"On peut donc se donner la mort en juin"
Je n'avais même pas 6 ans quand Jean-Louis Bory s'est donné la mort, il va donc de soi que je n'ai découvert cet homme que bien plus tard.
C'est à l'occasion d'un anniversaire du "Masque et la Plume" sur France Inter que j'ai fait la connaissance de cette voix fluette. Une voix enfantine, à l'image de ces bagarres de cour d'école avec son compère Charensol, autre voix légendaire du "Masque". Une voix qui trahissait à la fois un être entier, curieux de tout, et fragile, tellement fragile.
Je serais bien incapable de dire pourquoi, d'autant que je ne suis pas du genre "groupie", mais je suis tombé instantanément amoureux de cet homme, ce qui m'a amené à en apprendre plus sur lui. C'est ainsi que j'ai découvert un personnage passionnant, aux talents et aux facettes multiples. Tout à la fois critique de cinéma et de théâtre redoutable et redouté, romancier à la gloire aussi fulgurante (il obtient le Prix Goncourt pour son premier roman "Mon village à l'heure allemande" *) qu'éphémère, essayiste inspiré (sa biographie d'Eugène Sue ** est une merveille), scénariste, il fut aussi un homme engagé dans la cause homosexuelle dans les années 70.
Cet homme a donc mangé la vie à pleines dents, et c'est finalement celle-ci qui a fini par le manger, ses fêlures étant aussi profondes que ses passions.
Cette biographie permet de mieux cerner cet être fascinant, complétée par 2 CD des interventions du Monsieur au "Masque", véritable testament, drôle, jubilatoire mais aussi tellement émouvant... Une sorte de "Madeleine" pour tout amoureux de cinéma en somme...
* http://www.senscritique.com/livre/Mon_village_a_l_heure_allemande/369222
** http://www.senscritique.com/livre/Eugene_Sue_dandy_mais_socialiste/105853