Après "Apolline", "Lili Goth" et les ''chroniques du Marais qui pue", Riddle nous propose une nouvelle série avec la créativité qu'on lui connait et ses originales illustrations tout en jeux de formes.
Dans un univers magique où la source même de cette magie passe par les arbres, un homme maniaque de contrôle en la personne du Grand Horloger tente de s,approprier cette source. Il peut compter sur l’appui de quelques personnages importants dans son sinistre projet de déforestation. Son but? Trouver l'arbre D'éternité, entité magique suprême et - sans doute, siphonner sa magie. Bien sur, le clan du Bien a ses défenseurs. Il s'agit de trois enfants, de trois villages différents, possédant chacun un objet fait dans le bois de l'arbre d'Éternité.
Zam Zéphyr, apprentis cuisinier de la boulangerie n.9 de Truitière ( Il y en a 12 en tout), deviens le détenteur d'une cuillère en bois et celle-ci donne vie à la nourriture. Ainsi, Zam cré une princesse en caramel filé et un golem de pain d'épices, juste à temps, car les Rats jouent les durs dans la ville et pourrait bien saboter le bal de la Grande Duchesse de Truitière.
Pheobe Citronnier quant-a elle, est violoncelliste à Parthénope. Son violoncelle est magique et elle lui fait même la conversation, partageant ensembles le contenu de leurs rêves étranges. Elle vit dans la maison du printemps avec des chats musiciens et entend les rires de ses meubles. Les choses dérapent quand un scarabée espion la surprend en pleine conversation avec son violoncelle et se retrouve traquée par les sbires du Grand Horloger.
Bathshéba Verdoyant est orpheline, vit dans la botte du géant qui écrasa son père, lui-même chasseur célèbre de géants de la ville forestière de Poutre. La jeune fille veut devenir la première à établir un dialogue avec les Géants, convaincue qu'on n'a pas à les tuer. Sur sa route, elle croise une odieuse et opportuniste Princesse-Professionnelle qui tue des géants.
Les trois enfants sont appelés à se rencontrer pour contrecarrer les plan du Grand Horloger, aidé par leurs amis et les légendaires chevaux ailés.
Le moins qu'on puisse dire est que cet univers est florissant d'éléments intriguant, que ce soit les personnages d'espèces très nombreuse, les lieux variés, les costumes élaborés, le soucis du détails dans les objets du quotidien et les noms curieux. Du Riddle tout craché! Il nous présente toujours ses personnages avec au moins un dessin pour chaque, comme à son habitude. Je me dis que cet auteur a un plaisir fou à concevoir ses personnages.
Seul hic: sauvés par leur physique varié et leur contexte différent, il n'empêche que Riddle ne pousse jamais loin la psychologie des personnages. C'est un simple constat: après tout, c'est un roman d'aventure riche en action et en rencontres, et non une histoire profonde avec des personnages nuancés.
J'apprécie la diversité ethnique des personnages humains: Pheobe et son teint pâle style scandinave , Zam, qui pourrait être soit Indien ( de L'inde, bien sur) ou arabe, et Bathshéba, qui est Noire. Un trio tout en couleur! Je salue aussi les quelques contre-stéréotypes croisés dans l'histoire.
Il y a un thème plus ou moins camouflé dans ce roman: L'environnement. Le but est de stopper la déforestation autour de l'arbre magique, mais en y pensant, en plaçant l'arbre au centre de la magie, on envoie le message que son rôle est essentiel à l'équilibre du monde - ce qu'il est déjà, magie ou non. En outre, on observe des êtres très liés à la forêt: les géants, les lutins, divers animaux réels, les faunes, etc. Donc, ce roman c'est le combat de la technologie ( Horlogerie) et de la pensée cartésienne contre la Nature et la pensée folklorique. Contrôle contre Anarchie ( dans le sens de "pouvoir non reconnu"). J'aime bien!
Néanmoins, un peu dans la même veine que ce que je mentionnais sur la psychologie carencée du roman, il manque quelque chose "d'humain". C'est très plat sur les émotions, on se concentre beaucoup plus sur les actions, donc les personnages sont intéressants, mais pas attachants. Leur quête est noble, mais ça ne prend pas aux tripes. C'est la composante du "ressenti" qui fait défaut ici. Mais pour ceux qui aiment justement les récits tout en action et en imaginaire déjanté, c'est idéal.
L'objet en tant que livre est aussi très joli, ponctué fréquemment de belles images et de cartes qu'on ne se lasse pas de regarder.
Ce roman est destiné au public jeunesse du second cycle primaire et, vu sa longueur- Ce premier tome est plus volumineux que les précédentes séries, avec ses 300 pages - aux habitués de la lecture.