Quand j’ai commencé la lecture de ce roman, je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer. Je savais juste qu’il allait y avoir un cataclysme. Et très vite, dès le départ en fait, l’histoire prend un tour que je n’attendais pas. Et c’est comme cela tout au long du livre. Au début, on croit à un scénario catastrophe, avec sauvetage des sinistrés et éventuellement une guerre de vengeance, puis que l’on affaire à une épopée survivaliste, puis à un road-movie… À chaque fois que l’histoire semble bien lancée sur ses rails, quelque chose la fait dévier dans une direction totalement imprévue. Le seul point fixe est ce besoin irrépressible de se rendre à Sedona, une pulsion qui ne quittera jamais nos héros. Inutile de dire que dans ces conditions, le lecteur est constamment maintenu en éveil. On ne sait jamais à quoi s’attendre d’une page à l’autre. Si on ajoute la taille relativement courte des chapitres qui incite à toujours en lire un de plus « après tout, cela ne fait que quelques minutes de plus », on a entre les mains un livre incroyablement addictif. Et comme il fallait s’en douter, ce roman aux multiples rebondissements se termine de façon totalement surprenante.
Les changements dans la direction de l’action rendent aussi délicate l’identification des différents camps. Untel est-il un ami ou un ennemi du couple ? S’il les aide, est-ce par bonté ou par calcul ? ? Où encore : quand un homme offre une séance complète jacuzzi/massage à Karine, est-il sincère en disant qu’il veut juste lui faire plaisir, où la prépare-t-il pour en faire sa maîtresse ? Les deux hypothèses sont aussi vraisemblables l’une que l’autre.
Un regret toutefois dans cette histoire, c’est le côté girouette des protagonistes. Dès que quelqu’un leur explique quelque chose, cela devient la vérité. Par exemple, quand un inconnu raconte à Karine que Vincent l’accompagne sur ordre des terroristes qui ont détruit New York pour la leur livrer à Sedona, elle le croit, malgré ce qu’ils ont vécu ensemble. Elle ne pense même pas aux incohérences de ce récit (il y a peut-être plus simple pour piéger une jeune aveugle que de faire sauter toutes les villes du monde). Ce problème se reproduit à plusieurs reprises dans le roman. Ça gâche un peu l’histoire.
Malgré ses défauts, ce roman se révèle passionnant, imaginatif, et procure un intérêt qui ne se relâche pas jusqu’à la dernière page et il se termine sur une fin inattendue.