Le bruit et la fureur, quelle douce mélodie.

Il fallait que je vous parle de ce livre. En fait, je viens tout juste de le finir (quand tu empruntes des livres à ta FAC, généralement, aller vite, c'est le mieux), mais le voyage que j'ai entrepris en compagnie de Simon Reynolds était si exaltant qu'il fallait que je vous en parle. Et que je vous dise à quel point c'est bien.


Déjà, Simon Reynolds, c'est qui ? Eh bien, c'est un journaliste londonien qui a roulé sa bosse durant plus de 25 ans, d'abord en amateur, puis en tant que rédacteur pour un journal musical anglais culte aujourd'hui décédé, le Melody Maker, puis comme pigiste free-lance pour des journaux comme Spin, Uncut ou encore The Wire (des noms qui ne vous diront sûrement rien si la presse anglaise ne vous intéresse pas plus que ça) et, enfin, comme blogueur avec son Blissblog, qui existe toujours après un peu plus de 15 ans (allez checker avec l'URL blissout.blogspot.com, si vous comprenez l'anglais). Sur la couverture de l'édition française, il est présenté comme "LA référence en histoire du rock et du son rebelle".


Le son rebelle ? Intéressant, mais c'est quoi, au fond, le son rebelle ? Moi, évidemment, je pense au rock et à tous ses sous-genres, les guitares puissantes et hurlantes, les basses grondantes, les batteries martiales ne laissant aucun répit, les chanteurs au charisme inégalé et aux textes subversifs... et en fait, ce que Simon Reynolds nous dit en réponse, c'est que non. Ou en tout cas, que c'est une vision trop simpliste. Et il nous le dit directement dans sa préface : "Je ne pouvais pas et ne voulais pas choisir entre les Smiths et Public Enemy, Hüsker Dü et LL Cool J.", ce qui est assez clair. D'ailleurs, n'est-il pas écrit sur la première de couverture "25 ans de rock et de hip-hop" ?


Et c'est donc le voyage dans lequel il nous entraîne. Suite directe de son précédent livre, Rip It Up and Start Again (que j'ai pas lu, mais franchement, j'adorerais), qui couvrait la période 1978-1984, Bring the Noise (référence à la chanson de Public Enemy) couvre la période 1985-2010 et, au fil de ses déambulations et au fur et à mesure que sa renommée augmente, Reynolds nous entraîne dans ses découvertes musicales et, au lieu de faire un pot-pourri de ses articles préférés, dresse une vraie frise chronologique de l'évolution des musiques populaires et underground : rock alternatif, hip-hop, rave, techno, grunge, dancehall, britpop, jungle... En pêle-mêle, nous avons des articles d'analyse de genres (et aussi du marché musical), des chroniques de singles, des interviews, des compte-rendus de concerts... bref, ce livre, avec ses un peu plus de 640 pages, est extrêmement touffu.


Et en plus d'être touffu et d'être une excellente frise chronologique (surtout quand comme moi, vous adorez les ordres chronologiques), ce livre est juste passionnant. Vraiment, je ne peux pas trouver d'autre mot pour le décrire. La lecture était extrêmement fluide, je n'ai pas vu le temps passer et j'ai été enchanté de voir notre bon ami nous partager toutes ces découvertes avec passion et entrain. Néanmoins, ne croyez pas que c'est juste 640 pages de cirage de pompes. Non seulement le hip-hop contemporain de la seconde moitié des années 2000, la britpop ou les Red Hot Chili Peppers en prennent pour leurs grades (et je ne cite que des exemples), mais en plus, il n'a pas que des gentillesses à dire sur Public Enemy, pour citer un autre exemple. Il a d'ailleurs certains points de vue se révélant réellement progressistes (notamment la dénonciation de l'hyper-virilité et de l'homophobie dans le milieu du hip-hop américain) et d'autres qui sont, encore aujourd'hui, extrêmement pertinents. Je me contenterai de vous citer les articles ouvrant et fermant le bal de ce magnifique livre, à savoir celui sur "ce qui manque à la pop" et celui sur "Quand est-ce que le hip-hop va se dépêcher de mourir ?".


Je pourrais vous citer plein d'autres choses qui font que ce livre est indispensable, mais ce qui est primordial que vous reteniez, c'est : achetez ou, en tout cas, lisez Bring the Noise, c'est un livre qui, que vous approuviez ou non ce qui est dit, ne vous laissera pas indifférent et vous permettra de découvrir beaucoup de choses. Voire même, revoir certains de vos préjugés sur des styles de musique... oh, et vous ai-je parlé de la playlist à la toute fin du livre ? ^^


(P.S : Je remercie mon cerveau d'avoir retrouvé son professionnalisme et de m'avoir ainsi permis de terminer cette critique alors que j'avais envisagé de la laisser en plan et de la terminer demain.)
(P.S.2 de 2020 : Pourquoi cette critique a été marquée comme brouillon pendant aussi longtemps sans que je m'en rende compte est un mystère qui ne sera jamais vraiment résolu...)

AntoineFontaine
9
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le 7 oct. 2019

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