte. Et le lecteur doit se laisser embarqué pour pouvoir adhérer. Laisser de côté son côté rationnel et suivre aveuglément l’auteur dans son délire jusqu’à la morale finale, fermer la couverture cartonnée en se demandant où il a bien pu aller chercher tout ça. Si quelqu’un doutait de l’imagination débordante de Martin, il lui suffit de dévorer Bifteck pour s’en convaincre. En un mot comme en cent, barré mais réussi.