Philippe Djian est un bon écrivain, et surtout un écrivain ambitieux. Il rêve d'être américain, parce que, il faut bien l'admettre, ce sont les écrivains américains, les Brett Easton Ellis et les Philip Roth qui écrivent le monde et son état, depuis tellement longtemps déjà. Djian n'y arrive pas tout-à-fait, et ça le rend dingue, mais cette dinguerie-là, nous, on la trouve très belle. "Ça, c'est un baiser" est un livre qui nous dévaste de fond en combles, parce qu'il parle de nous, de la douleur de mal aimer dans un monde qui est en flammes autour de nous, ce qui n'est pas rien, quand même. Ah oui, c'est aussi un polar, un thriller autant qu'une histoire d'amour(s), car Djian dit "qu'il n'y a pas de genre mineur, juste des écrivains mineurs", et là, il prouve qu'il a raison. Mieux que dans ses habituelles chroniques sexuées douloureuses et délirantes, alors qu'il reserre son histoire autour d'une enquête policière et livre le minimum vital (un méchant criminel psychopathe, un duo de flics, etc. etc.) sans jamais oublier de nous offrir le maximum : de beauté, d'humour, de souffrance, de lucidité surtout. A mon avis, voici son plus beau livre depuis longtemps. [Critique écrite en 2008]