Lire le roman dont est tirée La servante écarlate (ou The handmaid's tale),la série qui cartonne actuellement, était une option. Pour découvrir Margaret Atwood, j'ai préféré choisir une autre fiction de l'écrivaine canadienne, en l'occurrencela dernière en date. Mauvaise pioche, j'ai envie de dire, puisque le roman, qui partait pourtant sur de bons rails,a à mes yeux rapidement fait une sortie de route.
Stan et Charmaine ont perdu leur job à la suite d'une crise économique sans précédent. Comme des millions d'autres Américains, ils zonent sans domicile fixe en luttant quotidiennement contre la faim et l'insécurité.Lorsqu'on leur propose d'intégrer un programme très spécial pour quitter la rue, ils sautent sur l'occasion malgré d'idylliques promessesdont ils se méfient confusément. Ils n'ont pas tort car serait-on dans une dystopie si le bonheur absolu était effectivement à la clé ?
Les premières pages posent les premiers jalons d'un scénario dystopique alléchant. Le couple s'installe avec enthousiasme et soulagement dans leur mode de vie d'inspiration time-sharing, censé garantir stabilité, sécurité et prospérité : un mois en prison, puis unmois en liberté, retour à la case prison, et ainsi de suite. Pourtant, du côté du lecteur, les approfondissements tardent à venir sur le pourquoi et le comment de cette société créée de toute pièce pour résoudre les problèmes de chacun (et au bout du compte surtout de certains). En lieu et place, une abracadabrante histoire croisée d'adultères se met enplace et part rapidement dans le farfelu, en tout cas sur un ton bien éloigné de la dytospie classique et donc espérée.
En fait, ce n'est pas tant la tournure des évènements qui m'a dérangé (Pourquoi ne pas injecter en effet une dose de fantaisie dans ce type d'histoires ?) mais plutôt les raccourcis dans la psychologie des personnages, dans l'absence de justesse de leurs réactions face aux rebondissements. C'est un peu comme si tout ça ne les atteignait pas vraiment. Du coup, l'histoire m'a semblé sonner faux. Cerise sur le gâteau, les toutes dernières pages soulèvent un thème très intéressant mais, comme pour le reste, il est abordé avec maladresse et précipitation et laisse un arrière-goût d'occasion manquée.