Si l’on veut comprendre l’engagement militaire français au Sahel - ou du moins essayer d’appréhender les positions politiques parfois opaques de la France face au djihadisme - “Chef de Guerre” ne nous sera pas d’un grand secours, "Secret Défense" oblige ! En revanche, si l’on veut se retrouver en immersion totale à travers le prisme des missions de reconnaissance ou de combat, “Chef de Guerre” est une référence. Pour se faire, qui de mieux qu’un homme de terrain, un ancien militaire des forces spéciales - plus précisément un commando marine - en la personne de Louis Saillans (un pseudonyme bien évidemment), pour nous parler à cœur ouvert de l’action des forces françaises. Garante de la paix et des libertés sur un territoire immense et désertique, l’opération Barkhane peut nous paraître dérisoire et disproportionnée tant les enjeux nous semblent troubles. Mais bien avant l’engagement étatique que nous connaissons - par le biais des infos, des journaux, d’Internet, avec son lot de fake - “Chef de Guerre” est le récit autobiographique d’un engagement personnel, celui d’un soldat d’élite qui durant presque une décennie a fait passer son devoir de soldat, de chef d’escadron, ses missions et ses camarades, avant sa vie de famille. Le sens du devoir chevillé au corps - même si jamais dans ses pages, nous ressentons un quelconque aveuglement idéologique - Louis Saillans nous parle de son parcours atypique qui l’a amené à fouler le sable du désert… Mais pour l’heure, le mieux serait d’apprécier cette leçon de courage, de sacrifice, de bravoure, d’amitié et surtout d’humanité en lisant cet ouvrage témoignage. Avec le recul, l’expérience et la lucidité d’un militaire chevronné, Louis Saillans nous met cependant en garde, je le cite : “Les opérations militaires permettent de remporter des batailles, mais pas la guerre, la confrontation idéologique doit prendre le relais. Et seules les idées peuvent combattre sur le champ des idées !”