Béatrice est auxiliaire puéricultrice dans une maternité. Au fil de ses visites dans le service, nous découvrons avec elle, derrière chacune des portes de chambre qu'elle ouvre, une femme, avec son histoire d'enfantement, ses doutes, ses douleurs, ses angoisses. On rencontre aussi les autres membres du personnel médical, pour la plupart très professionnels, trop sans doute. Une fois chaque porte refermée, Béatrice revient sur son passé, sa vie d'avant l'hôpital, celle du spectacle, de sa vie de liberté à l'époque où elle dansait nu au son du violon du père de ses enfants.
Ce premier roman qui obtenu le prix FNAC 2013 a le mérite de brasser de nombreux thèmes en rapport avec le féminin, le corps des femmes, la procréation, sans jamais tomber, bien au contraire, dans le consensus mou. Pas de discours béni oui oui, sur les beautés et les joies de l'accouchement. Ici, c'est vrai, violent, cru, sanguinolent, douloureux, jouissif parfois, pour ce qui est sans conteste un moment fort dans la vie d'une femme (d'un homme aussi bien sûr, mais pas sur le même niveau). Etre mère n'est pas évident, bien moins joli que veulent bien le montrer tous les guides des futures mamans, et surtout une épreuve semée d'embûches psychologiques. Julie Bonnie met le doigt où ça fait mal. Le regard courroucé des soignants sur les mères qui, malgré les diktats actuels, refusent l'allaitement maternel. Celles qui cèdent aux injonctions bien pensantes et qui, faute d'une réelle envie de nourriture au sein, ratent ces premiers moments avec leur bébé. Les autres qui ont peur de mal faire et que le syndrome de la mauvaise mère guette derrière chaque geste comme si la mère parfaite existait ! Et les enfants morts-nés, et les fausses couches... Mais il y a aussi, heureusement, les moments merveilleux, doux et tendres même si parfois noyés dans une réalité qui a autre chose à faire que de poupougner des bébés. Le tableau ne serait pas complet s'il n'y avait pas, en plus, un portrait cinglant du travail en maternité, du stress quotidien à côtoyer la vie, la mort, la suffisance des médecins, de la solidarité de moins en moins présente dans des équipes surmenées à qui on demande d'en faire toujours plus !
Tous ces moments dans le livre sont formidablement bien rendus et touchent le lecteur grâce à une écriture simple et précise. Par contre, j'ai été moins convaincu par le récit du passé de l'héroïne,
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