Charles De Guise est un auteur québécois du 19ème siècle presque tombé aux oubliettes bien qu'il soit encore possible d'accéder à ses rares écrits sur internet. Parmi ces derniers, son plus illustre, "Le cap au diable, une légende canadienne" retrace l'itinéraire d'une famille d'Acadiens frappée de plein fouet par l'abandon de la colonie française aux Anglais et la diaspora brutale qui s'ensuivit dans la seconde moitié du 18ème siècle.
Aux faits historiques empruntés de son propre aveu à un autre auteur, Charles De Guise adjoint l'histoire fictive des Saint-Aubin, négociants de pêche aisés, qui vont être séparés par l'ordre d'exil britannique, à l'instar d'un grand nombre de familles de colons. Si Mme Saint-Aubin et sa petite fille Hermine sont sauvées in extremis de la misère par Jean Renousse, fidèle serviteur métis, pourront-elles échapper au naufrage du navire qui doit les éloigner de leur terre natale, devenue par trop inhospitalière ?
Moi qui ignorais tout de l'histoire acadienne j'ai aimé le dépaysement offert par cette lecture. Découvrir les paysages sauvages de l'Amérique du nord et le drame vécu par les Acadiens fut vraiment très intéressant. Le récit autour de la famille Saint-Aubin s'inscrit dans la plus pure tradition narrative de la période, entre "La petite maison dans la prairie" et "Le Robinson suisse".
Le roman a été conçu pour asseoir une légende propre à consoler les persécutés et à fédérer les rescapés autour d'une destinée qui leur soit commune, auréolée d'héroïsme et de pathos. Une lecture aussi instructive que plaisante.