Lorsque je les ai vues tout d'abord, j'ai apprécié le charme des aquarelles de Carl Larsson, la quiétude qui en émanait, l'harmonie de la maison. 

Mais, au fond de moi, cette perfection me dérangeait, quelque chose clochait : c'était un peu trop beau pour être vrai.

En creusant un peu plus avant, j'ai découvert que l'image du patriarche tranquille qu'il s'était construite, était écornée, qu'il était de fait un père tyrannique, qu'il couchait avec la bonne et avec ses modèles et que tout le monde filait doux.

Pendant que Carl fignolait ses aquarelles d'un intérieur aussi charmant et qu'il portraiturait les huit lardons qu'il avait faits à sa femme, celle-ci créait et trimait sur son métier à tisser.

Car, si Carl était un excellent aquarelliste, c'est Karin qui a créé les cartons des tapisseries et les a exécutées sur le métier.

Ce que Carl s'appliqua toujours à taire.

Si bien que la fameuse maison de Carl Larsson est bien davantage celle de Karin Bergöö.

C'est elle la véritable créatrice dans le couple, et cela, le Carl ne devait pas trop apprécier. 

Alors, il se l'est tout bonnement approprié.

D'ailleurs, August Strindberg, qui fut son ami dresse de lui un portrait tranchant. Certainement radical, mais connaissant la satisfaction que Larsson avait de sa propre personne, ce texte n'est certainement pas dénué de fondement. Quant à la vacherie, elle est délectable :

« Et c’est cet homme-là qui se faisait appeler mon ami ; selon le cas, mon seul ami ou mon meilleur ami ! En attendant, je me rendais compte combien il était malveillant ! C’est pourquoi j’ai effacé son nom de ma mémoire ! Ce fut facile à faire car, de lui, je n’ai rien appris, sauf qu’il était faux, qu’il me rendait faux, ce que je ne voulais pas être. Mais sa duplicité était aussi positive, car elle n’était pas dénuée d’une simplicité que l’on ne pouvait pas exiger de quelqu’un. Son caractère était le contraire de toutes les qualités qu’il prétendait avoir. Ainsi – et pour compléter le tableau -, se livrait-il à son plus grand rôle, de « père de famille heureux », de « patriarche », de l’homme du foyer. En outre, naturellement, se faisait-il passer pour adulé par sa femme, connue comme le loup blanc pour ( en conséquence bougrement méchante). Mais ce n’était pas du tout de ce genre de famille. »

Catherine_Carde
4
Écrit par

Créée

le 14 juil. 2024

Critique lue 7 fois

1 j'aime

Critique lue 7 fois

1

D'autres avis sur Carl Larsson - Aquarelles

Carl Larsson - Aquarelles
Catherine_Carde
4

KARIN BERGÖÖ, ÉPOUSE LARSSON

Lorsque je les ai vues tout d'abord, j'ai apprécié le charme des aquarelles de Carl Larsson, la quiétude qui en émanait, l'harmonie de la maison. Mais, au fond de moi, cette perfection me dérangeait,...

le 14 juil. 2024

1 j'aime

Du même critique

Les Grands Ducs
Catherine_Carde
9

MERCI POUR LE DESSERT

Il serait temps de rendre ses lauriers à ce film . À sa sortie, mal noté par la référence des journaux télé/ciné son /bien pensants, on l' a ostracisé. (Je me rappelle clairement la salle des profs...

le 29 oct. 2021

7 j'aime

2

Secret Affair
Catherine_Carde
10

L’AMOUR AU PIANO

Vu, revu et re-revu l’excellent " Secret (Love) Affair ".J’en suis à la quatrième fois (oui, bon, j’ai des dadas, je suis un peu obsessionnelle.) L’ histoire, en bref, Lee Sun-Jae ( le formidable Yoo...

le 27 mars 2023

6 j'aime

3

What's Wrong With Secretary Kim
Catherine_Carde
1

Deux héros, vraiment ? Non, deux zéros, plutôt.

On peut s'avancer à trouver que ce drama commence de façon plutôt sympathique, disons sur deux épisodes et sans y regarder de trop près car c'est loin d'être fracassant, mais je vais être gentille,...

le 11 août 2022

5 j'aime

3