Je suis modérément porté sur la littérature, voyageur occasionnel des pays extra européens, peu adepte des critiques sur Internet.
Mais ce livre fut pour moi une porte d'entrée dans un humanisme d'un autre genre, que je ne soupçonnais presque pas, une autre définition du partage, pleine d'humilité, de sincérité et de poésie.
*Regarde bien Kyoto pour moi, j'en ai l'ennui* [lui écrivait sa femme].
- Toi? Toi qui t'y sentis si souvent étrangère, exilée et perdue. Étonnante alchimie du souvenir ! la même qui transforme nos morts en ombre innoffensives et chères. Maintenant que tout ce qui te pesait ici, que la légère odeur de deuil qui flotte parmi tant d'autres est tenue à distance, tu tires du vivier de ta mémoire les images qui te plaisent et tu les enlumines patiemment en levant parfois les yeux sur les prés verts d'Europe. Et c'est ainsi que les livres s'écrivent."
Si vous avez lu cette description du voyage, vous comprendrez que Nicolas Bouvier ne cherche pas le confort, et relate des expériences brutes, sans le filtre d'Instagram. Il ne cherche ni le vrai, ni le bon, mais un monde nuancé qui n'en devient que plus beau. Son regard est empreint d'une sagesse, d'un rapport à la vie d'une maturité telle qu'il semble avoir déjà vécu 7 vies.
Si je peux vous donner un conseil, ne lisez pas ce livre avant votre premier voyage au Japon. Allez le découvrir vous-même, à nu, réfléchissez, digérez et ensuite seulement lisez ce livre. Il apparaitra peut-être pour vous comme une révélation.
Si par malheur vous ne résistez pas à l'envie de le lire avant, alors ne tentez pas de l'imiter, vous deviendrez probablement malgré vous ce touriste que décrit Bouvier, et vous serez passé à côté de sa leçon.